Samedi, au Journal télévisé de 20h sur la télévision nationale, j’ai suivi, fier, son Excellence le Président Macky Sall recevant des membres du « peuple des arts et de la culture ». Plus grande a été ma satisfaction d’entendre le Président se décider, enfin, à finaliser la mise en place de la Société de Gestion Collective (SODAV) en promettant de signer la demande d’agrément, dernier acte de ce dossier capital.
J’ai cependant été intrigué de constater que, bien que présent, le Ministre de la Culture et de la Communication n’a, à aucun moment, pris la parole. A moins que cette partie de l’audience n’ait pas été montrée par la télévision nationale. A la place, j’ai vu l’Administrateur du Monument de la Renaissance Africaine, par ailleurs cadre connu de « Fekke Ma ci boole » lire ce qui semblait être un mémorandum ou un « cahier de doléances ».
J’ai appris le lendemain, dimanche, que ce déjeuner avec le Président a été sur initiative du Ministre Conseiller Youssou Ndour.
En ma qualité de membre de ce « peuple des arts et de la culture », tout ce qui touche à ce secteur m’interpelle au plus haut point.
Nous sommes dans une République dans laquelle les citoyens, chacun dans son secteur d’activités, a une tutelle. La nôtre, c’est le Ministère de la Culture et de la Communication. Ce Cabinet, après près de deux ans d’activités sous le magistère de Monsieur Mbagnick Ndiaye, connait, sur le bout des doigts, TOUTES les questions et les propositions de solutions que les acteurs eux-mêmes portent.
La logique aurait donc voulu que, même si c’est un Ministre Conseiller qui, par le respect que ses pairs lui vouent, peut les rassembler sur un claquement de doigt, cette logique, disais-je, aurait voulu que la tutelle soit associée du début à la fin de cette idée. Autrement, tout agenda caché devient suspect. Au vu de l’élément, la tutelle ne semble pas avoir été associée.
Les artistes qui ont été à ce rendez-vous important, sont, pour la grande majorité que je connais et fréquente régulièrement, d’une très grande probité morale et, je suis certain, que, dès ce lundi, ils partageront le contenu de ce déjeuner avec leurs frères et sœurs de disciplines pour, qu’ensemble, sous la conduite de notre ministre de tutelle et avec la possible facilitation du Ministre conseiller, porter la faisabilité de tous ces chantiers pour lesquels nous nous battons avec conviction citoyenne et responsabilité depuis tant d’années.
Cette situation permet aussi de reposer l’urgence d’une organisation faîtière, rassemblant tous les acteurs du secteur de la culture pour qu’ensemble, ne serait-ce que sur les questions politiques en rapport avec le secteur, ils puissent parler d’une seule voix, comme cela se fait ailleurs.
Oui, c’est un secteur où la compétition est sans pitié et les divergences réelles. Mais aucune initiative n’a encore été tentée dans ce sens. La seule fois où toute la communauté a été appelée pour une cause commune (la mise en place de la SODAV), ce sont près de mille artistes, producteurs et diffuseurs qui ont répondu présents. Il y eu certes des voix discordantes qui ont démocratiquement manifesté leurs désaccords, sans que cela n’entrave cependant le processus. Cela veut dire que c’est possible. Qu’on ne me dise pas « les artistes ne sont pas organisés ».
Le Président, au cours de ce rendez-vous, aurait instruit pour qu’on lui dépose, par la voie républicaine, la demande d’agrément de la SODAV à signer en procédure d’urgence. Vivement cet acte final.
Oumar Sall
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