Ce jeudi sera jour de vérité pour Karim Wade qui devra, face aux enquêteurs, faire les comptes sur ses biens supposés mal acquis. Pour éviter que Wade-fils ne leur serve des contes, les gendarmes ont procédé à l’audition de ses proches pour y voir plus clair.
Le jeudi 6 décembre sera jour de tension non seulement pour Wade-fils mais aussi pour le peuple sénégalais. Car au moment où Karim Wade devra faire face aux enquêteurs, ses frères libéraux envisagent d’investir la mythique place de l’Obélisque pour, disent-ils, protester contre ce qu’ils considèrent comme étant un acharnement de la part des nouvelles autorités. Et l’issue de cette audition peut être source de dérapages. Cela rappelle à maints égards ce fameux jour où le Conseil constitutionnel devait rendre son verdict sur la validité ou non de la candidature de Wade. Pendant que les 5 cinq sages planchaient sur ce casse tête, les manifestants étaient à la place de l’Obélisque et il a fallu qu’ils donnent le feu vert au président sortant pour qu’il brigue un 3ème mandat pour que la colère de citoyens explose avec la suite que nous connaissons tous. Ainsi il est fort à craindre que si le tout puissant Karim passe à la trappe après cette énième audition, que les autres ne trépassent tout simplement. Donc pour vendre chèrement leur peau, il n’est pas exclu que tous ceux qui ont des cadavres planqués dans les placards essaient de brouiller les pistes pour échapper au glaive de la Justice. Pour cela, tous les moyens sont bons, et les libéraux qui ont convoqué ce vaste rassemblement ont invité tous les mécontents pour qu’ils viennent se joindre à eux. Pour ne pas être prises au dépourvu, les autorités doivent prendre leurs précautions. Car ils sont nombreux ces Sénégalais fauchés, fâchés et fatigués qui peuvent répondre à l’appel de ces politiciens moyennant quelques billets.
Ce qui révulse le plus dans cette agitation des libéraux c’est la mauvaise foi qui sous-tend leur démarche. Abdou Latif Coulibaly, actuel ministre de la Bonne gouvernance, n’a pas manqué de rappeler récemment dans une de ses sorties l’accueil enthousiaste que les libéraux alors opposants avaient réservé au vote de la loi sur l’enrichissement illicite qu’ils combattent avec virulence aujourd’hui. Ainsi avaient ils non seulement promis «pour la première fois de s’associer de manière enthousiaste au vote de la loi», mais aussi déclaré que «c’est une loi révolutionnaire qui ira dans le sens que nous souhaitons». Non sans ajouter : «Que ceux qui détournent des biens publics soient punis en toutes circonstances et quel que soit le moment». Aujourd’hui qu’ils sont pris au mot, ils ruent dans les brancards, profitent de la détresse des citoyens pour les manipuler et faire de l’amalgame.
Cette manifestation n’est rien d’autre qu’une mascarade orchestrée par le Pds pour faire pression sur le pouvoir. Des libéraux qui avaient voté à l’unanimité l’adoption de la loi contre l’enrichissement illicite lors de sa création mais qui, bizarrement, la jugent aujourd’hui comme étant une loi «scélérate», «anticonstitutionnelle» etc. Ousmane Ngom qui actuellement est l’un des plus grands pourfendeurs de cette loi avait, alors farouche député opposant, invité Abdou Diouf à réactiver cette loi. Non sans mettre en garde les récalcitrants : «s’ils refusent de rapatrier l’argent de bon gré, ils vont le faire contre leur gré». Pourquoi l’audition de Karim Wade doit-elle être considérée comme un prétexte pour inviter à manifester contre la cherté de la vie ? Quoi de plus normal que la Justice veuille savoir comment des gens qui ne parvenaient pas à se payer un sandwich comme le disait Mohamadou Mbodj se sont subitement retrouvés riches comme Crésus ? Par quelle magie des calots bleus ont-ils pu amasser une fortune qui leur permet de crécher aux Almadies et dans les autres quartiers huppés de Dakar ?
En prenant la décision d’impliquer sa famille et ses proches dans la gestion des affaires publiques, Wade -père devrait s’attendre logiquement à ce que ses enfants rendent compte de leur gestion. D’ailleurs en quoi Karim et Syndiély Wade sont-ils plus méritants que les enfants de ses prédécesseurs pour que leur père de président veuille en faire des êtres exceptionnels ? Pourtant Senghor et Diouf ont toujours tenu leurs fils à l’écart de la gestion des affaires étatiques et rares sont ceux qui les connaissent, contrairement à Wade qui a toujours voulu présenter ses rejetons comme des êtres hors du commun.
Aujourd’hui qu’ils sont empêtrés dans des affaires louches, le peuple exige qu’ils expliquent comment ces démiurges ont géré les deniers publics. D’autant que leur président de père les avait présentés comme des génies de la finance. Un peuple pacifique mais pas soumis, qui a toujours manifesté son rejet pour les velléités monarchiques de Wade père. En atteste la débâcle de Karim lors des élections locales de 2009, ensuite les violentes manifs du 23 juin 2011 contre le vote du fameux vote du ticket. Aujourd’hui que le peuple s est débarrassé du monarque, il réclame la vérité et rien que la vérité. Que tous ceux qui ont eu des responsabilités rendent compte. Non seulement Karim doit faire son bilan mais Syndiély, aussi qui était la maitresse d’œuvre du Festival mondial des arts nègres (Fesman) que d’aucuns ont appelé le «Festival à milliards» tant décrié, doit rendre compte au nom de la parité tant chanté et vanté par Wade père. Le pouvoir est tenu de sanctionner sévèrement tous les mange-milliards pour qu’ils rendent compte et gorge de sorte qu’à l’avenir pareils méfaits ne se reproduisent.
Source : La Tribune
Les libéraux dans la tourmente : Après la sanction populaire, la sanction judiciaire ?
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