Le Président Macky Sall vient de terminer sa tournée agricole qui l’a mené à l’intérieur du pays notamment à Fatick, Kaolack et Kaffrine. Durant ce périple, des sénégalaises et des sénégalais ont montré des voies à suivre et des opportunités à saisir. Nous en retenons trois.
Le champ de mil de l’ASC Jam Bugum, première étape de sa tournée, est un exemple de réussite qui doit être magnifié. Voilà un groupe de jeunes qui a compris que les associations sportives et culturelles (ASC) ne peuvent plus et ne doivent plus fonctionner comme avant. Les membres de Jam Bugum qui sont aujourd’hui plus de 1000 ont commencé avec de maigres moyens et sont arrivés à accroitre leur production et la surface cultivée.
Toutes les ASC sur l’étendue du territoire national doivent en tirer la leçon qui sied et comprendre que les « navetanes » ne peuvent plus se résumer qu’au football.
Avant, au sein de ces regroupements sportifs, au delà du football, il y’avait le « Caada » qui était certes une forme de lutte des partis de gauche mais a grandement contribué à la formation de jeunes sénégalais à travers le théâtre, les chants en chœur et le « Taalif » (poésie en wolof).
Le « caada » a fini par disparaître de même que les autres disciplines très prisées par les filles comme le hand ball, le volley ball, l’athlétisme…Tout tourne autour du foot présentement avec son lot de violence.
Un peu avant les années 90, une ASC de Kaolack, Magg Daan en l’occurrence, avait pourtant montré la voie à suivre. En effet, la section féminine de cette ASC a créé en 1987 l’Association pour la Promotion de la Femme Sénégalaise (APROFES) et elles ont réalisé entre autres le brise vent de Keur Mari et les deux bois villageois de 4 hectares dans la commune de Mboss. Elles ont aussi grandement contribué à la lutte contre le SIDA.
Aujourd’hui, les responsables des ASC doivent comprendre que cette masse de jeunes ne peut plus servir qu’à des joutes autour du ballon rond d’autant plus que dans le monde rural les « Navetanes » contribuent grandement à la baisse de la production agricole. Dans ces zones, quand débute les compétitions, bon nombre de jeunes délaisse les champs pour le terrain de football.
Le ministère des sports et celui de la jeunesse doivent aider les ASC à prendre conscience des enjeux de développement qui se posent à notre pays et pourquoi pas mettre en œuvre dans les localités qui s’y prêtent l’initiative « Une ASC, un champ » (« Toolu ASC bi ») ou toutes autres activités du genre : ferme laitière, embouche bovine, agrobusiness…
Les champs des GIE de femmes restent aussi une grande satisfaction et un exemple à montrer. Cela démontre à suffisance que si l’accès à la terre est facilité aux femmes, ces dernières pourront permettre à notre pays de booster sa production agricole. Pour ce faire, il faudra que les collectivités territoriales fassent le nécessaire afin de donner le maximum d’information à cette catégorie de la population tout en les aidant à se formaliser.
Des sous-secteurs comme l’alphabétisation ont aujourd’hui le devoir d’aider ces femmes dans les formations techniques et dans l’installation des compétences instrumentales comme la lecture, l’écriture et le calcul. Le chantier est énorme certes mais si la volonté est là, ces groupements de femmes peuvent à eux seuls supporter un pourcentage considérable dans l’autosuffisance alimentaire.
La troisième pépite qui a attiré notre attention est le périmètre agricole du Président de la République. Ce champ à but non lucratif doit être perçu comme une leçon par tous les responsables qui en ont les moyens et qui le soutiennent. Cette activité du Chef de l’Etat est une invite à l’investissement utile et à la participation citoyenne au développement de notre pays.
Chaque responsable d’envergure doit pouvoir soutenir un groupe de jeunes dans l’exploitation d’un champ quel qu’en soit la superficie. C’est le moins qu’un leader politique peut faire à l’endroit des jeunes qui se mobilisent autour de lui chaque fois qu’il en fait la demande.
Globalement, notre pays a besoin que tous ses fils se mobilisent pour un retour vers l’agriculture afin de corriger et soutenir notre croissance post-covid.
Souleymane Ly
Spécialiste en communication
julesly10@yahoo.fr