Assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel le 15 mai 1993:Le dossier judiciaire disparaît.

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Le dossier judiciairede Me Sèye volatilisé

Tout a été fait pour que plus jamais on ne parle de l’affaire de l’assassinat du juge constitutionnel Me Babacar Sèye. Les meurtriers avaient été élargis, graciés au lendemain de l’accession du Président Wade au pouvoir, une loi d’amnistie a été votée et comble, les archives judiciaires ont été délestés de ce dossier fort encombrant. Il n’y a plus de traces de l’affaire Me Sèye au greffe de la Cour d’appel de Dakar.

Par Madiambal DIAGNE

ImageLe verdict prononcé par la Cour d’assises de Dakar en 1994, reconnaissant  Amadou Clédor Sène, Pape Ibrahima Diakhaté et Assane Diop coupables du meurtre le 15 mai 1993 de l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye, n’avait pas satisfait tout le monde. Les peines prononcées, à savoir vingt deux ans et vingt ans de réclusion criminelle, paraissaient insuffisantes. Mieux, le verdict était difficile à accepter en raison de l’absence de commanditaires de ce meurtre politique. Ainsi, d’aucuns n’avaient de cesse de demander la révision du procès. Mais à son arrivée au pouvoir en 2000, le Président Wade s’est évertué à effacer dans l’histoire du Sénégal toutes traces de ce crime pour lequel il avait été fortement accusé. Aussi, dans cette optique, a-t-il posé de nombreux actes. Il a procédé à l’élargissement de prison de Amadou Clédor Sène et de sa bande par le biais d’une grâce présidentielle en février 2002. Curieusement, après neuf ans de réclusion criminelle, Amadou Clédor Sène et ses acolytes sont devenus riches comme Crésus. Le propre père de Amadou Clédor Sène trouvera des fonctions officielles, nommé qu’il a été par le Président Wade. La famille de Me Babacar Sèye n’a pas non plus été oubliée, car une opération de «dédommagement» a été faite avec le partage entre les héritiers, par les soins de l’agent judiciaire de l’Etat, de la rondelette somme de cinq cent millions (500 millions) de francs Cfa. Last but not least, la majorité parlementaire libérale avait initiée et fait voter le 7 janvier 2005 une loi d’amnistie baptisée Loi Ezzan du nom du député de Kaffrine, feu Isidore Ezzan. Cette loi controversée était censée rayer ce meurtre politique définitivement de la mémoire institutionnelle du Sénégal.
Un autre acte qui enterre définitivement le dossier était posé ; un acte jusque-là inconnu du grand public. Le dossier Me Sèye a été subtilisé des archives judiciaires et ceci depuis belle lurette. D’ailleurs, cela avait été l’un des premiers actes posés par le régime du Président Wade. En effet, le Président Wade avait instruit son ministre de la Justice Basile Senghor de demander communication du dossier Me Sèye. La procédure de communication de dossiers judiciaires est des plus légales entre le ministère de la Justice et les juridictions. Le ministère de la Justice ne s’était donc pas fait prier et avait-il demandé le dossier au Procureur général de l’époque près la Cour d’Appel de Dakar, Papa Bougouma Diène. Ce dernier instruira la greffière en chef de la Cour d’appel, Me Hélène Diop, de sortir le dossier des archives judiciaires de la juridiction pour le lui communiquer. Me Hélène Diop s’exécuta non sans exiger une lettre officielle de demande de la part du Procureur général. Un fonctionnaire de l’administration de la Justice témoigne : «Le Procureur général n’avait pas voulu, dans un premier temps, faire la lettre car il n’avait pas exigé de même de son ministre de tutelle. Mais devant l’intransigeance de la greffière en chef, il ne pouvait faire autrement.» Ainsi laissera-t-il une trace par lettre au greffe de la Cour d’appel. Me Hélène Diop transmettra le fameux dossier Me Sèye par courrier officiel en exigeant une décharge en bonne et due forme. Le procureur général de refiler alors le dossier à sa hiérarchie. Un gendarme en motard était venu chercher le dossier se remémore un fonctionnaire. Depuis ce jour, le dossier n’est plus revenu à la Cour d’Appel. Les différents ministres de la Justice qui se sont succédé, depuis lors, n’ont pas non plus revu le dossier. Perdu dans les méandres du pouvoir. Résultat des courses : plus personne de pourra rouvrir le dossier Me Sèye, car toutes les pièces auront disparu. De toute façon, en prélude au dix-septième anniversaire de l’assassinat de ce juge constitutionnel, une partie de la famille de Me Babacar Sèye prévoit de poser un acte inédit en donnant une conférence de presse ce jeudi 13 mai à Dakar.
lequotidien.sn

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