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Amedy Coulibaly, de la délinquance au terrorisme

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Lorsqu’il est mort, Amedy Coulibaly, dit « Doly », était armé d’une kalachnikov et d’un pistolet-mitrailleur. L’assassin de la policière municipale de Montrouge et des otages du supermarché casher de Vincennes avait sans doute prévu d’en finir. Sur une écoute datée du 6 mai 2010, ce jeune homme né à Juvisy-sur-Orge (Essonne) faisait état de ses inquiétudes à son maître à penser, le terroriste Djamel Beghal. « Tu sais, quand on dit que quand tu décèdes, il faut pas laisser des dettes (…). Est-ce qu’il y a des circonstances où on peut partir avec des dettes ? »
Dans cette même écoute, il parlait à Djamel Beghal d’une conversation qu’il avait eu un jour avec un ami. « Il disait : dans cette situation-là, Allah, il pardonne tout sauf les dettes ! » Quand, deux semaines après cette écoute téléphonique, les policiers lui demandent pourquoi il se préoccupe de ce genre de questions alors qu’il n’est âgé que de 28 ans, le petit délinquant d’alors leur répond : « Parce que le Prophète dit qu’on peut laisser derrière soi des péchés mais surtout pas des dettes. » Amedy Coulibaly est mort, vendredi 9 janvier, avec cinq victimes sur la conscience.
Selon nos informations, le futur tueur se trouvait encore, le week-end dernier, à la Grande-Borne à Grigny, où il a grandi. « On s’est croisé, on a discuté, on s’est dit qu’on allait se revoir, raconte aujourd’hui un de ses interlocuteurs sous le sceau de l’anonymat. C’est quelqu’un qui a glissé progressivement de la petite à la grande criminalité, puis vers l’islamisme. »

Braquage
Depuis sa sortie de prison, en 2007, Amedy Coulibaly, qui était le seul garçon d’une fratrie de dix enfants, semblait abandonner les chemins de la délinquance, qui lui avait déjà valu des condamnations pour vols aggravés, trafic de stupéfiants, recel, et surtout une peine de six ans de prison prononcée par la cour d’assises des mineurs du Loiret pour un braquage commis le 7 septembre 2002. En juillet 2009, il se marie – religieusement, pas civilement – avec la femme qui partage sa vie depuis trois ans, Hayat Boumeddiene. Le couple s’installe dans un appartement de Bagneux. Amedy Coulibaly est opérateur chez Coca-Cola, il est même reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy lors d’une rencontre sur l’emploi des jeunes. Il joue au poker sur Internet et voyage avec son épouse en Crète, en République dominicaine et en Malaisie. Il n’a apparemment pas le profil d’un fou de Dieu qui projette un attentat.

Pourtant, lors de son dernier passage en détention, Amedy Coulibaly s’est radicalisé. A la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), il est incarcéré dans le même bâtiment que Djamel Beghal, une figure de l’islam radical qui va en faire son disciple. Djamel Beghal, qui purge une peine de dix ans de prison pour avoir préparé un projet d’attentat contre l’ambassade des Etats-Unis, à Paris, convertit également un autre détenu du même âge qu’Amedy Coulibaly, Chérif Kouachi. Les deux hommes ne passent que sept mois ensemble à Fleury-Mérogis mais ce moment suffit à créer, entre eux, des liens indéfectibles.
Une fois dehors, Amedy Coulibaly et Chérif Kouachi se voient, sortent ensemble, projettent d’aller à la Foire du Trône. Surtout ils continuent de suivre l’enseignement délivré par Djamel Beghal en se rendant régulièrement à Murat, dans le Cantal – le lieu où leur mentor est désormais assigné en résidence. Par deux fois, Hayat Boumeddienne accompagne son mari chez Djamel Beghal, mais elle ne le croise jamais. « Je l’ai vu qu’une seule fois de dos, avoue-t-elle, interrogée par la police, au printemps 2010. Il m’est arrivé de lui poser des questions sur la religion alors que nous nous trouvions dans deux pièces différentes (…). Pour moi, c’est logique que je ne me trouve jamais dans la même pièce qu’un homme. »
L’ancienne adolescente turbulente s’est en effet métamorphosée en épouse dévote. Elle arrête de travailler pour porter le voile intégral. Elle ne participe pas à son propre mariage parce qu’« en Islam, la femme n’est pas obligée d’être présente. En l’occurrence, là, c’est mon père qui m’a représenté. » Hayat Boumeddienne doute alors de la conversion de son époux. « Amedy n’est pas vraiment très religieux. Il aime bien s’amuser, tout ça. Il n’est pas du genre à se balader tout le temps en kamis, la tenue traditionnelle musulmane masculine etc. (…) Normalement, c’est une obligation pour les hommes d’aller à la mosquée le vendredi à la prière. Amedy, il s’y rend selon son emploi du temps, mais je dirais qu’en gros, il y va toutes les trois semaines… »

