xalimasn.com-Le projet de loi constitutionnelle a été emporté par un feu de brousse qui, comme on le sait, se déclare toujours de manière impromptue et peut brûler tout un village sahélien. En une semaine, Wade comme un feu d’harmattan a ravagé tout son trèsor. Il a dû, devant les forces politiques, les organisations de la société civile et surtout les jeunes motivés par le mouvement « Y’en a marre », battre en retraite et retirer le fameux projet qui, disait-il à ses jeunes libéraux sous le charme, « a assommé l’opposition ». Le groggy, finalement, c’est bien sûr lui.
Wade a bien entendu passé une mauvaise nuit hier soir. Le coup qu’il a reçu l’a surpris et assommé. Mais il va devoir payer une note très salée avec sa déconvenue. L’humiliante défaite de la Place Soweto ne sera pas certainement la seule ligne de la note. Il le sait maintenant que sa candidature pour 2012 qu’il espérait imposer grâce à la bienveillance du Conseil constitutionnel est, de facto, totalement compromise. Wade est fini. Et il n’a aucune maîtrise sur le temps qui lui reste d’ici que son successeur s’installe au palais de la République. Aussi va-t-il devoir s’attendre à voir d’autres lignes s’ajouter sur la note à payer.
Désormais, il devra rendre des comptes quand il quittera le pouvoir surtout si c’est un candidat de Bennoo qui gagne la présidentielle. Et c’est ce qui est le plus probable. Toute sa gestion sera épluchée et si nécessaire, quelques profondes les archives sont enterrées, elles seront mises à jour. Et ça va saigner.
De tout cela, on est bien loin pour le moment. Pour l’heure, ce qui importe c’est de lister les sanctions qui devront nécessairement s’abattre sur certains hommes. Ainsi décrédibilisé par le retrait du projet de loi constitutionnelle, le gouvernement doit démissionner. Ou alors, l’Assemblée nationale doit être dissoute. L’aveuglement des députés sur ce projet prouve à suffisance qu’ils ne sont plus représentifs des populations. Enfin, il faudra bien que le prochain scrutin se fasse en tenant compte de toutes les revendications de l’opposition.
Ainsi donc, Wade va devoir faire payer à son gouvernement son propre échec. C’est une nécessité pour donner une réponse qui satisfassent ceux qui ont gagné le bras de fer de la Place Soweto. Le fameux gouvernement réduit à une vingtaine de membres que Wade promettait va devoir voir le jour et rapidement. Et dans ce gouvernement, deux ministères régaliens devraient aller à des personnalités neutres : la Justice et l’Intérieur. L’opposition le réclame, il faudra la satisfaire sur ce point précis d’autant plus qu’ils ne croient pas à la neutralité de ceux-ci sur la matière électorale.
D’autre part, le président Wade va devoir annoncer et toujours aussi vite qu’il ne sera pas candidat pour 2012. Déjà contestée sur sa validité par l’opposition et tous les constitutitonnalistes du pays, cette candidature n’est plus à l’ordre du jour.
La dernière ligne de la note de frais que Wade devra régler, c’est de faire arrêter le commandiatire de l’agression contre Alioune Tine, le leader de la Raddho. La victime a reconnu les commandatires. Tout le monde connaît l’un des deux et ce n’est pas la première fois qu’il mobilise des nervis pour s’attaquer à tous qui ne sont de son bord. Il est temps qu’on l’arrête.
Abdoulaye Bamba Diallo
