De la nécessité d’une représentation de la diaspora sénégalaise dans les institutions

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En France, comme dans tous les pays étrangers, la vie des sénégalais est organisée autour de la question du double espace : le Sénégal et le pays d’accueil. Elle est règlementée par le biais d’accords de coopération bilatérale dont les conventions sociales et fiscales (sécurité sociale, retraites, allocations familiales et vieillesse, impôts…). Les sénégalais, dans ce double espace, rencontrent souvent des difficultés qu’ils veulent légitimement porter à la connaissance des institutions et organes gouvernementaux et souvent ces difficultés découlent de conventions négociées et signées sans que la population concernée ne soit à un moment associée. Dans le domaine des conventions sociales et fiscales qui engagent leur propre vie et celle de leurs familles, les Sénégalais ont besoin d’une totale transparence et les gouvernants ont un devoir d’écoute, d’information et de consultation à l’endroit de la diaspora sur le contenu des différents accords.
En conséquence, la diaspora sénégalaise doit s’organiser pour se positionner de façon incontournable comme véritable acteur de développement pour le Sénégal, mais aussi comme force de proposition lors des négociations. La Structuration des acteurs de la diaspora (associations, organisations et groupements professionnels) et leur représentation dans les institutions est nécessaire et est la meilleure approche pour recenser, inventorier des ressources et compétences utiles pour elle et pour le pays.
La seule manière efficace et bénéfique de mettre les diverses compétences des sénégalais de l’extérieur au service du développement socio-économique du Sénégal, c’est de leur donner l’opportunité de se choisir par le biais du suffrage universel des représentants légitimes et légaux dans diverses institutions. Permettre les sénégalais de l’extérieur de choisir de façon démocratique et transparente leur représentants au sein d’un organe consultatif des sénégalais de l’extérieur et les autoriser à désigner librement en leur sein des députés, serait leur permettre de mieux se structurer en fédérant leurs différents projets en faveur du Sénégal, tout en mettant en synergie des pratiques innovantes d’intégration qui rehaussent l’image du Sénégal dans les différents pays d’accueil.
A l’instar des grandes démocraties, le Sénégal qui se projette pays émergent à l’horizon 2035, ne peut faire l’économie des réformes institutionnelles et modernisatrices devant propulser son administration en bond qualitatif. Le pays a bien besoin de la révision constitutionnelle qui introduit la représentation à l’Assemblée Nationale des Sénégalais de l’extérieur, comme c’est le cas en France ou en Algérie. Ce sera bientôt le cas au Niger où l’Assemblée nationale a voté en 2013 le projet de loi modifiant le code électoral permettant ainsi la création de circonscription électorale pour la Diaspora nigérienne. En France depuis les législatives de 2012, 2,3 millions de Français résidant à l’étranger sont représentés à l’Assemblée nationale par onze députés : six députés pour les Français résidant en Europe, deux pour ceux résidant en Amérique et en Afrique et un pour ceux résidant en Asie ou en Océanie. Le Sénégal en chantier d’émergence ne doit pas rater ce train de la modernisation de ses Institutions.
Pour que la diaspora sénégalaise soit en capacité d’influencer l’essor économique du pays, elle se doit d’avoir un minimum d’organisation. Elle se doit d’intégrer dans son fonctionnement la notion basique de solidarité citoyenne, de favoriser un climat de solidarité susceptible de formater un cadre approprié de valorisation des ressources humaines vivant à l’étranger. Il doit y avoir aussi au niveau étatique un minimum de confiance dans les institutions gouvernementales. Confiance qui sera recherchée, entretenue et renforcée par d’une part la mise en place d’un organe consultatif central qui joue le rôle d’interface entre les représentant du gouvernement et les Sénégalais de l’Extérieur et d’autre part la présence à l’Assemblée nationale de députés des sénégalais de l’extérieur.
