Le mandat Par Aliou Ndiaye

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Voyez vous-même ! Pour couvrir des failles et suppléer des carences, Bennoo Siggil Sénégal soigne les apparences. Séminaires, journées d’études et ateliers, l’opposition à palabres s’enracine. Sur le terreau fertile d’intérêts fatalement contradictoires, elle cultive la montre et récolte du temps. Les  romantiques sincères, fous de cette petite reine unitaire, pédalent dans la semoule. Ils veulent donner corps à un rêve montagneux : l’Himalaya de la candidature unique. L’idéal est une chimère. À côté, des hommes politiques ordinaires pensent le contraire. Ces histrions sont de véritables intermittents du spectacle. Leur beau rôle consiste à accompagner le mouvement.  C’est un vaudeville. Au moins, quatre leaders de l’opposition vont candidater. Transition ou pas, le choix unique n’a pas beaucoup de sens de prospérer. Etait-ce vraiment le mandat donné par les électeurs sénégalais le 22 mars 2009 ?

Dans l’absolu, personne ne peut préjuger des résultats du séminaire de Bennoo Siggil Sénégal. Des partisans de l’entêtement positif essaient, au sein même de la coalition de l’opposition, de porter le combat sur la candidature unique. Jusqu’à l’épuisement total, ils chercheront des stratégies pour un compromis dynamique et unitaire. Ces téméraires ont un dénominateur commun. Pour eux, l’urgence est de faire partir Abdoulaye Wade et d’installer à la tête du pays un homme de rupture et de progrès. Agitateurs sympathiques, ils constituent, malheureusement, une infime minorité. Bennoo Siggil Sénégal est pour l’essentiel composé de politiciens ordinaires. Ils n’ont pas le cœur assez grand pour porter une révolution, mener le changement radical de gouvernance réclamé par notre pays. Des dirigeants très en vue de ce mouvement ont les mêmes hobbies que Wade. Ils veulent être des maîtres absolus, des messies célébrés et chantés. Ils ont même parfois le dépôt de croire au caractère nécessaire de leurs destins présidentiels. Que voulez-vous ? On ne peut pas faire du neuf avec du vieux.

Unie, l’opposition avait gagné les élections locales de mars 2009 dans la plupart des grandes villes du pays. Le message déposé au fond des urnes par les citoyens sénégalais semble avoir été mal interprété. Une opposition ne gagne pas une élection, c’est le parti au pouvoir qui la perd. Les locales avaient été la première occasion pour les Sénégalais de dire leurs hostilités sans équivoques au projet de dévolution monarchique du pouvoir. Ils ont, par la même occasion, dénoncé la gestion calamiteuse du régime libéral. Par son unité, Bennoo Siggil Sénégal a été le premier bénéficiaire de ce vote de défoulement. Ce vote dit utile avait pris parfois les contours d’une loterie. Certaines collectivités locales s’étaient réveillées avec une gueule de bois démocratique. Des farfelus ont été promis maires à la faveur d’une stratégie de camouflage et d’un système de partage butyreux. Qui remporte la victoire, emporte le butin.

Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Macky Sall et Cheikh Bamba Dièye se présenteront à la présidentielle. C’est une fatalité. Aucun des quatre ne va sacrifier ses ambitions présidentielles sur l’autel d’une quelconque unité d’action. Persuadée d’un rapport de forces favorable, l’Apr voudra se mesurer. Niasse joue sa dernière partie. Et le Ps a un statut à défendre. Les chances de certains d’entre eux face au président sortant sont infimes. Wade a peut-être beaucoup de défauts. Mais personne ne peut lui faire un procès en immobilisme. C’est un atout, c’est son atout. Car manager n’est pas ménager. Les conventions tournent souvent à la connivence. Et Les procédures ne font pas des boutures.

Les Sénégalais veulent tourner la page du Sopi. Les sondages le montrent. La question qui taraude les esprits est la même : qui pour le remplacer ? Les assises nationales ont tenté une rupture épistémologique importante. Elles ont voulu remplacer l’homme par le système et l’inspiration par des institutions. Cette inversion est salutaire, mais elle semble gêner certains leaders de Bennoo Siggil Sénégal. Ils ont commis des experts pour réfléchir sur des thèmes et des sujets développés par les assises nationales. La coalition de l’opposition explique vouloir vérifier la conformité des conclusions des experts avec la charte de bonne gouvernance des assises nationales. Préjugeons de leurs bonnes fois. Il faudra juger sur pièces cependant. Les hommes politiques sénégalais ont souvent des problèmes avec les mandats. Ce n’est simplement pas une question de durée et de nombre. C’est aussi quelquefois une question de morale. De moralité.

lobservateur.sn

1 COMMENTAIRE

  1. Merci encore Aliou. Comme d’habitude, texte profond et succulent. J’aime bien le passage « Séminaires, journées d’études et ateliers, l’opposition à palabres s’enracine. Sur le terreau fertile d’intérêts fatalement contradictoires, elle cultive la montre et récolte du temps. Les romantiques sincères, fous de cette petite reine unitaire, pédalent dans la semoule. Ils veulent donner corps à un rêve montagneux : l’Himalaya de la candidature unique ».

    Ce passage résume tout. Nous avons une opposition de salon dont les leaders savent pertinemment qu’il y’ aura pas de candidature unique. Plus vite, cette question est réglée et mieux ce sera….Pourquoi ne pas dire clairement qu’il n’y aura pas de candidature unique

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