Les activistes, la mort sociale et la violence d’État (Par Ndukur Kacc Essiluwa Ndao).

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George Orwell écrivait dans « La dictature peut s’installer sans bruit ! » : La peine capitale pour un lanceur d’alerte en démocratie : la mort sociale ». Chez nous on te bâillonne pour dissuader tous les autres et dans l’indifférence générale. Un métier à haut risque et on finit de les ranger comme de vulgaires tubes d’été. Une société qui tolère le mal en devient la complice » (Eugênio de Araújo Sales). Aujourd’hui on navigue dans une société remplie de paradoxes. Les voix jadis « autorisées » se sont progressivement discréditées par leur silence, leurs sorties équivoques ou tout simplement partisane. Pour le reste la parole a été capturée par « inities » tous suspects parce que ayant les mains dans le cambouis. Des passe-droits, de la prévarication, etc. Et puis le silence de ceux qui ont pu ou su monnayer leurs « silences ». On a pu appeler certains des « hommes d’Etat ». Muets parce que repus. Et puis les « révoltés » qui eux crient au scandale.

Lorsque le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. A défaut de se pencher sur le fond on essaye de les noyer dans la forme : insulteurs, attentat à la pudeur, divulgation de secret d’Etat ; offense au Chef de l’Etat. Autant dire la république des nombrilistes solitaires et intouchables. Ce qui se passe c’est la faillite d’une société qui refuse la transparence et la reddition des comptes. C’est aussi la faillite des contre-pouvoirs qui se réduisent à des snippers isolés facilement repérables et neutralisables. Beaucoup de vrais faux lanceurs d’alertes sont allés à Canossa. Par la carotte et ou par le bâton : des hommes politiques grande gueule, certains syndicalistes (seeni cas comme dit un ami), certains du mouvement consumériste, une certaine gauche, des universitaires, des journalistes, des marre-à-boue.

Il est clair que Adama Gaye tout comme Guy Marius Sagna énervent aussi bien le régime que le « front » qui l’accompagne. C’est aussi une bonne diversion devant ceux qui réclament leur 400.000 FCFA. A mon humble avis la vitalité démocratique s’accompagne d’une réelle violence injurieuse. On peut ne pas la cautionner. Mais elle relève d’une forme de protestation évidente qui semble absolument efficace dans des contextes d’abus permanent du pouvoir. L’insulte est une catégorie révolutionnaire et ceux qui essayent de la confiner à sa «bassesse» sont aussi dans une autre forme d’injures réactives voire réactionnaires.

En écoutant le Garde des Sceaux, on voit bien le problème du pouvoir actuel. Des « ngaaka politiques » qui n’ont aucune culture de l’Etat sinon toujours dans l’émotivité tout aussi injurieuse (pas tous concédons-le). A des postes souvent sensibles. Il ne faudrait pas qu’on soit dans une situation où dire la vérité ou sa vérité ou demander des comptes devient un acte de bravoure ou de suicide social. On est entrain de basculer dans une anomie sociale et politique lourde de conséquences face aux bravades et aux musculations guerrières d’un pouvoir qui a intérêt à être plus lucide. En 1900, nous étions 1 million d’habitants. En 1960, 2.8 millions. En 2019 nous sommes plus de 16 millions de sénégalais. Répartis dans le monde. Dans des interactions et interconnections mondiales complexes dynamisées et médiatisées par la puissance exponentielle des inventions, innovations et paquets technologiques. Je ne vois pas comment museler cette potentialité inter-communautique dense sauf à se transformer en un vulgaire dictateur.

Ainsi va le monde. Plus prosaïquement, le temps de digérer les insanités anti-démocratiques du Garde des Sceaux et de ses sbires, notre pays est en ce moment coincé aussi entre les soi-disants « éclairés et patriotes » de la blogosphère et la masse qui « accueillent » les héros battus du Caire, qui se glosent de l’uppercut de Modou Lo, qui s’arrachent les « getzner » ou qui cherchent le mouton de tabaski pour éviter l’autre uppercut social qui a définitivement fini de confondre le mouton et ses cornes.

NKEN

1 COMMENTAIRE

  1. Merci beaucoup pour votre lucidité et votre pertinence habituelles. Je retiens de votre éclairage cette phrase, vraie, percutante et fondée qui caractérise bien notre société actuelle : «Ce qui se passe c’est la faillite d’une société qui refuse la transparence et la reddition des comptes. C’est aussi la faillite des contre-pouvoirs qui se réduisent à des snippers isolés facilement repérables et neutralisables.»
    Ibrahima Sadikh NDour

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