Les résultats provisoires des législatives sont publiés par la Cour d’Appel. Comme prévu, la coalition Benno Bokk Yaakar s’est taillée la part du lion, raflant les 119 sièges sur les 150 en compétition. Dès lors, tous les regards sont tournés vers le poste de président de l’Assemblée qui suscite toutes les convoitises.
Même si Niasse est en pôle position, il ne manque pas de rivaux que ce poste fait saliver, ce qui laisse penser que le chemin qui mène au perchoir sera jalonné de croc-en-jambe et autres peaux de banane. Après avoir mené la barque Benno Bokk Yaakar au triomphe, sera-t-il porté au perchoir par ses alliés ou sera-t-il laissé à quai ? Cette question s’impose d’autant que Niasse a été, en 2000, le faiseur de roi qui a permis à Abdoulaye Wade de terrasser son rival de toujours, le Parti socialiste. Après s’être investi matériellement et physiquement pour le triomphe du Sopi, il a été nommé Premier ministre pour 11 mois avant d’être trahi par Wade. En bon politicien, désireux de régner sans partage, il n’a pas hésité, après seulement trois mois de compagnonnage, à lâcher la bride à ses partisans qui ont commencé à attaquer l’allié devenu encombrant, avant qu’il ne lui donne le coup de grâce, rompant ainsi le contrat de confiance qui avait prévalu durant la longue marche qui a conduit à l’avènement de l’alternance. Aujourd’hui, l’histoire semble vouloir se répéter. Après avoir aidé Macky Sall à balayer le régime du Sopi et conduit la coalition Benno Bokk Yaakar à la victoire, la logique voudrait qu’il devienne le président du Parlement. Mais certaines sorties des proches de l’actuel locataire du palais de la République ne sont guère rassurantes pour Niasse et laissent croire que le poste risque d’être âprement disputé. Moustapha Cissé Lô, dont la proximité avec Macky Sall n’est plus à démontrer, a longtemps affiché la couleur. Il a toujours déclaré que son ambition, c’est la présidence de l’Assemblée ou rien. Il l’a clamé sur les toits et n’entend pas reculer. D’autres indiscrétions font état d’un autre candidat que l’on est en train de préparer dans les officines du palais. Même si le président de la République évoque la séparation des pouvoirs, il ne fait aucun doute que le choix du président ne peut le laisser indifférent lui qui s’est impliqué dans la campagne.
En tout cas, Moustapha Niasse a du souci à se faire et doit protéger ses arrières. Même s’il accède au perchoir, il n’est pas pour autant à l’abri d’un coup fourré, d’autant que le mandat est d’un an renouvelable. Un subterfuge élaboré par Feu Jean Collin du temps de sa puissance pour déchoir Daouda Sow de son perchoir alors qu’ils étaient en pleine brouille. Wade aussi n’a pas hésité à en recourir pour en faire de même avec Macky Sall avec les péripéties que l’on sait. Les alliés de Niasse sont pour la plupart des ex compagnons du très rusé Wade et ne manqueront pas de retenir certaines de ces leçons en cas de…cas. A moins que le mandat ne soit ramené à cinq ans comme il était de coutume. Toujours est-il que le président de la République a promis une gouvernance vertueuse, qui sera celle de la rupture. Le proche avenir nous édifiera certainement…
Source : La Tribune avec xalimasn.com