Comment l’Arabie saoudite envisage sa coalition contre l’Etat islamique

Date:

Depuis Riyad, le ministre de la défense et vice-prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salman, le nouvel homme fort du royaume, a annoncé, mardi 15 décembre, la formation d’une coalition de 34 pays musulmans « contre le terrorisme ». Par ce groupement « de volontaires » aux objectifs et aux moyens encore vagues, qui vise notamment l’organisation Etat islamique (EI) sans la nommer, le royaume entend se présenter en rempart du monde sunnite contre l’extrémisme et répondre aux critiques occidentales sur son manque d’engagement dans la lutte contre l’EI.

Quels pays cette initiative rassemble-t-elle ?

Cette coalition rassemble des pays du Sahel et d’Afrique noire, du Maghreb, d’Afrique de l’Est, l’Egypte, la Turquie. Le Pakistan et la Malaisie, annoncés comme membres, ont nié depuis avoir donné leur accord pour en faire partie. Le ministère des affaires étrangères pakistanais a dit n’avoir pas été mis au courant de la création de cette coalition : signe d’une certaine précipitation dans l’annonce. La coalition exclut ostensiblement l’Iran chiite et ses alliés irakien et syrien. Un centre de coordination doit être mis en place à Riyad dans les prochaines semaines.

Pourquoi Riyad met-elle sur pied cette coalition?

Les attentats du 13 novembre à Paris ont suscité de vives critiques contre le royaume saoudien, accusé de double jeu à l’égard de l’EI. Riyad est notamment accusé de financer la diffusion à travers le monde des préceptes wahhabites, un courant de l’islam ultrarigoriste, dont le salafisme djihadiste est une excroissance violente.
Quatre jours après les attentats, Manuel Valls avait dû rappeler n’avoir « pas de raisons de douter de l’engagement » du gouvernement saoudien contre le groupe.
Sur le papier, le royaume saoudien appartient déjà à la coalition anti-EI lancée par les Etats-Unis en septembre 2014. Mais ses avions ont vite déserté le ciel syrien et ils n’ont jamais opéré en Irak.
Ils sont engagés depuis mars au sein de la coalition arabe menée par Riyad au Yémen, dans une guerre contre la rébellion houthiste, perçue comme une tête de pont de l’Iran chiite à la frontière saoudienne.
Outre le fait que cette intervention limite les ressources que Riyad pourrait allouer à la lutte contre les djihadistes, elle a permis une montée en puissance des branches locales d’Al-Qaida et de l’EI dans la ville d’Aden et dans l’est du pays. Une expansion sur laquelle le royaume est accusé de fermer les yeux.

Quelles seront les missions de la coalition ?

La coalition comprend un volet sécuritaire et militaire : échange de renseignement, entraînement, équipement et déploiement de forces « si nécessaire », selon les demandes et les moyens disponibles, au cas par cas.
Un volet « idéologique » doit permettre de développer des outils pour contrer les capacités d’endoctrinement des groupes djihadistes, omniprésents sur les réseaux sociaux, mais également la propagande du califat autoproclamé d’Abou Bakr Al-Baghdadi, en rivalité ouverte avec l’Arabie saoudite pour le leadership sunnite.
Où la coalition projette-t-elle d’intervenir ?
Le chef de la diplomatie saoudienne, Adel Al-Joubeir, a déclaré, mardi, qu’« aucune option n’[était] écartée de la table », avant de préciser que le royaume envisageait, avec Bahreïn, le Qatar et les Emirats arabes unis, de déployer des forces spéciales en Syrie.

Comment cette coalition se positionne-t-elle par rapport aux Occidentaux ?

Dans la ligne de l’autonomisation de la politique saoudienne vis-à-vis de l’allié américain, poursuivie depuis l’arrivée au pouvoir du roi Salman, en janvier, l’annonce de cette coalition paraît avoir surpris Washington.
Le secrétaire américain à la défense, Ashton Carter, a estimé qu’elle paraissait « tout à fait dans la ligne de ce que nous demandons depuis un bon moment : une plus grande implication dans la campagne contre l’EI des pays arabes sunnites ».

