Oustaz Taib Soce, animateur religieux à la Rfm «Je savais que jusqu’à l’extinction du soleil, on ne pourra m’inculper de quoi que ce soit»

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Sourire triomphal, l’animateur religieux Taïb Socé déboule à la rédaction de L’Observateur tout joyeux. Le célèbre prêcheur religieux est léger comme le vent. La raison : il vient de se débarrasser d’un lourd boulet. Accusé d’escroquerie et d’association de malfaiteurs, Ouztaz Taïb Socé a été relaxé, hier mardi, par le tribunal. Il revient dans cette interview sur les épreuves que l’affaire judiciaire a charriées dans sa vie.

Vous venez d’être relaxé de toutes les accusations d’escroquerie et d’association de malfaiteurs portées contre vous. Comment appréciez-vous la décision du tribunal ?
Je rends grâce à Dieu, je prie sur le Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui), je rends hommage à mes parents et la justice de mon pays pour son sens de l’équité. J’ai la malchance d’être un personnage public, connu pour ses prêches sur la religion musulmane. Il nous arrive, dans le travail de prêche que nous faisons, de faire des recommandations, d’inciter les gens à faire du bien et d’éviter de tomber dans l’erreur. Malgré tout, nous sommes des êtres humains, donc créatures imparfaites. Mais, il ne m’a jamais traversé l’esprit de faire du mal dans le but de nuire à mes prochains. D’autant que ces gens avec qui j’ai eu maille à partir avec la justice avaient un projet de télévision et de radio islamique. Je travaille avec cet homme (Cheikh Tidiane Diakhaté) depuis plus de douze ans et avant cela, je m’accompagnais avec son grand frère décédé pendant plus de quinze ans. Donc ces gens sont à mesure de savoir de quoi je suis capable. Si ça ne dépendait que de nous deux, il n’allait jamais y avoir de plainte entre nous. Mais, il a été influencé par un de ses proches qui lui a fait savoir que c’était moi le cerveau de l’affaire.

Comment avez-vous vécu personnellement cette affaire qui a longtemps défrayé la chronique ?
Je n’ai jamais été habité par la peur ou le sentiment d’avoir commis une faute. J’étais apaisé et je me disais que jusqu’à l’extinction du soleil, personne ne pourra m’inculper de quoi que ce soit. Je n’ai reçu aucun argent de manière illégale. La somme qui est passée entre mes mains, je l’ai dit au tribunal, est de 35 millions de FCfa. J’ai reçu, à 17 heures, d’un commerçant, une tranche de 25 millions de FCfa et d’un autre commerçant une autre de 10 millions de FCfa et avant 18 heures, j’ai remis l’intégralité de l’argent à celui dont l’argent était destiné. Le tout, en présence de témoin.

L’affaire a été fortement médiatisée. Est-ce que vous n’avez pas souffert de tout ce tapage médiatique fait autour de cette affaire ?
Il y a une femme qui m’a interpellé une fois pour me demander comment je vivais tout ce qu’on racontait sur moi. Je lui ai répondu que si tout ce qu’on racontait sur moi était vrai, cela m’aurait fait mal. Mais je savais en mon âme et conscience que je n’ai rien fait. Je savais qu’un jour ou l’autre, la vérité finirait par triompher. C’est comme si, dans ce dossier, j’étais le personnage principal, qu’on avait fini par oublier Cheikh Tidiane Diakhaté et Moussa Touré qui sont en fuite (condamnés par le tribunal d’une peine de 5 ans, dont 3 ans ferme, Ndlr).

Cette affaire vous a-t-elle permis de distinguer vos amis et vos ennemis ?
L’on dit souvent que c’est dans la difficulté qu’on reconnaît ses véritables amis. Alors, dans cette épreuve, j’ai senti tout le soutien que mes amis m’ont témoigné. Tous les Sénégalais se sont intéressés à mon cas, j’ai pu rencontrer des personnalités politiques, religieuses et je ne suis pas sûr que, si ce n’était pas l’affaire, j’allais les rencontrer. Certains sont venus me rendre visite à la prison, d’autres sont venus chez moi s’enquérir de ma situation…

«Le moment qui m’a le plus fait mal, c’est quand la Dic m’a placé sous mandat de dépôt»

Est-ce que le regard que certains Sénégalais avaient sur vous n’a pas changé depuis l’éclatement de l’affaire ?
Je n’ai pas remarqué cela. En tout cas, je ne l’ai pas constaté dans les milieux que je fréquente. Parce que les gens me connaissent. Je ne suis pas un tricheur, les gens savent ce dont je suis capable de faire ou pas.

