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[Reportage] Etablissements scolaires : Comment est géré l’argent des frais d’inscription ?

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Même si l’école publique est gratuite, il est demandé aux élèves et aux parents de débourser de l’argent pour les frais d’inscription. Cette somme sert souvent à assurer les dépenses de fonctionnement des établissements scolaires.

Parent d’élève à l’école primaire de Hann-Yarakh, Pape Alioune Diallo a reçu tout juste après la rentrée une fiche détaillée des dépenses pour l’année scolaire. La fiche dont nous avons eu copie explique la participation des parents pour le fonctionnement de l’école. On y trouve des dépenses liées à l’entretien des toilettes, la réparation des tables-bancs, l’entretien de la plomberie, de l’électricité, entre autres. Des charges supportées par le Comité de gestion (Cg) de l’école qui a décidé ainsi de faire participer les parents d’élèves à raison de 5.000 FCfa pour les élèves du Cours d’initiation (Ci) et du Cours moyen 2ème année (Cm2) et 3.500 FCfa par les élèves des autres classes. « Il y a beaucoup de dépenses pour ces deux classes », justifie Mamadou Diop, président du Comité de gestion de l’école primaire El hadji Mamadou Mbathie de Hann-Yarakh.

Ces cotisations ou frais d’inscription, « même s’ils sont justifiés », selon Pape Alioune Diallo, passent un peu mal pour lui. « Je viens d’acheter difficilement les fournitures de mes élèves, confie-t-il. Si on y ajoute encore des frais, cela va devenir difficile pour certains parents ».

Théoriquement, les inscriptions à l’école au Sénégal sont gratuites, surtout au niveau de l’élémentaire, comme le dit la Directrice de l’enseignement élémentaire au ministère de l’Education nationale, Khady Diop Mbodj. « Il y a bel et bien une gratuité des frais d’inscription qui ne doivent pas constituer un obstacle pour la venue des élèves à l’école. Au primaire, on ne demande rien à l’élève », déclare-t-elle.

Alors, sur quoi repose les frais demandés au parent Pape Alioune Diallo ? « Ce sont des frais demandés aux parents par les écoles », répondent les personnes concernées (directeur d’école, président de Comité de gestion et président de l’Association des parents d’élèves). « Avant le début de chaque année scolaire, un projet de budget est confectionné par le Cg pour assurer le fonctionnement de l’école. Vu que le budget alloué par l’Etat tarde souvent à venir et est même insuffisant, de même que la subvention attendue de la mairie, nous sommes obligés de retourner vers les parents pour combler l’argent nécessaire au fonctionnement de l’école », précise le directeur de l’école primaire El hadji Mamadou Mbathie de Hann-Yarakh.

Mais attention, ces frais demandés ne doivent pas constituer un obstacle pour la venue des élèves à l’école, admet la Directrice de l’enseignement élémentaire. Très conscient que l’argent demandé va revenir aux élèves et au fonctionnement de l’école, le parent Pape Alioune Diallo se dit disposer à cotiser quand la situation va le permettre.

Reportage de Oumar NDIAYE

COLLÈGES ET LYCÉES : LES FRAIS D’INSCRIPTION FIXÉS PAR DÉCRET
Ecole cour 2Au niveau du moyen secondaire, la situation est tout autre. Les frais d’inscription sont obligatoires pour la venue de l’élève à l’établissement, car fixés par un décret présidentiel. « Les frais d’inscription sont fixés par un décret à hauteur de 10.000 FCfa au maximum par élève. Le décret dit bien que ces frais d’inscription doivent couvrir l’achat d’uniformes et de blouses », informe la proviseure du lycée d’application Seydou Nourou Tall, Madeleine Annie Coly.

