Facebook au cœur de la contestation sénégalaise

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u Sénégal, le célèbre réseau social n’est plus seulement une fenêtre pour se faire voir. Il est devenu un moyen de subversion.

A chaque époque ses moyens techniques qui accompagnent les révolutions. Au début des années 80, l’apparition du magnétoscope, du minitel ou encore du câble ont été salués comme la culture à la portée de tous. Aujourd’hui, c’est la puissance des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter ou encore YouTube qui est mis à contribution.

Décrié par certains, du fait qu’il donne une porte ouverte sur la vie privée de ses utilisateurs, Facebook s’est trouvé un nouveau rôle au Sénégal. Le réseau social le plus populaire au monde a révolutionné le quotidien des habitants de ce pays d’Afrique de l’Ouest en devenant un espace d’affrontements idéologiques. Ils sont des milliers à y exprimer ouvertement leur mécontentement face aux dérives du pouvoir. Une colère qui grossit chaque jour un peu plus.

«Contrewade», qui rassemble près d’une quinzaine de groupes, a été lancé sur la Toile en juin 2011. Grâce au réseau, la nouvelle coalition, née de la journée de manifestations du 23 juin, entend peser de tout son poids sur le destin du pays.

Les groupes, «Y’en a marre», «Deloci goor» (Retour à la dignité), Les «Enchaînés de la République», «Y’en a marre des députés de Wade»,  «Wade dégage», «Socialisme République Sénégal», «Doyna Seuk» (Ça suffit), «Réhabilitons notre Sénégal», «Non à la manipulation de la Constitution pour un 3e mandat de Wade», «Non à la candidature anticonstitutionnelle de Wade en 2012», «Touche pas à ma Constitution», «Action générale Wade dégage», ou encore «Révolution sénégalaise» totalisent plus de 70.000 membres sur les 4,4 millions de Sénégalais inscrits sur Facebook.

Tous échangent, protestent et organisent des événements pour plancher sur des actions concrètes à dérouler pour «sauver le pays» de ce que l’on appelle la «dévolution monarchique du pouvoir».

Manifestations du 23 juin: Facebook met le feu aux poudres

Un soulèvement populaire était impensable avant la révolte du 23 juin 2011. Pour la première fois au Sénégal, une manifestation citoyenne prenait une telle envergure. Des milliers de jeunes avaient pris d’assaut les rues de la ville, et même au-delà, pour protester contre le projet de ticket présidentiel d’Abdoulaye Wade, qui élirait le chef de l’Etat avec 25% des voix au premier tour du scrutin.

Une quatorzième modification constitutionnelle en dix années d’alternance. Le tripatouillage de trop. Les Sénégalais appellent sur la Toile à l’insurrection. Très vite, la révolte commence à s’organiser sur Facebook et il s’y développe un sentiment d’appartenance commun.

Le groupe «Mettre la pression aux députés» fait circuler des menaces et promet de brûler les maisons de ces derniers, qu’il considère comme les «complices des ruses de Wade». D’autres, encore plus radicaux, décident simplement de barrer la route aux députés pour accéder à l’hémicycle. Ils appellent à la manifestation devant la place Soweto, au centre de l’avenue de l’Assemblée nationale.

Le groupe «Tous devant l’Assemblée nationale» compte près de 580 membres aux premières heures de sa création. Une audience massive est très vite rassemblée grâce au réseau social et à travers les SMS échangés. Au matin du 23 juin, l’appel à la manifestation se transforme en révolte populaire. Des émeutes éclatent à travers tout le pays. Wade débordé, retire son projet de loi.

Une tonalité antisystème

Dès lors, la jeunesse engagée de Dakar ne cessera plus d’user de cet espace, où la censure à très peu prise, pour se faire entendre. Pour la journée de manifestations du 23 septembre, les groupes de pression incitent de nouveau à protester pour obtenir l’invalidation d’une troisième candidature du chef de l’Etat.

«Sortez en masse pour répondre à l’appel de la Patrie pour empêcher la candidature de Wade qui a déjà corrompu les juges du conseil constitutionnel avec nos milliards et notre patrimoine foncier. De source sûre, ils ont promis à Wade de faire valider sa candidature», a posté un dissident qui se fait appeler «Libérer Sénégal».

«Wade dégage!» et «Libérez le pays» sont les principaux messages qu’on peut lire sur le mur de la page du groupe Action générale Wade dégage. Les dernières révélations de WikiLeaks qui mettent en cause Karim Wade, le fils du président, et les déclarations fracassantes de Robert Bourgi font encore monter la mayonnaise.

«Onze années de trafic de drogue, de scandales financiers, de blanchiment d’argent, d’assassinats d’honnêtes hommes, de sacrifices d’entreprises nationales, d’augmentation du taux de chômage. Alors que souhaitez-vous? L‘enfer ou le retour à une vie plus stable? A chaque Sénégalais de juger, de choisir son destin. Quand le feu éclatera au Sénégal nous périrons tous. Même si nous ne vivons pas au Sénégal, nos familles qui y sont comptent aussi», alerte un internaute.

 D’autres, plus virulents, accusent Viviane Wade, la Première dame du Sénégal d’être au centre de toutes les manigances qui se trament au sein de la République. Certains n’hésitent pas à proférer des menaces: «Wade et sa famille ont bouffé notre argent et ils paieront». On présente le chef de l’Etat comme un «vieux fou, paranoïaque» et on ne manque pas de l’insulter. «Assassin, dictateur, anti-démocratique». Les dissidents, qui prétendent ne pas être encartés, ne font pas dans la demi-mesure

Mais le pouvoir n’est pas la seule cible des Sénégalais mécontents. C’est le bilan de cinquante années de vie politique qui est remis en cause. Plus qu’un régime particulier, c’est la manière de faire de la politique au Sénégal que ces révolutionnaires en ligne contestent.

Lala Ndiaye

SLATEAFRIQUE.com

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