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À 300 kilomètres sous la surface de la Lune se cache quelque chose d’énorme, et les scientifiques ne savent pas exactement de quoi il s’agit.
Selon une étude publiée dans la revue Geophysical Research Letters, la masse se trouve sous le bassin pôle Sud-Aitken (SPA), un énorme cratère d’impact de forme ovale, large de 2000 kilomètres et profond de plusieurs kilomètres. (En comparaison, la circonférence de la Lune est d’environ 11 000 kilomètres.)
À l’aide des données recueillies par la mission GRAIL (Gravity Recovery and Interior Laboratory) par la Lunar Reconnaissance Orbiter, une sonde de la NASA, les scientifiques ont découvert qu’il y avait une masse supplémentaire dans ce bassin.
« Nous estimons que la masse minimale est de l’ordre de 2 x 10¹? kilogrammes », a déclaré Paul Byrne, coauteur de l’article et professeur adjoint de géologie planétaire à la North Carolina State University. « Ce qui fait deux quadrillions de tonnes », a-t-il avancé.
Bien que les chercheurs croient connaître sa masse, ils ne savent pas quelle est sa taille réelle.
La meilleure explication, du moins pour l’instant, c’est que c’est le reste du noyau ou du morceau de ce qui s’est écrasé sur la Lune pour former le bassin pôle Sud-Aitken , explique Paul Byrne.
L’origine du bassin – le plus ancien de la Lune – remonte à environ quatre milliards d’années, lors qu’un rocher a percuté le corps céleste, selon les scientifiques. Mais au lieu de s’enfoncer dans le noyau, la roche est restée plus près du manteau lunaire.
En fait, le professeur Byrne cite un article récemment publié dans la revue Nature, qui suggère que Chang’e, une sonde spatiale lunaire chinoise lancée plus tôt cette année, a trouvé à la surface des traces du manteau lunaire qui aurait été éjecté par la collision.
Il pourrait y avoir une autre explication : une concentration massive d’oxydes qui sont restés après que la Lune soit devenue solide. Au fur et à mesure que l’océan magmatique se refroidissait, des matériaux plus lourds se sont déposés en contrebas.
Paul Byrne soutient de son côté que, même s’il s’agit d’une possibilité, cela est peu probable. L’océan magmatique aurait été planétaire, et il serait donc étonnant que les oxydes ne se soient installés qu’à un seul endroit en particulier.
La seule façon d’en être sûr, cependant, est d’envoyer un atterrisseur ou des gens pour étudier plus à fond le bassin.
Comprendre la Terre grâce à la Lune
Pendant la formation initiale du système solaire, la Terre aurait été bombardée de la même façon que la Lune. Mais en raison de la tectonique des plaques et du temps, il n’y a aucune preuve. C’est pourquoi il est important d’étudier des corps comme la Lune, Mercure et Mars, afin de mieux comprendre ce qu’il se passait il y a quatre milliards d’années.
Bien que les scientifiques aient étudié les cratères de Mercure et de Mars, le meilleur endroit où se tourner pour tenter de percer le mystère du système solaire primitif est d’observer ce qui est le plus proche de la Terre.
La Lune est comme une capsule temporelle pour les événements qui se sont produits sur Terre, car c’est le corps céleste le plus proche de la Terre. Et parce qu’ils sont si près l’un de l’autre, ce qui est arrivé à la Lune a dû arriver à la Terre aussi, d’une façon ou d’une autre. En comprenant la Lune, nous obtenons aussi une bien meilleure compréhension du passé de la Terre.Sara Mazrouei, scientifique du Centre for Planetary Science and Exploration, de l’Université Western
Sara Mazrouei, une scientifique du Centre for Planetary Science and Exploration, de l’Université Western, connaît bien le SPA. Elle a travaillé sur un projet au Lunar and Planetary Institute de Houston, au Texas, il y a quelques années, en choisissant les meilleurs sites d’atterrissage pour de futures missions possibles.
Je connais tous les endroits sympas où aller , dit-elle en riant.
Selon Mme Mazrouei, cette nouvelle recherche rend le SPA encore plus séduisant.
Une image captée par la Lunar Reconnaissance Orbiter, la sonde lunaire de la NASA, permet de voir où est situé le bassin pôle Sud-Aitken. Photo : NASA/GSFC/Arizona State University
À seulement deux mois du 50e anniversaire de l’alunissage d’Apollo 11, la NASA a annoncé en mai dernier qu’elle prévoyait retourner sur la Lune en 2024.
Bien que cette nouvelle recherche soit une étape importante, M. Byrne souhaiterait que les futurs voyageurs, mécaniques ou humains, se rendent dans la région pour l’étudier.
L’une des plus grandes valeurs n’est pas seulement de comprendre cette fascinante caractéristique de la Lune, bien que cela soit en soi très intéressant. Mais cela nous aide vraiment à comprendre plus largement ce que signifient les grands impacts et le rôle qu’ils jouent dans la formation des planètes du système solaire.
D’après le texte de Nicole Mortillaro, de CBC News
source: iciradiocanada