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Hadjibou SOUMARE Écrit À Macky SALL : «L’heure Est Grave»

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Dans une lettre adressée au président de la République, au secrétaire général des Nations unies et à la communauté internationale,  Hadjibou Soumaré tire la sonnette d’alarme sur la situation actuelle au Sénégal, marquée par l’organisation de la présidentielle du février 2019.

Recalé par le  Conseil constitutionnel, l’ancien Premier ministre souligne que par le tripatouillage de la Constitution et de la loi électorale, le pouvoir sans concertation sérieuse avec les acteurs politiques, a fait un forcing pour imposer son parrainage. Aujourd’hui, affirme-t-il, aucun acteur politique, aucun arbitre des élections, aucun représentant de la société civile ne peut attester aujourd’hui sur l’honneur, de la fiabilité du fichier électoral.

                             

Je me permets, en ce jour du 7 janvier 2019, à la veille des élections présidentielles, compte tenu de la gravité de la situation, de vous adresser cette lettre en guise de témoignage des moments sombres de l’histoire de Notre pays, que le président de la République, Macky Sall, par ses actes, va léguer aux générations futures. L’heure est si grave, que chaque Sénégalais, quelle que soit la position qu’il occupe dans l’appareil d’Etat, comme fonctionnaire judiciaire, administratif, militaire, para militaire ou comme simple citoyen doit être conscient, que par sa posture il est en train d’écrire les pages d’histoire d’un Sénégal de stabilité ou d’instabilité, dont les seuls responsables, seront ceux qui n’auront pas su prendre leur responsabilité. Le peuple ne s’est jamais autant enfoncé dans l’extrême pauvreté, dans un environnement de gabegie, de concussion et de corruption comme le pays n’en a jamais connu.

 

Le Président Mamadou Dia disait, «nous avons des droits et des devoirs, les droits on peut décider de ne pas les exercer, mais les devoirs nous ne pouvons pas nous en soustraire». C’est faisant miens ces propos, que j’ai décidé d’exercer non seulement mes droits, mais aussi mes devoirs de citoyen, aimant profondément son pays. Je m’étais abstenu, depuis ma sortie du 22 juillet 2018, au grand théâtre, de participer à la médiatisation des griefs à l’encontre du pouvoir, dont chacun a été bien documenté par d’autres et qui tenaient de l’évidence même. Je pensais, qu’en hommes responsables, ceux qui exercent le pouvoir auraient donné l’occasion à tous les Sénégalais qui le souhaitent, de parler de leur pays à travers des projets de société qui seraient arbitrés par le libre choix des citoyens. Mais par la ruse, la manigance, la tricherie éhontée le pouvoir est resté sourd à l’appel des citoyens, ainsi qu’au «silence» d’autres qui attendaient une réelle posture de démocrate à travers une gestion irréprochable du processus électoral. Nous sommes des citoyens du monde, le Sénégal fait partie du monde libre, nous voulons pour notre pays ce que chaque patriote veut pour le sien. Nous voulons pour nos enfants ce que les autres veulent pour les leurs et non ce spectacle insoutenable des traversées de la Méditerranée, qui nous met au banc des pestiférés, dans cette Europe de la déclaration universelle des droits de l’homme.

 

Malheureusement depuis un certain temps, par le tripatouillage de la Constitution et de la loi électorale, le pouvoir sans concertation sérieuse avec les acteurs  politiques, a fait un forcing pour imposer SON Parrainage  à des acteurs pourtant acquis au parrainage avec des règles qui seraient claires et impartiales pour tous. J’en veux pour preuve, le spectacle désolant à l’Assemblée nationale, lors de l’examen d’une loi aussi importante que celle sur le parrainage, votée sans débat par la seule majorité présidentielle. Cette forfaiture dans la préparation de ces élections, n’a été possible que grâce à des cabinets étrangers et sénégalais, avec la complicité de fonctionnaires zélés qui seraient seuls responsables d’un tel crime contre le peuple sénégalais. Aucun acteur politique, aucun arbitre des élections, aucun représentant de la société civile ne peut attester aujourd’hui sur l’honneur, de la fiabilité du fichier électoral.

 

Tout cela s’est fait avec le silence coupable de certains amis du Sénégal au détriment d’un peuple assoiffé d’une gestion vertueuse de ses biens, de l’égalité de chance entre ses enfants, de tracer sa propre voie dans le concert des nations en étant ancré dans ses valeurs ancestrales que sont l’honneur, la dignité, le respect de la parole donnée et la démocratie. C’est pourquoi, en ces moments difficiles de l’histoire du Sénégal, je me veux être dans le camp de ceux qui auront pris leur responsabilité face à la dérive d’un pouvoir devenue sans limite, pour défendre les intérêts d’une jeunesse en désarroi, de familles qui continuent de se paupériser, de fonctionnaires gagnés par la politisation extrême de notre administration dont les grades ne se gagnent plus au mérite, d’une justice piégée, d’une représentation du peuple chahutée, d’une société civile utilisée par certains comme tremplin d’accès au pouvoir, d’un monde rural à l’agonie laissé à lui-même.

 

En qualité d’ancien  Premier ministre, d’ancien Président de la Commission de l’Uemoa,  je sais ce que la mise en place de la pratique des coûts unitaires dans la commande publique, comme dans le cas de l’Ocde, aurait épargné à notre pays. La conséquence en est aujourd’hui la surfacturation maintes fois dénoncée et qui nous a amenés à cette nécessité de comblement de déficits importants de trésorerie.

 

Je sais également, que des pans entiers du secteur parapublic sont aujourd’hui mis à contribution pour entretenir un clientélisme politique érigé en règle, ce qui a fini d’en faire le réceptacle de tous les déficits. Le peuple sénégalais est en droit d’exiger la tenue des élections à bonne date conformément à la Constitution. Le peuple sénégalais est en droit d’exiger des élections libres et transparentes organisées par des personnes au dessus de tout soupçon de collusion. Le peuple sénégalais est également en droit d’exiger de la part du pouvoir, la non utilisation de la force contre lui, quand il sera amené à défendre fermement ses droits les plus élémentaires.

 

Le peuple sénégalais est en droit d’exiger de la communauté internationale non pas de la compassion ou de l’aide, mais d’être la sentinelle de l’Etat de droit à ses côtés, face à un pouvoir qui ne veut pas prendre en charge ses aspirations légitimes comme peuple libre, fière de ce qu’il est et maître de son destin. Le Sénégal a toujours été une nation debout, elle le restera par la mobilisation de tous ses enfants contre toutes les dérives autoritaires. J’en appelle encore à la responsabilité du pouvoir, en particulier à celle de celui qui l’incarne au plus haut niveau, le président de la République, pour se ressaisir pendant qu’il est encore temps. J’en appelle à la responsabilité des arbitres de cette élection, pour choisir la voie du peuple, celle de la vérité. J’en appelle à la responsabilité de la communauté internationale, à celle de tous les amis du Sénégal pour agir ici et maintenant, au lieu de se porter au chevet du Sénégal quand certains finiront d’écrire les pages sombres de notre histoire et que le peuple prendra la responsabilité de défendre ses biens les plus précieux, la Démocratie et la République. J’en appelle à la responsabilité de notre jeunesse, en lui disant, que les plus grandes batailles ont été gagnées par la non violence, et l’exemple le plus illustratif a été celui de Madiba, Nelson Mandela, un grand Africain, pétri de ses valeurs et qui demeure une référence et une fierté pour toute l’Afrique.

walf

 

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