Procès Habré – La défense secoue le témoin-clé, Un de ses neveux prend 5 mois ferme

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Les avocats commis d’office pour assurer la défense de Habré, tiennent bien leur rôle. Par des questions subtiles et astucieuses, ils ont essayé hier de mettre à nu les témoignages du directeur de la commission d’enquête. «Est-ce que vous avez pu identifier les personnes dont les restes se trouvent dans les charniers ?», a demandé Me Mbaye Sène à Mahmet Assane Abakar.

Ce dernier a répondu par la négative, alléguant un manque de moyens. Cette réponse est loin de satisfaire Me Sène. «Comment êtes-vous alors arrivé à conclure que ce sont des détenus politiques», a-t-il demandé. En guise de réponse, le témoin rétorque : «Ils ont été conduits sur les lieux lors de l’enquête par un rescapé des prisonniers de guerre.» Il ajoute : «Il avait été blessé. Et comme il avait le sang sur tout le corps, il a fait le mort. Après le départ des agents de la Dds, il s’est sauvé avant de faire quelques années plus tard son témoignage.»

L’avocat de la défense, qui est resté sur sa faim, est revenu à la charge en demandant au témoin s’il connaissait l’organisation de la Présidence du Tchad. «Ce n’est pas ce qui m’a intéressé. C’est l’organe qui a oppressé le Peuple tchadien, c’est-à-dire la Dds, qui me préoccupait. Et je me suis concentré seulement sur les services de la répression», a répliqué Mahmet Assane Abakar. A en croire cet ancien magistrat devenu avocat, «la Dds était directement rattachée à Habré qui nommait les chefs et les directeurs de service. «Ces deniers, poursuit-il, recevaient les ordres de Habré. Même le ministre de l’Intérieur n’a pas un droit d’ingérence.» Il explique que Djime Togo, l’ancien ministre de l’Intérieur et de la défense de Habré, a vu ses parents être arrêtés et disparaître sans être en mesure de savoir le sort qui leur avait été réservé.
A la question de l’avocat de savoir s’il avait des preuves de ses allégations, le témoin a répondu par l’affirmative en insistant sur le cas de M. Togo. Il a aussi confirmé que c’est Habré qui a transformé la Dds en une machine de répression, alors qu’elle était destinée à assurer la sécurité du pays. Mais Me Sène, qui n’est toujours pas satisfait des réponses de M. Abakar, a cité le décret de création qui dit : «L’administration de la structure est mise sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et de la sécurité.»
Pour prouver l’innocence de son client, Me Mbaye Sène a aussi rappelé les propos de Saleh Younouss, l’ancien directeur de la Dds, qui avait déclaré que le chef de l’Etat à sa connaissance n’était jamais venu à la Dds et n’avait jamais assisté à l’interrogatoire. Il n’avait jamais aussi demandé qu’un détenu lui soit présenté. Mais selon le témoin, cette déclaration contredit d’autres témoignages de Saleh Younouss. Il cite les propos de l’ex-patron de la Dds : «Je ne peux procéder à la libération d’un individu que si le cas est mineur. Et surtout avant que la fiche ne soit adressée au Président. Car seul lui peut accorder la liberté.» Le président de la commission d’enquête précise : «Habré n’avait pas besoin de se déplacer pour que ses ordres soient exécutés.»

La Chambre n’a pas tremblé cette fois. Elle a condamné à 5 mois le neveu du Président Habré, Mahamat Togoi, pour trouble à l’audience. Cet étudiant a traité de menteur et de traître Me Hassan Abakar, qui livrait à la Cour le rapport de la Commission nationale d’enquête sur les crimes commis entre 1982 et 1990. 

Mahmat Togoi, neveu de Hissein Habré, a affronté hier, la Cour. Cet étudiant, qui faisait partie du groupe des 14 personnes arrêtées pour trouble à l’audience puis libérées par le juge Kam la semaine dernière, a récidivé. Il a été condamné hier à 5 mois d’emprisonnement pour trouble à l’audience. Alors que Mahmat Hassan Abakar répondait aux questions de la défense qui lui demandait d’apporter la preuve de l’implication de Habré dans les exécutions sommaires, le jeune homme de 21 ans, visiblement pas satisfait des réponses du témoin, a crié : «C’est le moment d’affirmer. Amenez vos preuves. On s’en fout de ce que vous croyez. Amenez vos preuves. Vous êtes en train de trahir le Tchad et son histoire.» Le Président ordonne à ce qu’il soit évacué de la salle. Mahmat Togoi gesticule et continue de vociférer : «Menteur. Vous êtes un traître.»

