Guitariste, auteur, compositeur, Rémi Jegaan Joox est un musicien très connu dans le milieu sérère et dans les églises à travers son répertoire de chants sacrés et profanes. Lors de son face à face du samedi dernier, sur la sortie de son Cd « Rémi Jégaan Joox chante Léopold Sédar Senghor », le musicien a revisité, chanté et, joué la culture sérère en ré-mi, avant de déclamer que même « sa guitare parle le sérère ».
En écoutant Rémi Jegaan Jox caresser et gratter sa guitare qu’il a fini par imprimer sur le chant sérère profane et religieux, le commentaire spontané que le mélomane se fait est de dire « ça c’est du Rémi ». C’est ce que l’artiste lui-même confirme en disant : « ma guitare parle le sérère, car il suffit d’entendre le son pour savoir que c’est une mélodie sérère ».
C’était lors de son face à face avec la presse nationale pour présenter son dernier opus disponible en Cd et en cassette et intitulé « Rémi Jegaan Joox chante Léopold Sédar Senghor ». Composé de dix titres (Léo Yaa Ñilaan, Léo Sedar Senghor, Ndeem muccaam,Koon kaa mi,Mansour Kama, I mbux ndigil,Yaa Teeden,Feejoor, Ani James Gomez, Fumu, Fat i ndefo leng), joués dans un style Folk sérére, est produit par le label JF Services (Jean Faye Services) qui lui a, aussi, dédié un site www.remijegaan.com.
Cet album est un vibrant hommage au fils de Njilane Bakhoum et de Diogaye Basile Senghor, Léopold Sédar Senghor, chantre de la civilisation de l’Universel et fervent défenseur de l’enracinement et de l’ouverture. Les dix chansons sont jouées dans une mélodie et mélopée qui s’incruste dans la pure cosmogonie sérère, à la fois mystique, magique et religieuse.
« Cet album était prêt depuis 96 »
Interpellé sur tout le temps qu’il est resté depuis la mort de Senghor survenu un 20 décembre de l’an deux mille un, Rémi Jégaan affirme qu’il a composé cet album depuis la célébration des quatre vingt dix ans du président –poète Léopold Sédar Senghor, mais n’a pu le présenter au grand du fait de ses nombreuses tournées en dehors du Sénégal et d’une maladie qui l’avait cloué au lit.
Demandez à Rémi où il tire ses inspirations, il vous dira qu’il puise ses compositions du patrimoine inestimable de la Culture « Seereer ». Avant d’ajouter que « mes œuvres profanes et religieuses, écrites en seereer, wolof, français, s’inscrivent dans la dominante « Njuup », musique parente du Mbalax sénégalais. Ma musique est aussi soutenue par d’autres rythmes : il s’agit du « Gaajo », du « Kufre », du « Njoosoos », du « Saac », une musique de lutte bien connue des arènes sénégalaises.
L’enseignant et le musicien
Si beaucoup de personnes, à un moment de la vie ont dû faire un choix entre deux vocations, Rémi Jegaan Joox a su concilier merveilleusement sa carrière d’éducateur (il est un enseignant de profession, ancien directeur de l’école Notre Dame du Cap Vert de Pikine d’où il a pris sa retraite depuis 2004) et de musicien.
Et Tonton Rémi, comme on l’appelle, trouvera les mots pour concilier deux vocations à priori antinomique mais à la pratique complémentaire, la musique et l’éducation, en affirmant que « ce sont deux choses d’une même réalité pour laisser entendre qu’à travers l’école, j’enseignais à travers la parole et à travers ma musique j’enseigne par la chanson ». Peu ou prou connu du grand public, le musicien Rémi Jegaan Joox est très célèbre dans le cosmos sérère et dans l’église catholique à travers son répertoire riche de 364 œuvres qu’il déclame durant ses nombreuses tournées ici et ailleurs ( France ,Espagne, Angleterre, Italie, Gambie et Usa).
Rémi Jégaan Joox, à l’instar des musiciens sénégalais de la diaspora comme Diogal Sakho ou Waziz Diop, sont très célèbres à l’extérieur et moins bien connus dans leur propre pays. Rémi Jegaan Joox mérite d’être plus et mieux connu et reconnu, non seulement pour son énorme talent, mais aussi pour sa contribution à l’enrichissement du patrimoine culturel du Sénégal.