Mais aujourd’hui, cette somme ne peut pas couvrir l’achat de l’uniforme et de la blouse « qui est de bonne qualité et avec une doublure », selon ses mots. C’est ainsi que ce lycée, de commun accord avec l’Association des parents d’élèves (Ape), a trouvé une solution en déléguant l’achat de blouses et d’uniformes aux parents. Ce qui n’a pas été si facile, comme elle le révèle. « En voyant la qualité des uniformes et blouses avec la doublure, souligne la proviseure Madeleine Annie Coly, le bureau de l’Ape s’est dit que 10.000 FCfa seulement ne suffisaient pas. Les parents ont ainsi décidé de prendre les choses en main. A l’époque, cela avait créé une polémique avec les parents ». Alors, avec l’achat des uniformes et blouses dorénavant géré par les parents, où va l’argent collecté au titre des frais d’inscription ? « A la gestion de l’école », rétorque-t-elle. « Aujourd’hui, la gestion est séparée. Les frais d’inscription sont engrangés par l’intendant de l’école pour l’administration, et l’achat d’uniformes est géré directement par le bureau de l’Ape. Il y a des lignes fixes pour l’argent généré par les frais d’inscription avec ce qui va à l’Inspection médicale des écoles (Ime) qui gère la santé des élèves de la région, les activités sportives financées à hauteur de 100 et 200 FCfa par élève. Les autres frais entrent dans la gestion de l’école ».

Pour plus de traçabilité des fonds et une bonne reddition des comptes, l’argent est géré par un Conseil de gestion (Cg) du lycée comprenant la proviseure, le censeur, des représentants des parents ainsi que ceux des autres acteurs de l’établissement (corps professoral, surveillants et élèves).

Au lycée d’application Seydou Nourou Tall, avec la lourdeur des charges de réhabilitation-rénovation, ainsi que les travaux de plomberie, électricité et autres, les frais d’inscription à eux seuls ne suffissent pas. En plus, il y a la diminution progressive du budget alloué par l’Etat aux établissements scolaires. Pour faire face, la proviseure essaie d’explorer d’autres sources de financement. Peut-être une solution de rechange ou de plus…

ECOLE EL HADJI MAMADOU MBATHIE DE HANN-YARAKH : LES PARENTES D’ÉLÈVES SENSIBILISÉS SUR LES COTISATIONS
Ecole Doudou MbathieA l’école primaire El hadji Mamadou Mbathie de Hann-Yarakh, l’argent généré par les frais d’inscription sert à faire des achats et à assurer la réhabilitation et la rénovation avant la rentrée et même durant l’année scolaire. Argent qui n’est pas souvent suffisant pour couvrir toutes les dépenses. Mamadou Diop, président du Comité de gestion de cette école primaire, n’a récolté que 410.000 FCfa l’année scolaire passée au titre des frais d’inscription ou cotisations. « L’école compte 800 élèves, ajoute-t-il. Imaginez si chaque élève cotisait, nous aurions assez d’argent pour couvrir toutes les dépenses. Mais nous n’avons eu que 410.000 FCfa. Même pas les cotisations de 50% des élèves ! » Ainsi, avec l’Association des parents d’élèves qui est membre du Cg, Mamadou Diop continue la sensibilisation pour avoir le maximum d’élèves qui cotisent.

CONSEIL ET COMITE DE GESTION DES ECOLES : LA COMMUNAUTÉ ÉDUCATIVE IMPLIQUÉE DANS LA SCOLARITÉ DES ÉLÈVES
Mis en place par décret présidentiel 2002-652 du 2 juillet 2002, les Conseils et Comité de gestion, comme leurs noms l’indiquent, sont les nouveaux organes qui gèrent les écoles. Au vu de leur composition, l’Etat a voulu associer tous les acteurs de la communauté éducative pour une gestion participative et inclusive. « Le développement du secteur de l’éducation repose sur une planification de type décentralisé. Celle-ci passe par la conception, la réalisation et l’évaluation de plans régionaux, départementaux et locaux de développement de l’éducation, ainsi que de projets d’école et d’établissement, dans le cadre d’un partenariat regroupant les collectivités locales, les autorités administratives et scolaires déconcentrées, les partenaires au développement et la société civile. Dans le passé, du fait de l’absence d’un cadre institutionnel de pilotage, les initiatives éparses prises çà et là pour la mise en œuvre des politiques d’éducation et de formation ont toujours souffert de certaines lacunes. La multiplicité des centres de décision, en particulier, sans véritable coordination, avait entraîné un manque de cohérence », lit-on dans le rapport de présentation du décret.

