Sante de la mère et de l’enfant : Net recul de la mortalité infanto-juvénile au SENEGAL

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L’enquête de démographie et de santé révèle une amélioration générale de la santé de la mère et de l’enfant au Sénégal, révèle le directeur général de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), Babakar Fall, dans cette interview. M. Fall explique aussi les raisons de la réforme du système national de la statistique au Sénégal.

Les premiers résultats de la dernière enquête de démographie et de santé ont été divulgués récemment. Que retenir de ces résultats ?

L’information capitale est l’amélioration générale de la santé de la mère et de l’enfant. Au cours des quinze dernières années, on constate que le niveau de la mortalité des enfants de moins de cinq ans a sensiblement diminué et cela se poursuit aujourd’hui. De 2005 à 2010, la mortalité infantile et la mortalité infanto-juvénile ont baissé dans des proportions importantes, passant respectivement de 61 ‰ à 47 ‰ et de 121 ‰ à 72 ‰. On peut y voir une meilleure prise en charge de la santé de l’enfant et de la mère au cours des cinq dernières années. De tels résultats se reflètent d’ailleurs dans la consultation pré et post-natale et en matière de vaccination. En effet, plus de 9 mères sur 10, soit 93 %, contre 87 % en 2005, ont été consultées par un personnel médical formé pendant la grossesse. Pour 63 % des naissances survenues au cours des cinq dernières années, les mères ont reçu au moins deux doses de vaccin antitétanique, un peu moins qu’en 2005 (66 %).

On notera aussi qu’au cours des cinq dernières années, 73 % des accouchements ont eu lieu dans une formation sanitaire, contre 62 % en 2005. Aussi, 65 % des mères, contre 52 % en 2005, ont bénéficié de l’assistance d’un personnel médical formé à l’accouchement. La tendance à la généralisation de la pratique vaccinale y est aussi pour beaucoup. L’enquête montre que près de six enfants de 12 à 23 mois sur dix, soit 63 %, ont reçu tous les vaccins du Programme élargi de vaccination (Pev). En matière de reproduction, on peut relever que le niveau de fécondité des femmes est en légère baisse, le nombre moyen d’enfants par femme passant de 5,3 en 2005 à 5,0 en 2010-2011. Il demeure donc élevé avec une tendance relativement lente de cette baisse qui s’explique par un recours à la contraception toujours faible. A peine une femme sur dix (12,1 %) déclare recourir aux méthodes contraceptives.

En ce qui concerne les maladies de l’enfance, les résultats de l’Enquête démographique et de santé à indicateurs multiples (Eds-Mics) révèlent qu’au Sénégal, les infections respiratoires aiguës, la fièvre et la diarrhée restent des problèmes de santé importants chez les enfants. Parmi les enfants de moins de cinq ans, 5 %, contre 10 % en 2005, avaient présenté des symptômes d’infections respiratoires aiguës (Ira) au cours des deux semaines ayant précédé l’enquête. En outre, selon les déclarations des mères, 23 % des enfants ont eu de la fièvre, contre 30 % en 2005. Ces problèmes de santé semblent par conséquent se contenir.

Y a-t-il d’autres domaines où le Sénégal a franchi des pas importants ?

Les indicateurs de santé du Sénégal ont généralement été en deçà des recommandations de l’Oms. Malgré tout, les résultats sont globalement positifs. Compte tenu des effets de la crise économique et financière internationale, on pouvait s’attendre à ce que la lutte contre le Vih/Sida, qui faisait du Sénégal une référence en Afrique, marque le pas. Il est heureux de constater qu’au Sénégal, le taux de prévalence de cette maladie, estimé à 0,7 % de la population depuis 2005, s’est stabilisé en 2010-2011. Cette situation permet donc d’affirmer que les efforts des autorités publiques dans la lutte contre cette pandémie ne sont pas vains.

A quand les résultats définitifs du recensement général de la population ?

Puisque le dénombrement est prévu pour trois semaines à compter du 8 décembre 2012, les premiers résultats devraient être disponibles dès fin février 2013 et le rapport national dans le courant du mois de juin 2013.

Les données collectées et diffusées par l’Ansd n’avaient pas toujours eu la cote auprès de certains utilisateurs dont les partenaires au développement. Qu’en est-il maintenant ?

Il est bien vrai que, dans un passé récent, la qualité des données produites par certaines institutions du système statistique national a, pendant longtemps, été une problématique compte tenu de la faiblesse des capacités statistiques, notamment les limites en ressources humaines et financières, la faiblesse institutionnelle, qui ont certes pu avoir des incidences sur les choix méthodologiques et les techniques utilisées ainsi que sur les champs couverts par le système statistique national. Cela s’est traduit, pendant longtemps, par des suspicions sur l’exactitude et la fiabilité des données dans certains secteurs, et même parfois dans des secteurs mal couverts par la publication de chiffres contradictoires. Devant un tel phénomène, certains partenaires ont bien eu tendance, par le passé, à s’adresser à des bases de données internationales (Banque Mondiale, Fmi, Ocde, Cnuced, Bad, etc.) pour accéder, de manière prudente, à certaines informations sur les pays ayant des capacités statistiques faibles. Mais, il faut savoir que la production statistique est, avant tout, le fait des institutions nationales ou leurs démembrements habilités (exemple : unités de gestion de projets publics). Les organisations internationales citées ci-avant, qui entretiennent des bases de données, ne peuvent ignorer la production statistique au sein des pays qui constituent leur source, même si elles peuvent ensuite apporter les redressements adéquats garantissant la comparabilité des données entre les pays.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à procéder, en 2004, à la réforme du système statistique national ?

