Les propriétaires des bus Tata se désolidarisent du syndicat des travailleurs du transport routier du Sénégal qui a décrété, dimanche dernier, un mot d’ordre de grève de 72 heures à partir d’aujourd’hui.Décidée à assurer le service, l’Aftu demande à l’Etat d’assurer la sécurité de ses bus.
Les minibus de la marque ‘Tata’ font défection. L’Association pour le financement du transport urbain (Aftu) ont décidé de ne pas suivre le mot d’ordre de grève de 72 heures décrété par le syndicat des travailleurs du transport routier du Sénégal à partir d’aujourd’hui. Ils l’ont fait savoir hier lors d’un face-à-face avec la presse. ‘Nous n’allons pas nous laisser guider par les syndicalistes qui n’ont aucun véhicule de transports dans la circulation. Ces gens assurent leur survie grâce aux mandats que nous leur versons dans les gares routières’, lance d’emblée le secrétaire général de l’Aftu, Djibril Ndiaye. Très en verve, il souligne que leur structure n’avait pas participé à la grève des transporteurs des 02 et 03 janvier dernier, mais était contrainte de garer ses véhicules au risque de voir des nervis s’y attaquer.
Cette défection, le secrétaire général de l’Aftu l’explique par le fait qu’ils ne partagent pas les mêmes préoccupations que leurs autres collègues du transport en commun. Car, selon lui, le syndicat des travailleurs du transport routier ne peut pas, dans sa plate-forme revendicative, exiger de l’Etat la réduction du prix du carburant sans tenir compte de la conjoncture mondiale.
Par ailleurs, Djibril Ndiaye soutient que ‘c’est parce qu’ils sont conscients de ne pas pouvoir supporter cette hausse du prix du carburant que l’Aftu a pris la décision d’augmenter de prix du transport de 25 francs à 75 francs, selon la destination des usagers’. En plus de cela, ajoute-t-il, ‘notre association a pris des engagements auprès des banques et de l’Etat qu’elle doit respecter’. En effet, rappelle Ndiaye, l’Aftu s’est engagé à s’acquitter d’un versement mensuellement auprès des banques et a promis à l’Etat, qui lui permis d’acquérir ses bus, de faciliter le déplacement de la population dakaroise. Donc, elle ne veut pas manquer à ses engagements vis-à-vis de ces derniers.
Décidée à accomplir son devoir, l’Aftu demande à l’Etat d’assurer sa mission régalienne, en protégeant les transporteurs qui veulent exercer. ‘Nous invitons l’Etat de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer notre sécurité. Nous allons continuer à assurer le service dans nos lignes habituelles afin de permettre aux populations de vaquer à leurs occupations’, annonce le secrétaire général des propriétaires de minibus Tata.
Djibril Ndiaye renseigne par ailleurs que les busTata assurent 85 % du déplacement de la population. ‘Les bus Tata sont au nombre de 900 et circulent sur plus de 60 lignes. Nous avons réussi à désenclaver les zones les plus reculées de Dakar’, argue-t-il. Toutefois, Ndiaye pense que l’Etat doit entamer des négociations avec les grévistes, avant le démarrage de leur mouvement d’humeur, pour ne pas pénaliser la population qui utilise les autres moyens de transport.
Partageant le même avis que son secrétaire général, Momar Faye, président du mouvement des travailleurs de l’Aftu, soutient que le nombre de minibus Tata fonctionnel est loin de pouvoir satisfaire la demande des usagers. ‘Le gouvernement doit tout mettre en œuvre pour éviter cette grève. Car, elle risque de peser sur l’activité économique du pays’, prévient Faye.
Paule Kadja TRAORE
walf