Ainsi, des Conseils et des Comités de gestion ont été mis en place sur le plan national, régional, départemental, et communal dans les écoles pour épouser les contours de la décentralisation et de la déconcentration. Au niveau des collèges et lycées, ce sont les Conseils de gestion, et dans les écoles primaires, les Comités de gestion. « Le Comité de gestion (Cg) comprend un délégué de quartier (dans les communes) ou un chef de village, un représentant du conseil municipal ou rural, le responsable de l’établissement considéré (l’école, du centre d’alphabétisation ou de développement de la Petite enfance), le personnel enseignant ou l’équipe des facilitateurs, le personnel de service, les représentants des élèves ou des bénéficiaires, deux représentants de l’Ape, un représentant de chaque Association sportive et culturelle (Asc) du quartier ou village, un représentant de chaque Groupement de promotion féminine (Gpf) du quartier ou village, un représentant de chaque association de développement du village ou du quartier. Le Cg peut s’adjoindre, en qualité d’observateur, toute compétence utile à l’exécution de ses missions », détaille le décret. Ces Comités et Conseils ont des bureaux exécutifs qui en sont les organes de décision et de gestion.

KHADY DIOP MBODJ, DIRECTRICE DE L’ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE : « LES FRAIS D’INSCRIPTION ÉMANENT DE LA COMMUNAUTÉ QUI S’ORGANISE POUR APPUYER L’ÉCOLE »
Khady Diop Mbodj EduDirectrice de l’enseignement élémentaire au ministère de l’Education nationale, Khady Diop Mbodj soutient que l’argent demandé souvent par les établissements scolaires émane de la communauté qui s’organise pour leur venir en appui et ne constitue nullement un obstacle pour la venue des élèves à l’école.

On parle de gratuité des frais d’inscription, surtout dans l’élémentaire, alors que dans les écoles, il est demandé aux parents de l’argent. Qu’est-ce qui justifie cela ?
Il y a bel et bien une gratuité des frais d’inscription qui ne doivent pas constituer un obstacle pour la venue des élèves à l’école. Au primaire, on ne demande rien à l’élève. Maintenant, il peut arriver que l’Association des parents d’élèves qui est privée se retrouve et, face à des besoins de l’école, initie des cotisations. Cela se passe en interne, entre adultes, membres de l’association, voulant contribuer. C’est différent de l’accès des élèves à l’école. Ils y accèdent gratuitement. Si leurs parents n’ont pas honoré leurs engagements par rapport à cette association, cela n’empêche pas aux élèves d’entrer et de suivre les cours. Pour dire qu’à l’école primaire, les inscriptions sont gratuites, elles sont seulement pédagogiques. Le reste appartient aux parents qui se sont regroupés autour d’une association privée pour chercher des moyens pour l’école de leurs enfants. Comme ce ne sont pas des inscriptions qui émanent du ministère de l’Education, c’est en fonction des besoins que les comités de gestion déterminent les montants pour les cotisations. Là, le ministère n’a rien à y voir. C’est la communauté qui s’organise autour de son école pour pouvoir l’appuyer.

Est-ce qu’au niveau du ministère de l’Education nationale vous avez un regard sur ces frais d’inscription collectés ?
Cela relève de la déconcentration et de la décentralisation. L’Association des parents d’élèves est une structure privée qui s’organise avec un trésorier, un comptable matières, même si on demande aux directeurs d’école d’avoir un regard sur ces montants qui sont engrangés par l’Ape. Le directeur de l’école aussi veille sur l’utilisation des fonds. Il ne saurait être question de laisser des parents venir prendre l’argent au niveau de l’école et ne pas le réinvestir dans l’école. C’est là où interviennent vraiment le contrôle et l’encadrement du directeur d’école.