Les réponses de Coulibaly aux policiers font écho à ces propos. « J’essaie de pratiquer le minimum obligatoire comme la prière, le ramadan, etc. J’essaie d’avancer avec la religion mais je vais doucement.
– Que savez-vous des dissensions entre les chiites et les sunnites ?, demandent les enquêteurs.
– Je ne sais rien. Je ne me casse pas la tête avec cela, c’est de la perte de temps. »
Tout ceci n’est peut-être que de la poudre aux yeux – la « taqiya », l’art de la dissimulation prônée par le mouvement radical takfir enseigné par Djamel Beghal. Les week-ends dans le Cantal et les promenades dans la forêt ne sont d’ailleurs pas aussi innocents qu’ils en ont l’air. « La première fois qu’on a fait de la randonnée avec lui [Beghal], on a fait de l’arbalète en tirant sur un tronc d’arbre », raconte Hayat Boumeddiene. Et puis, il y a Smaïn Ait Ali Belkacem, l’auteur des attentats de 1995 dans le RER C, qui évoque Amedy Coulibaly lors d’un coup de téléphone passé depuis sa cellule. Placé sur écoute, il le décrit comme « fiable, déterminé » et « en possession de tout ce dont ils [ont] besoin » pour perpétrer le forfait prévu : l’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem.

Face au rassemblement de terroristes chevronnés et de voyous convertis qui se préparent à faire évader Smaïn Ait Ali Belkacem, les forces de l’ordre procèdent à des interpellations, le 18 mai 2010. Lors des perquisitions, les policiers découvrent, dans un seau rangé à côté du linge, chez Amedy Coulibaly, un lot de 240 cartouches de calibre 7,62 destinées à des fusils d’assaut de type kalachnikov. Cet épisode vaut à Amedy Coulibaly une peine de cinq ans de prison en décembre 2013. Il est libéré en mai 2014.
Dans le cadre du dossier concernant la tentative d’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, les enquêteurs enregistrent le 12 mars 2010, à 19 h 27, une conversation qui leur paraît tout à fait anodine. Un homme répond aux questions de ses interlocuteurs, trois amis enthousiastes lui passent le bonjour et lui promettent de revenir bientôt. Celui qui réceptionne l’appel s’appelle Djamel Beghal. Ceux qui se disputent le téléphone sont Amedy Coulibaly, Chérif Kouachi et Saïd Kouachi.

lemonde.fr

1 COMMENTAIRE

  1. Nous vivons un monde où l’ignorant est son propre ennemi.
    La perte de la foi religieuse de nos dirigeants a atteint un niveau insoupçonné. Et c’est ce qui fait que la vie humaine n’a plus aucune valeur pour eux. Dans leurs recherches de solutions à leurs projets, un être humain est considéré au même titre qu’un objet. Si sa mort peut contribuer à leur solution, ils le font mourir sans aucune hésitation. Il suffira juste d’assurer l’après mort. Et pour ce travail, le concoctage de scénarios par des officines occultes, scénarios à répéter par des milliers de médias coordonnés, est la stratégie, jusque là, utilisée. La meilleure preuve que c’est cette stratégie qui est en cours c’est qu’on nous annonce que 8 présidents africains sont attendus pour une marche en France contre l’attentat. Et quand ils finiront de marcher, leur marche sera la preuve de la « véracité » de tous les mensonges concoctés lors de cet attentat. Et pourtant on nous a bien dit « un terroriste a oublié sa carte d’identité ». Un mensonge copie conforme d’un autre qui l’avait précédé. Et pourtant on nous a bien dit qu’un preneur d’otage a accepté une interview, pendant qu’il tenait à joue ses otages. Mais face à tout cela, le sénégalais moyen se dira que puisque Macky Sall a participé à la marche, alors « ces mensonges ne peuvent être que la vérité ». On le voit donc, il s’agit d’une stratégie de peser de toutes ses forces et moyens sur les esprits pour les empêcher de s’attarder sur les failles qui pourraient faire jaillir la lumière dans les têtes.

    Ainsi les gens oublieront facilement que face à des baisses dans les sondages, Jacques Chirac a eu sa saison de voitures brûlées dans les banlieues. Ce qui lui avait permis d’afficher une fermeté face au terrorisme et de remonter dans les sondages. Sarkozy avait eu son Merah, exécuté au moment où il se demandait pourquoi. Ce qui lui avait permis d’afficher une fermeté face au terrorisme, et de remonter dans les sondages, même s’il n’a pas gagné. Et Hollande vient d’avoir son Charlie Hebdo. Ce qui lui a permis d’afficher une fermeté face au terrorisme.

    Un marketing politique macabre, une diabolisation de l’Islam en sus.

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