SITUATION DES PLAGES DANS LA VILLE DE DAKAR Une mine de problèmes

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La Mairie de Dakar a engagé une tournée dans les 26 plages de Dakar. La mission de prospective a débuté dans les plages de Mermoz, Ouakam et Pointe des Almadies. Cette visite a pour but non seulement de faire un état des lieux, mais aussi de constater comment le visage de la façade maritime est défiguré. Entre constructions anarchiques, insécurité, insalubrité, tout y passe. Reportage.

Plage de Mermoz, 10h et poussière ce samedi matin. Le temps paraît hostile à l’endroit du visiteur, avec une chaleur accablante. Le calme qui règne sur les lieux, semble être trompeur. Même s’il n’y a pas l’affluence des grands jours d’été, de petits groupes de personnes à la recherche du beau temps sont visibles. Pour accéder à la plage, il faut impérativement avoir le talent d’un acrobate ou la souplesse d’un gymnaste. Tellement le milieu est accidenté. « N’y a-t-il pas une autre voie de contournement pour accéder à la plage ? », demande Mansour Tambédou, conseiller municipal à la Mairie de Dakar, inquiet. « Non ! », lui rétorque un membre de la délégation. Il se résout finalement à franchir le Rubicon, après quelques moments d’hésitation.

A la plage Mermoz, située sur la Corniche de Dakar, la façade maritime ploie sous les nombreuses constructions. Parfois irrégulières. Les hôtels fleurissent comme des champignons, au grand dam de l’écosystème. « D’ici quelques années, les Dakarois ne pourront plus avoir une vue sur la mer, encore moins y accéder », râle Benoît, employé à la Direction sport et promotion de la jeunesse (Dspj) de la mairie de Dakar. « Il faut que vous aidiez à arrêter tout cela », poursuit-il, désabusé.

Mansour Tambédou s’offusque quant à lui des hôtels de la place qui prennent des blocs de pierres pour ériger des barricades, afin de faire face aux agressions de la mer. Selon lui, du point de vue écologique, cela pose un vrai problème de sécurité. « Le maire a fait le point au Président Wade de ces constructions anarchiques sur la Corniche, mais nous ne désespérons pas d’y mettre un terme », précise-t-il. Avant de déplorer l’attribution de ces terres à des opérateurs privés sans l’aval du Conseil régional de Dakar.

La plage de Mermoz, quoiqu’interdite, est fréquentée pendant toute l’année. Elle fait partie des onze plages de Dakar inscrites sur la liste rouge. Néanmoins, elle reçoit, selon les responsables sur place, en moyenne 1000 personnes par an. Pour parer à toute éventualité, la mairie a mis une équipe chargée de veiller au grain. « Nous ne pouvons pas laisser les populations à elles-mêmes », souligne Meissa Ndiaye, chargé de la sécurité à la mairie de Dakar, casquette blanche bien vissée sur la tête.

El Hadji Souleymane Moussa Dia, la trentaine épanouie, est sauveteur depuis 2002. Il fustige leurs dures conditions de travail dans ce coin réputé être un repaire de bandits. Selon lui, ils abattent un énorme travail, parfois au péril de leur vie. « Nous manquons de tout. Devant la menace, nous sommes désarmés », lâche-t-il. La délégation prend congé d’eux, direction Ouakam.

Dans ce fief Lébou, l’ambiance est bon enfant. Quelques pirogues sont accostées à bord de mer, attendant d’être mouillées. Mandoye Cissé surveillant de plage, Maguette Diouf et Alioune Ndoye palabrent tranquillement, à l’abri d’une tente qui leur sert de bureau. Leur principale difficulté, informe Mandoye, se résume aux différentes écuries de lutte qui viennent souvent s’entraîner, mais aussi à la population locale qui utilise l’eau de mer pour laver les montons.

A Ouakam, il n’y a qu’une paire de jumelle pour neuf personnes

Des impairs qu’il tente, lui et son équipe, de juguler avec beaucoup de tact pour ne pas heurter certaines susceptibilités locales. « Vous savez, nous sommes dans un village Lébou, qui a ses us et coutumes, nous ne pouvons pas imposer le changement des comportements du jour au lendemain. Il nous faut être psychologue, pour sensibiliser la population », mentionne-t-il avec sa barbe en forme de collier. Comme à Mermoz, les sauveteurs de la plage de Ouakam exercent dans la précarité la plus totale. Ils n’ont qu’une paire de jumelles pour huit sauveteurs. Un vrai handicap pour eux. « Nous n’avons pas suffisamment de matériels pour bien exercer notre tâche », confie candidement la jeune Maguette Diouf. Alioune Ndoye enfonce le clou. Sur cette plage, dit-il, l’alcool, la drogue et les baigneurs particuliers défigurent la réputation de la cité. Pour y mettre un terme, il implore de la mairie de Dakar un appui beaucoup plus soutenu.

La seule satisfaction de ces sauveteurs, c’est qu’en trois ans, la plage n’a connu qu’un seul cas de noyade. C’est sur ces entrefaites que la délégation a atterri en un éclair à la Pointe des Almadies. Le quartier le plus chic dit-on de la capitale. « Le problème crucial de la Pointe des Almadies, c’est l’insalubrité. Les gens viennent ici, passent la journée, mangent et laissent les déchets sur place », résume Alioune Gueye, président de la Commission Environnement de la commune de Ngor. Ceci est dû principalement aux vendeurs qui exercent le long de la plage. « Il faut envisager un système de taxation pour les vendeurs, afin d’avoir un fonds destiné à la collecte des ordures », remarque Anna Guèye. « L’insalubrité impacte véritablement sur la fréquentation des touristes », ajoute-t-elle.

A la pointe des Almadies, l’insalubrité chasse les touristes

A côté de l’insalubrité, la sécurité aussi fait défaut. Et pourtant, la mer est bien lotie. On y trouve des huîtres, des oursins, entre autres fruits de mer. Ici, les sauveteurs ont décelé zéro cas de noyade. Leur souci se limite à des baigneurs blessés par les rochers. Mais faute d’une boîte de pharmacie, leurs interventions sont souvent limitées, renseigne Ndiatté Guèye, sauveteur.

Faisant le bilan ramassé de la visite, Sidy Niang déclare que cette visite vise à tâter le pouls des 26 plages que compte la ville de Dakar. Pour savoir où le bât blesse et agir en conséquence. Selon lui, l’enjeu de cette descente sur le terrain est de tout faire pour que les plages soient accessibles aux Dakarois. A cela, s’ajoute la sécurité des personnes qui fréquentent ces lieux. Car, selon lui, 30% des baigneurs ne savent pas nager.

Papa Ismaila KEITA

lasquotidien.info

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