Est-ce que vous savez où va cet argent et quels sont les investissements qui sont faits ?
Pour les investissements, fruit de cet argent, c’est souvent en début d’année ou en fin d’année que les parents se retrouvent pour identifier les besoins. Cela peut être des investissements liés à la rénovation et à la réhabilitation de l’école, à la construction même des classes, des toilettes, à l’adduction d’eau, l’électricité. Tout dépend des besoins au niveau de l’école qui sont divers et variés. C’est pourquoi ce sont les parents qui s’organisent au cas où ils constatent ces manquements et peuvent y faire quelque chose. Ils s’organisent et cotisent pour parer à cela. L’Ape est différente du Comité de gestion. Dans chaque école, il y a un Comité de gestion où l’Ape est représentée. C’est cet organe de la communauté qui gère l’établissement. Dans ce Comité de gestion, le président et le trésorier sont membres de la communauté, et c’est le directeur de l’école qui en assure le secrétariat permanant. Pour dire que chaque école du Sénégal dispose d’un compte bancaire contrôlé par la communauté. L’Ape cherche souvent des fonds et les met à la disposition du Comité de gestion pour lui permettre de jouer son rôle.

L’ÉCOLE POUR TOUS ET PAR TOUS
Ecole couleursL’accès pour tous non compte tenu des origines sociales. Une marque déposée de l’école publique qui garantit ainsi l’équité et la justice à tous les enfants de la République. Ce principe a conduit à une gratuité des frais d’inscription à tous les échelons de l’éducation ou bien à des sommes dérisoires fixées : de 10.000 FCfa au niveau moyen-secondaire à 5000 FCfa à l’université jusqu’à une période récente.

Aujourd’hui, face à la lourdeur, à l’ampleur des charges de fonctionnement des écoles et à la faiblesse des moyens mis à leur disposition, ce verrou de la gratuité ne doit pas certes sauter, mais un peu dévissé pour laisser souffler l’Etat, bailleur principal de l’école. Ce qui permettra de diversifier les sources de financement de l’école. Dans la structure de financement de l’école, l’Etat occupe la première et prépondérante place. S’en suivent les collectivités locales, Partenaires techniques et financiers, entres autres, avant la contribution des ménages. Une part certes modique des ménages pour l’école publique, mais symbolique et qui doit être systématisée pour une implication et appropriation de l’école par les parents.

Si l’école publique, dans ses fondements, est pour tous, son financement doit se faire par tous : Etat, collectivités locales, Partenaires techniques et financiers et surtout par les parents, premiers bénéficiaires de cette école de la République.

Avec la nouvelle réorientation de l’école qui se veut celle de la « communauté », l’implication de tous les acteurs est nécessaire pour accroitre les financements et les consolider. Les fonds générés, surtout par les parents, doivent être gérés de manière concertée et transparente, avec une reddition des comptes et imputabilité permanente. Ce qui occasionnera une adhésion et compréhension des parents cotisants.

L’autre défi de l’école est aussi de chercher d’autres sources de financement nécessaires pour son bon fonctionnement. Plusieurs pistes ont été énoncées par les spécialistes qui permettront à l’école d’être sur la bonne route. L’approche Responsabilité sociétale des entreprises et philanthropique sont préconisées, permettant ainsi à l’Etat de souffler et de se concentrer sur les dépenses d’investissement nécessaires à l’élargissement de la carte scolaire.

La contribution des anciens des écoles demeure aussi une piste de solution. Combien sommes-nous à devoir à l’école publique notre réussite et position sociale ? Nous sommes donc redevables et avons une dette envers cette institution qu’est l’école publique. La meilleure manière de s’en acquitter, c’est de retourner l’ascenseur à cette école qui a été un escalier de la réussite pour nous…

Par Oumar NDIAYE

-lesoleil.sn

1 COMMENTAIRE

  1. LES DROITS D INSCRIPTIONS SONT EXHORBITANT SURTOUT DANS LE PRIVE.
    L ETAT DANS CE CAS PRECIS NE JOUE PAS SONT ROLE DE TAMPON ET DE REGULATION ENTRE LES CONSOMATEURS ET ETABLISSEMENTS PRIVES .LES SENEGALAIS DESEMPARES SONT A LA MERCI DES ECOLES
    PRIVES CUPIDES ET MALHONETES. TOUT LE MONDE VEUX S ENRICHIR SUR LE DOS DU PAUVRE GOORGORLOU.
    ET NOS deputes TOUS PLUS INUTILES LES UNS QUE LES AUTRES NE FONT QU APPLAUDIR A L ASSEMBLEE NATIONNALE.

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