Le Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur (CSSE) a été créé par décret n°95-154 du 9 février 1995. Il avait pour mission, en tant qu’organe consultatif, d’apporter sa contribution à l’action du Gouvernement en matière de gestion, de protection et promotion de nos compatriotes expatriés tout en servant de relai entre l’Etat et les associations des Sénégalais de l’Extérieur. Le CCSE a été recrée en 2010 par décret N° 2010-241 du 1er mars 2010, composé de 75 membres : 30 élus par un collège électoral formé de représentants désignés par les associations de ressortissants Sénégalais, 45 désignés par le Président de la République. Le Président du Conseil Supérieur des Sénégalais de l’Extérieur est nommé par le Président de la République parmi les membres qui le composent sur proposition du Ministre chargé des Sénégalais de l’Extérieur. Cette configuration, comme celle qui l’a précédée n’a jamais fonctionné. D’une part, parce que les membres n’y sont que pour des raisons partisanes et non parce que représentatifs des sénégalais de l’extérieur. D’autre part le CSSE a été victime d’une paralysie dans son fonctionnement et d’une absence de financement et par conséquent de réunions des organes directeurs, notamment son bureau. Seule une institution conçue, dotée de moyens et de ressources humaines et financières et créée dans le cadre d’une démocratie participative est à même de valoriser les multiples ressources (humaines et financières) que recèle la communauté des Sénégalais de l’extérieur au profit du pays.
La population vivant à l’extérieur (en France par exemple) est parfois plus importante que la population de certaines grandes villes du Sénégal qui, elles ont des représentants à l’assemblée nationale. Des nouveaux députés donnent une possibilité pour les sénégalais de l’étranger d’être mieux représentés et suffisamment structurés.
Le député des Sénégalais de l’extérieur aura deux fonctions. Pour l’une, il devra être l’écho auprès du gouvernement, des instances de l’exécutif national ou des administrations centrales, des préoccupations spécifiques des sénégalais de l’extérieur, en tenant compte de la particularité et de la diversité de la circonscription regroupant des citoyens sénégalais installés dans plusieurs pays. Pour l’autre, la particularité essentielle en est que la Loi sénégalaise n’a pas cours sur le territoire des pays d’accueil, d’où des domaines d’interventions plus limités. Le député des sénégalais de l’extérieur devra s’occuper de tous les aspects de la vie quotidienne pour lesquels les représentations diplomatiques n’ont que peu de possibilité d’intervention. Il aura un rôle important à jouer dans la mise à disposition d’informations utiles pour des investisseurs sénégalais vivant à l’étranger. Ce qui, manifestement, est dans bien des cas encore défaillant au sein de nos représentations consulaires. Il devra donc être issu de la diaspora en termes de critère de résidence, puisque l’on ne peut pas être un député de la diaspora en résidant en permanence au Sénégal.
En conclusion, au regard de ce que représente les sénégalais de l’extérieur en termes de potentiel socio-économique qu’il convient de mettre au service du développement, la diaspora se doit être force de propositions. Au-delà des sujets centrés les droits sociaux et libertés et les questions d’investissement et d’habitat, les questions économiques, elle doit se poser la question de sa représentation et de sa structuration, mais aussi de son rôle comme acteur de développement dans le cadre de la coopération avec les pays d’accueil.
La Fédération des sénégalais de Diaspora (FFSD) participe de ce processus de réflexion et de mise en place de cadres démocratiques, participatifs et représentatifs des sénégalais de l’extérieur. Elle vous convie à la « Rencontre de la FFSD » qu’elle co-organise avec l’association « Bol d’Or » le 28 février 2016 à l’Olympic Café, 20 Rue Léon, 75018 Paris de 14h à 18.
Abdou SONKO
Président de la Fédération Française des Sénégalais de la Diaspora (FFSD)
[email protected]

2 Commentaires

  1. Pour commencer ce gars (Abdou SONKO) est un menteur il n’est président que de lui même et de 4 ou 5 pelés en mal de reconnaissance. Le comité dont il parle n’a qu’un président il s’appelle Amadou SYLLA. Ce gus ne sait même pas quand la FSD a été mis en place ni comment

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