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Et si on se libérait des entraves au développement national ? (Par Wagane Faye)

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Le contexte politique national continue d’étonner la majorité de la population. Du fait, sans aucune exagération, de l’accentuation de l’état de panne qui caractérise le pouvoir institutionnel, dans sa totalité. La panne n’est rien d’autre que la persistance d’une situation de non État continue.
Le peuple baigne depuis 2000 dans un océan d’incertitudes et rien ne permet de configurer une issue heureuse.
D’ailleurs le premier trimestre de l’année 2020 renforce l’existence d’une spirale du désordre et du chaos. Si l’on évalue l’intensification maximale de la pratique de l’agitation et de la propagande. Or bon nombre de Sénégalais estimait que l’élection Présidentielle de février 2019 aiderait à la résolution de la situation de non État apparue depuis 2000.

Le Sénégal a enregistré son premier cas de non État le premier janvier 1981. Car la fracture étatique provient, essentiellement, du retrait du Président Senghor en 1980.
Peut être que certains estimeront que la naissance du non État remonte à 1962 au lieu de 1980. Alors qu’elle est intervenue depuis le premier janvier 1981. Avec la présence au sommet de l’État du ministre d’État Secrétaire Général de la Présidence qui confirmait une dyarchie de fait. Abdou Diouf et Jean Collin restaient les seules autorités disposant de compétences intrinsèques et réelles. Bien qu’un Premier Ministre existait dans l’organigramme de l’État du Sénégal.
En somme le caractère hybride du système de gouvernance devenait une barrière infranchissable. Et rendait, sans conteste, le Secrétaire Général de la Présidence infranchissable ou incontournable. Car il était, de fait, le sommet de la pyramide de l’autorité de l’État du Sénégal.
Le format a été, malheureusement , consolidé par Abdoulaye Wade et Macky Sall entre 2000 et 2019. Le non État est resté, par conséquent, assis sur un super présidentialisme.
D’ailleurs l’absence de légitimité politique et de représentativité populaire ont, dans une totale mesure, renforcé le centralisme dirigeant. Parce que le Chef de l’État marche avec un groupe de coalitions et n’est contrôlé par aucune formation politique représentative des militants et des citoyens. L’atypisme de la coalition confirme le caractère non orthodoxe de la Majorité qui n’est que factice. Et réarme le centralisme dirigeant, rendu puissant, par l’expression du culte de la personnalité.
Enfin, l’avènement de la coalition au Sénégal est venu fausser , de fait, beaucoup de règles du jeu démocratique. Compliquant, par là, l’encadrement de la pratique démocratique qui, avions nous estimé, avait atteint le stade de la démocratie délibérative. Or, de nombreux faits ou actes montrent, démontrent et prouvent que la confusion des pouvoirs se substitue , sans nuance, à la séparation des pouvoirs.
Le présidentialisme mérite attention.

Le Sénégal, en tant qu’État, présente une gouvernance boiteuse et n’arrive guère à s’en sortir. Du fait de l’électoralisme qui constitue, malheureusement la meilleure porte pour conquérir et garder sans fin le pouvoir entretenu par le diktat des coalitions.
D’ailleurs, l’expédient coalition et son corollaire, la concussion, demeurent les causes qui génèrent les seules raisons qui bloquent le développement national.
Le Sénégal n’évolue pas du fait de la bureaucratie soutenue par le pouvoir de l’argent qui aide à gouverner contre le peuple.
Donc, la gouvernance reste problématique du fait d’un laxisme devenu total. Parce que le choix des compétences décisionnelles se fait sur la base unique d’un subjectivisme fondé essentiellement sur

  • Le militantisme
  • Le clubisme
  • L’appartenance confessionnelle, régionaliste et philosophique.

Les populations ont désormais un État Business et non un État Protecteur et Agent de Développement.
Personne, aujourd’hui, ne pense à un avenir assuré ou garanti. Bien que le Sénégal regorge de dotations factorielles importantes et de ressources humaines de qualité. Or la situation de non État devient, de jour en jour, pesante sur tout le peuple. Qui ne cesse de s’interroger, voilà trente ans, sur le laxisme ou le motif des échecs enregistrés dans la mise en oeuvre des politiques nationales afférentes à l’emploi et au travail.
En somme, l’inactivité qui caractérise une part significative de la jeunesse appelle attention. Car elle constitue la proportion la plus importante de la population générale du pays .
Demain est menacé parce soixantaine dix pour cent des Sénégalaises et des Sénégalais ont entre dix et trente ans .
Certains jeunes sont nantis de diplômes conformant leurs capacités professionnelles théoriques et pratiques. D’autres possèdent des diplômes en connaissances générales. Et il y en a qui n’ont aucune présomption de capacité.
Une telle insécurité condamne l’État à revoir son approche en éducation. Pour éviter, d’abord, l’expansion d’un catastrophisme citoyen et, ensuite, une colère populaire noire généralisée.
De plus la mutation de l’État Protecteur en État Business aura favorisé la consolidation de l’implantation des puissances financières non africaines qui contrôlent la macroéconomie. Les non nationaux africains sont très présents dans le secteur tertiaire. Surtout dans la distribution.
Ce qui étonne les populations c’est que l’inactivité de la jeunesse n’arrête de progresser . Et que les gisements du tertiaire soient le monopole des non nationaux africains qui occupent, par exemple, les deux tiers du sous secteur de la distribution.
Cette situation trouble le peuple qui invite l’État, sans être ostraciste, à bien encadrer toutes les professions générées par le commerce. Dés lors que le marché de la formation produit une demande très élevée.
Devant l’accentuation du non emploi et du non travail une correction s’impose. Afin que la jeunesse puisse, dans un proche futur, quitter le dénuement dans lequel elle vit.
Ce présent appel n’a de valeur que si son objet est bien compris. Car tout retard dans la mise en action du redressement souhaité risque d’engendrer un immense et énorme préjudice à l’encontre de la jeunesse. Cette jeunesse qui est, au demeurant, la grande victime de l’insécurité due au sans emploi et au sans travail.
Il est, par conséquent, nécessaire et urgent de reconsidérer la stratégie déployée depuis mille neuf cent soixante dix en politique de l’emploi. Devant l’étroitesse continue du marché du travail.
L’inquiétude populaire grandit de jour en jour alors qu’il n’y a aucune riposte conséquente ou en corrélation avec le combat à livrer contre l’inactivité de la jeunesse.
Le peuple apostrophe l’État Protecteur et Développeur qui, voilà trente ans, a laissé prospérer une situation de non État. Fait qui empêche, de manière effective, le développement national.

Wagane Faye
Professeur d’Anglais
E-mail : [email protected]

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