Comment l’initiative saoudienne va-t-elle s’insérer dans l’agenda international ?

L’annonce saoudienne a été faite alors que le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’entretenait à Moscou avec son homologue, Sergueï Lavrov, et avec le président russe, Vladimir Poutine, pour rapprocher leurs positions sur la Syrie. Le sujet qui fâche, l’éviction du président syrien Bachar Al-Assad du pouvoir, a été soigneusement mis de côté.
Après six heures de discussions, John Kerry a obtenu la promesse de Moscou que la réunion, au niveau ministériel, du groupe de soutien international à la Syrie aurait bien lieu le 18 décembre à New York.
Les deux parties se sont accordées sur la nécessité de parvenir à de « nouvelles étapes » à New York pour mieux coordonner les frappes contre l’EI. « La Russie et les Etats-Unis voient la Syrie d’une façon très similaire. Nous faisons face aux mêmes dangers, au même défi : Daech [acronyme arabe de l’EI] », a estimé M. Kerry.
Moscou et Washington souhaitent l’adoption d’un « projet de résolution » au Conseil de sécurité de l’ONU qui « entérine les principes établis par les documents de Vienne ». Les déclarations de Vienne du 30 octobre et du 14 novembre ont été signées par 17 pays, dont la Russie et l’Iran, alliés du régime Assad, et les parrains de l’opposition, comme l’Arabie saoudite. Elles appellent à la reprise des négociations entre le régime et l’opposition en janvier et à l’instauration, dans les six mois, d’un gouvernement d’union.

Une unité de vue sur les « cibles » à combattre s’esquisse-t-elle entre les différents pays intervenants en Syrie ?
Le marathon moscovite n’a pas été exempt de petits rappels sur les différences. John Kerry a glissé dans les conversations son « inquiétude » sur les cibles visées par l’aviation russe. La Russie – qui dit avoir mené 4 000 raids depuis le début de son intervention, fin septembre – est accusée de viser des groupes de l’opposition modérée à Bachar Al-Assad. Moscou a pour sa part accusé Washington de vouloir continuer à faire le tri entre les « bons et les méchants terroristes ».
Seuls l’EI et la branche syrienne d’Al-Qaida, désignés comme l’ennemi commun, ont été exclus de la réunion convoquée à Riyad, les 8 et 9 décembre. Les principaux courants de l’opposition syrienne, politique et militaire, se sont entendus sur une plate-forme commune et un comité chargé de superviser les futurs pourparlers.
L’état-major russe a semé la confusion en affirmant que « 5 000 » rebelles syriens combattaient contre l’EI « en coordination » avec Moscou et les troupes gouvernementales syriennes. L’Armée syrienne libre, la branche modérée de la rébellion, dément recevoir une quelconque aide de Moscou, et affirme que ses positions sont toujours bombardées par les raids aériens russes.

lemonde.fr

2 Commentaires

  1. Ils se moquent de qui ces Saoudiens? Ils ont seme le desordre a travers le monde musulman et maintenant que le monstre qu ils ont cree menace leur pouvoir ils viennent nous parler de coalition!!!!Commencez par revoir la facon dont vius traitez les etrangers chez vous. Vous ne nous respectez pas et vous etes les premiers a appeler au secours. Man please!!!!!

  2. Ils se moquent de qui ces Saoudiens? Ils ont seme le desordre a travers le monde musulman et maintenant que le monstre qu ils ont cree menace leur pouvoir ils viennent nous parler de coalition!!!!Commencez par revoir la facon dont vius traitez les etrangers chez vous. Vous ne nous respectez pas et vous etes les premiers a appeler au secours. Man please!!!!!

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Afrique-Kenya : Des inondations font plus de 40 morts après la rupture d’un barrage

XALIMANEWS-La rupture d'un barrage à une centaine de kilomètres...

Afrique-Togo/Élections législatives et régionales : un scrutin inédit sur fond de nouvelle Constitution

XALIMANEWS-Plus de quatre millions d’électeurs togolais sont appelés aux...