C’était la phrase de trop. Le président revient sur sa décision sur demande de ses assesseurs et du Parquet général. Il intime l’ordre aux gendarmes de le ramener devant la barre pour qu’il réponde de ses actes. «La Chambre a constaté durant cette audience que vous avez élevé la voix et troublé l’audience. Est-ce que vous pouvez nous en dire les raisons», demande le juge Kam. La réponse du témoin ne s’est pas fait attendre : «Ce monsieur est en train de mentir. Cela fait 20 ans que nous entendons ce monsieur. L’histoire du Tchad est en train d’être trahie», martèle-t-il. Téméraire.

«Ce monsieur est un menteur, un traître»
«Mais, est-ce que c’est à vous de le juger ?», interroge ensuite le magistrat. «Si j’étais à votre place, je le ferais», rétorque M. Togoi. «Vous l’avez traité de menteur», souligne en outre le président Gustave Kam. «Malheureusement, c’est ce qu’il est», insiste l’étudiant avec un sang-froid étonnant. Le juge Kam n’avait plus le choix : il lui signifie le délit de trouble à l’audience pour lequel il comparaît. Mais, l’étudiant estime qu’il n’a pas troublé l’audience. Surpris, par une telle réponse, le président décide de suspendre l’audience pour statuer sur son cas avec ses assesseurs.
Quelques minutes après, le président confirme le délit de trouble à l’audience et lui demande s’il veut s’attacher les services d’un avocat pour sa défense. Mais Togoi, toujours sur la défensive, aggrave son cas. «Vu la constitution de cette Chambre ce n’est pas un avocat qui va me sauver puisque mon sort est scellé», tonne-t-il. Le président Kam le rassure : «Nous n’allons pas vous tuer mais nous allons suivre la procédure.»

«Je ne répondrai pas à Mbacké Fall»
Le Parquet général a voulu savoir si l’inculpé a des liens de parenté avec Hissein Habré. Togoi sort de ses gonds et rétorque : «Je ne réponds pas à ce monsieur.» Mbacké Fall s’en tient à cette réponse et commence son réquisitoire. Il estime que le délit de trouble à l’audience est établi et que le jeune étudiant ne mérite pas de bénéficier de circonstances atténuantes parce qu’il ne respecte pas la Chambre. Mieux, rappelle-t-il, Mahmat Togoi faisait partie du groupe de jeunes expulsés de la salle la semaine dernière. Il a requis à son encontre 2 ans de prison ferme.
Me Alioune Cissé, qui a assuré la défense de l’inculpé, a plaidé la clémence en sollicitant une application bienveillante de la loi. En rendant sa décision, la Chambre a déclaré l’étudiant coupable et l’a condamné à 5 mois de prison ferme. Mais, Mahmat semble ne rien regretter de ses actes après la sentence. Sous l’escorte des gardes qui le conduisaient au box, il a tenu ces propos : «C’est la preuve de votre rémunération. On vous paie pour ça. Le Tchad restera libre.»

Les Sénégalais Demba Gaye et Abdou Rahmane Gaye s’invitent à la Cour
Les noms des Sénégalais Demba Gaye, mort en prison à Ndjamena durant le règne de Habré, et Abdou Rahmane Gaye ont résonné à l’audience d’hier. Me Assane Dioma Ndiaye, interrogeant le témoin Mahmat Hassan Abakar qui a présenté le rapport de la Commission d’enquête nationale sur les crimes commis entre 1982 et 1990, a voulu savoir pourquoi des Sénégalais et des étrangers s’étaient retrouvés à l’époque à la Direction de la documentation et de la sécurité (Dds). Pour lui, c’était important car les familles sont présentes dans la salle et voudraient comprendre ce qui s’est passé au Tchad durant cette période. La réponse de Me Abakar est simple : «Pendant cette période répression, il n’y avait pas de différence de traitement entre les nationaux en détention et les étrangers détenus dans les geôles. Malheureusement, Demba Gaye a subi le même sort que des milliers de Tchadiens. Quant à Abdou Rahmane Gaye, il a eu plus de chance parce qu’il était sorti vivant de prison.»

2 Commentaires

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  2. Une question omise par la défense: comment quelqu’un qui dit avoir fait le mort pour sauver sa vie a t il pu échapper à l’enterrement comme tous les autres morts du charnier qu’il révèle ?

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