Youssoupha NDIAYE au Ministère des Sports : une œuvre à parachever (Par Dr Hameth Dieng)

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Il faut célébrer les héros de leur vivant et laisser leur commoration à leur famille dit-on mais la disparition de Youssoupha NDIAYE m’oblige à faire ce témoignage sur ce grand commis de l’Etat du Sénégal que j’ai rencontré au ministère des sports entre les années 2002 et 2005.

Avoir l’opportunité de travailler sous l’autorité de ce magistrat très rigoureux et méthodique et participer au pilotage des politiques publiques a été un moment crucial de ma carrière administrative. Pour avoir été son Directeur de la Formation et du Développement Sportif puis son Directeur de la Haute compétition, j’ai pu renforcer mes connaissances théoriques et méthodologiques en matière normative et de management du sport.
Il est venu au Ministère des sports avec une vision pour matérialiser la politique sportive définie par son Excellence, le Présidèrent de la République à travers quatre axes :

La révision du cadre législatif et réglementaire du sport sénégalais ;

La construction et la réhabilitation des infrastructures ;

La formation des cadres et des sportifs ;

L’érection d’un musée des sports.
Pendant trois ans, il a tenu le cap et jeter les bases d’une véritable politique sportive par l’élaboration d’une politique sectorielle sport qui tendait à développer et autonomiser trois filières dans le secteur sport à savoir les filières formation, sport de haut niveau et infrastructure.
Dans le cadre règlementaire, plusieurs textes ont été élaborés sous le Ministre d’Etat, Ministre des Sports, Youssoupha NDIAYE. Il s’agit de :

Le décret N ? 2005-142 du 02 mars 2005 portant création des directions techniques nationales, des directions techniques régionales et des directions techniques départementales et fixant les modalités de leur fonctionnement

L’arrêté N ? 12238 du 31 décembre 2003 fixant les conditions d’octroi et de retrait de la délégation de pouvoirs aux fédérations et groupements sportifs ;

L’arrêté N ? 8864 du 25 octobre 2004 fixant les modalités de délivrance et de retrait d’agrément de centre de formation de football ;

L’arrêté N ? 793 du 25 février 2005 portant classification des disciplines et récompenses aux sportifs.

La création de la Direction de la Formation et du Développement Sportif avait permis l’élaboration de la lettre politique sectorielle Sport et de jeter les bases d’un plan stratégique de formation des cadres du statut et des cadres hors statut avec une identification des besoins exprimés par l’ensemble des acteurs.

Les problèmes liés aux infrastructures devraient être résolus par la réhabilitation des stades régionaux et l’organisation de la CAN de football 2010 au Sénégal qui allait permettre à notre pays de disposer de quatre stades aux normes dans les villes de Dakar, Thiès, Saint- Louis et Ziguinchor.

Par ailleurs, Youssoupha NDIAYE est l’initiateur du football professionnel au Sénégal. Avec lui, on était parti d’un constat c’est-à-dire qu’au Sénégal, on a un football à deux vitesses. Celui pratiqué par l’équipe nationale A très performante qui attire les foules et concomitamment celui des clubs qui, quotidiennement, vivent dans des difficultés. C’est une exception que les clubs sénégalais, faibles techniquement, passent deux ou trois tours de Coupe d’Afrique (même si cette année TFC et le Jaraaf ont réussi un brillant parcours). Si on veut demain continuer à renouveler notre potentiel, il nous faut nécessairement réformer ce football.

Parce que pour développer un football, ce sont les clubs, qui sont des cellules éducationnelles de base, qui développent un football. Mais ces clubs n’ont pas les moyens financiers et infrastructurels. Ils ne sont pas bien organisés, comparativement à leurs homologues égyptiens, tunisiens, marocains, nigérians ou sud-africains, qui dominent le football africain. Face à cette situation, on ne pouvait plus continuer, il fallait s’arrêter. Car s’occuper uniquement de l’Equipe nationale et laisser en rade le football local était une manière de creuser le fossé qui existe entre ces deux football-là. C’est pourquoi, il avait décidé à l’époque de s’attaquer à la réforme du football par la mise en place d’un championnat non amateur géré et pratiqué selon les règles de performance universellement reconnues à travers le monde. Il faut aider les clubs à se restructurer, à se doter de moyens financiers, humains techniques, matériels, pédagogiques, pour prendre en charge la question du football de haut niveau.

C’est-à-dire en termes de prospection, de détection, de formation de jeunes talents, de suivi, d’intéressement, de primes, de salaires, aussi bien pour les joueurs que pour les intervenants Et c’est ça la voie de la performance. Et ça, on ne peut pas le faire avec des clubs qui vivotent dans des difficultés quotidiennes, ce n’est pas possible. Et maintenant du flanc de ce championnat non amateur, se développerait un football de masse, un football amateur structuré. Il y avait une volonté affichée du ministre d’Etat d’aller dans ce sens. Voilà l’objectif de la réforme. Tout en sachant qu’il y avait des tentatives dans le passé qui avaient échoué. Il y a eu la réforme Lamine Diack, en 1969, qui était vraiment visionnaire et qui voulait doter les clubs de moyens pour pouvoir rivaliser avec les meilleurs africains en préconisant la fusion.

Sa vision était prospective et ses actions au niveau du ministère des sports mériteraient d’être évaluées pour réactualiser une vision qui me semble toujours d’actualité dans l’intérêt du sport de notre cher Sénégal.

DR Hameth DIENG, Enseignant Chercheur UFR SEFS Université Gaston BERGER

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