Je dois dire que la réforme du système statistique national s’avérait nécessaire du fait de l’environnement immédiat et global du système statistique, qui était en pleine évolution sous l’influence simultanée de plusieurs variables, dont le plein exercice de la démocratie, les nouvelles orientations et priorités de la politique économique et sociale ainsi que les exigences de la gestion axée sur les résultats, la mondialisation des économies et sur la généralisation des technologies de l’information et de la communication (Tic). Ce sont des segments émergents de la demande de données statistiques qui nécessitent une réponse parfois urgente et, dans tous les cas, de qualité. Ainsi, à travers cette réforme, il s’agissait d’accompagner les stratégies de réduction de la pauvreté (Dsrp), les objectifs du Millénaire pour le développement (Omd), le renforcement de la bonne gouvernance, le processus d’intégration régionale (Uemoa, Cedeao, Union africaine) qui, très souvent, inclut la mise sur pied d’un programme statistique régional, le développement du secteur privé, ainsi que l’approfondissement des initiatives de décentralisation et de développement local. Du fait des décalages observés entre l’offre statistique et les besoins exprimés, il était donc devenu indispensable d’introduire un changement profond de l’appareil de production et de diffusion des données statistiques afin de relever les défis imposés par l’agenda de développement des pays africains dont le nôtre. D’une part, la réforme a donc pour objet de corriger les faiblesses, rigidités ou dysfonctionnements empêchant l’adaptation immédiate du système statistique à la nouvelle donne résultant des transformations de son environnement et de la demande statistique.

D’autre part, elle cherche à renforcer les capacités statistiques, en prenant notamment en charge les préoccupations relatives à la mobilisation de ressources humaines de qualité et leur perfectionnement continu, la mise en place d’un cadre juridique rénové de l’exercice de la fonction statistique, l’amélioration de l’organisation administrative interne et externe au système statistique, le management et la planification stratégique du système statistique, la capacité d’adaptation aux normes techniques de qualité et le respect de la transparence, la facilitation de l’accès des usagers et du public aux données disponibles.

Six ans après leur mise en œuvre, quelle évaluation faites-vous de ces réformes ?

Dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme, le défi consistait à renforcer les capacités statistiques du pays en prenant notamment en charge les préoccupations. A cet égard, la mise en place d’un cadre juridique rénové de l’exercice de la fonction statistique a été effective. La réforme du Système statistique national est aujourd’hui matérialisée principalement par quatre faits saillants : le vote et la promulgation de la loi 2004-21 du 21 juillet 2004 qui abroge et remplace la loi 66-59 du 30 juin 1966 et précise pour la première fois les composantes de ce système national, la création de l’Ansd qui intègre l’ex-département de statistique de l’Ecole nationale d’économie appliquée (Enea), devenue l’Ecole nationale de la statistique et de l’analyse économique (Ensae-Sénégal), l’élaboration et la validation du cadre de référence de la Stratégie nationale de développement de la statistique plus connu sous la dénomination de Schéma directeur de la statistique et, enfin, l’existence d’instances de coordination opérationnelles.

Dans le domaine de la production statistique, la gamme s’est élargie pour se conformer aux exigences de l’adhésion à court terme de notre pays à la Norme spéciale de diffusion des données (Nsdd), décidée par les autorités. Dans ce cadre, de nouveaux indicateurs de suivi de la conjoncture économique ont été développés par l’Ansd ou par certaines structures du système de statistique national comme la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee). Il s’en est suivi une nette amélioration des publications avec un respect des délais de diffusion des publications périodiques. Par ailleurs, un certain nombre d’enquêtes a pu être menée ou se trouve dans des phases préparatoires avancées. Il s’agit, entre autres, de l’Enquête démographique et de santé à indicateurs multiples (Eds-Mics), dont les résultats viennent d’être présentés, de l’Enquête monographique sur les institutions sans but lucratif au service des ménages (Eisblsm), déjà réalisée, de l’enquête de suivi de la pauvreté au Sénégal (Esps), de l’Enquête sur les services immobiliers du logement à Dakar et de l’Enquête nationale sur le secteur informel en cours d’exploitation.

A cela s’ajoutent le Recensement général de la population et de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage (Rgphae) en cours, avec la numérisation des districts de recensement qui va se prolonger avec la phase cartographique dès novembre 2011.

A combien s’élève le coût de la mise en œuvre de ces réformes et qui finance vos activités ?

Il est vrai que des avancées notables ont été réalisées mais pour autant, nous ne perdons pas de vue que les acquis doivent être renforcés, notamment avec la levée des contraintes liées à la mise à disposition des moyens de travail dans les délais requis. Bien entendu, toutes ces activités se font en conformité avec le Schéma directeur de la statistique dont le coût de la mise en œuvre sur six ans est évalué à environ 52 milliards de francs Cfa, soit en moyenne neuf milliards par an pour l’ensemble du Système statistique national. L’Etat constitue aujourd’hui le premier bailleur de la statistique dans notre pays. La revue des dépenses publiques en statistique que nous avons entreprise avec l’appui de la Banque mondiale permettra de fixer, avec rigueur, les différentes contributions à la mise en œuvre de la fonction statistique dans notre pays.

Propos recueillis par Mamadou SY

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