Comment vos proches ont vécu le tapage médiatique fait autour de cette affaire ?
Ils l’ont vécu difficilement, mais je les ai éduqués à supporter tout ce que les gens disent sur moi, surtout en mal. Au début de l’affaire, j’en ai discuté avec l’ensemble de ma famille et je leur ai demandé de garder la foi quoi qu’il arrive, car ils me connaissent mieux que quiconque. Quand les gens parlaient d’escroquerie d’une valeur de 146 millions de FCfa, alors que j’ai dû mal à rétablir ma fourniture de l’électricité pour défaut de paiement, que je n’arrive pas à faire face à mes frais de location, il y a problème. Donc, mes enfants et mes épouses sont à même de savoir si réellement je suis mouillé dans une histoire de millions ou pas, car ils ont vécu tout ça. Ma mère ne cessait de me dire qu’on ne peut pas interdire aux gens de porter des accusations, mais que toujours, il faut garder la foi en toute circonstance. Surtout ne pas se laisser démonter. Car, Dieu est seul juge.

Quel moment vous a le plus marqué dans l’épreuve difficile que vous avez traversée ?
Le moment qui m’a le plus marqué, c’est quand j’ai été entendu par la Division des investigations criminelles (Dic). Ce jour-là, ils m’ont demandé de donner des éclairages sur les 35 millions de FCfa. Je leur ai dit que j’ai remis l’argent en présence d’un témoin, Mame Mor Diakhaté. Ils m’ont demandé d’aller le chercher, ensuite ils me remettent une convocation pour le mercredi. Comme je commençais à apporter des preuves, ils me placent sous mandat de dépôt le mardi. C’est ce qui m’a fait le plus mal.
Si c’était à refaire, alliez-vous refaire la même chose ?
Cela n’a jamais été mon travail de faire des facilitations pour des gens qui cherchent de l’or. La prochaine fois, je laisserai les gens s’occuper de ce qu’ils savent faire et me contenter de faire ce que je sais faire.

«Je n’ai jamais souffert du manque de confiance de Futurs médias»

En tant que religieux versé dans les sciences islamiques, quel enseignement tirez-vous de la décision de relaxe qui est tombée un mois de ramadan ?
Je demande à Dieu de me laver de tous mes péchés, comme il l’a fait pour cette affaire-ci. Cette affaire a longtemps défrayé la chronique. Si aujourd’hui la décision tombe un mois de ramadan, je ne peux que m’en réjouir et rendre grâce à Dieu.

Avez-vous souffert durant cette période difficile du manque de confiance de vos employeurs : le Groupe Futurs médias ou la 2Stv ?
Que ce soit le Groupe Futurs médias ou la 2Stv, je n’ai senti, en aucun moment, un manque de confiance venant de responsables de ces deux entités. Plutôt, les responsables des deux organes de presse m’ont soutenu dans ces moments d’épreuves que j’ai traversés. Pourtant, ils pouvaient se dire que je pouvais entacher la réputation de leurs entreprises, mais ils m’ont manifesté une solidarité et un soutien à tout instant qui m’ont surpris. Les responsables du groupe Futurs Médias et ceux de la 2Stv m’ont honoré de leur confiance et jamais je ne cesserai de les remercier pour ça. Quand j’ai été emprisonné, il arrivait que des responsables du Groupe Futurs médias s’occupent de toutes mes dépenses familiales. Ils ne m’ont jamais lâché dans les moments les plus difficiles de ma vie. Je prie pour eux et leur dis merci pour tout.

MOR TALLA GAYE
SOURCE LOBSERVATEUR

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