Lettre fermée à Abdoul Mbaye : Quand un «imam» se camoufle derrière un Premier ministre ! Par Mactar Guèye

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Dans un contraste notoire avec l’image que l’opinion est censé retenir de lui, le Premier ministre Abdoul Mbaye est apparu, contre toute attente, aux antipodes de «l’intellectuel occidentalisé» qui lui collait bien à la peau. Il aura trompé tout son monde, par le biais d’une «déclaration de politique générale» atypique, livrée à ses compatriotes à travers les colonnes du journal L’Obser­vateur, dans sa livraison du vendredi 2 août dernier.
Il nous a été servi un Abdoul Mbaye très éloigné du cliché classique du technocrate froid, distant, robotisé par des décennies de routines administratives et bancaires.

Très éloigné également des caricatures incisives du talentueux humoriste de Walf-Tv, Sandiogou, le dépeignant souvent comme un «assimilé» roulant inlassablement les «R», dans un «wolofisme toubabesque», laborieux et vachement ennuyeux. S’éjectant hors de tous ces corsets, cousus sur mesure dans l’imagerie populaire, notre Pm national s’est révélé sous les traits d’un monsieur-tout-le-monde, Sénégalais lambda, imbu de nos valeurs culturelles et religieuses, au point que l’interviewer n’a pu se retenir de chapeauter son texte par cette inhabituelle exclamation : «Arrêtez de le prendre pour ce qu’il n’est pas !»
Evidemment, comme tout le monde (ou presque), Abdoul Mbaye aura aussi fait ses quatre cents coups, à travers le «Dakar by night», dont il semble avoir fait tout le tour, en se remémorant sans complexe ses randonnées de fêtard dans de célèbres dancings, qui auront retenu de lui un des meilleurs danseurs de salsa de son temps. Mais, nombre de nos compatriotes auront surtout découvert un «Pape» (sobriquet que lui collait affectueusement son père Kéba Mbaye) qui, tout en se gardant de porter des jugements de valeur sur son prochain, ou d’accabler le destin, la foi en bandoulière, s’en remet plutôt systématiquement à Dieu dans tout ce qu’il entreprend. Avant de dévoiler un talent insoupçonné en numérologie. Il nous en administre généreusement, dans son «sermon», un cours introductif sur le mystère du chiffre 19, «support de toute l’architecture du Coran».
Et à l’instar de nombreux de croyants, généralement perméables à tout ce qui touche le spirituel, en ce mois béni de pénitence surtout, il nous est revenu l’insigne honneur de nous éblouir avec lui sur le miracle mathématique du Livre Saint. Loin d’être un fruit du hasard ou d’une réflexion humaine quelconque, le chiffre 19 dont Abdou Mbaye chante les louages, apparaiît bien tel un fil reliant les perles d’un même chapelet : il est structurellement et numérologiquement encodé dans les 114 sourates (19×6) du Saint Coran. Trois petits exemples pour illustrer ce prodige mathématique : la première sourate révélée, Al-’Alaq (L’Adhérence), qui occupe la 19e position à partir de la fin du Livre Saint, est composée de 19 versets et comprend un total de 285 lettres (soit 19×15). Quant à la dernière sourate révélée, An-Nasr (Le Secours), elle compte aussi 19 mots. Et son premier verset, qui parle de l’aide qui viendra de Dieu – auquel Abdoul Mbaye dit s’en remettre humblement chaque fois qu’il a épuisé toutes les limites de sa condition humaine -, contient bien 19 lettres.
Au sujet de la Basmalah, «imam» Abdoul Mbaye nous rappelle pertinemment que sur les 114 sourates du Coran, seules 113 sourates commencent avec cette formule (Bismillah). En effet, le seul chapitre ne débutant pas avec cette formule est la sourate At-Tawba (Le Repentir). Mais celle-ci est «curieusement» suivie, 19 sourates plus loin, par An-Naml (Les Fourmis), seule sourate du Saint Coran à contenir deux fois la formule (Bismillah) : la première fois au début de cette 27e sourate du Coran, et la seconde fois au 30e verset de cette même sourate. Et si l’on additionne la position chronologique qu’occupe cette sourate dans le Coran (27e) et la position du verset, de cette même sourate, contenant la Bas­malah (30e) nous obtenons 27+­30=57, soit 19×3. … Et bien d’autres mystères du chiffre 19, pilier de toute la charpente du Message Coranique, dont la sourate du «Manteau» semble synthétiser la puissance, en nous apprenant qu’ «Ils sont dix-neuf à y veiller». (74, verset 30).
Monsieur le Premier ministre, vos proches vous ont sans doute appris que votre Khoutba (prêche) magistrale de vendredi dernier a fait le buzz ce week-end sur le Net. En y prônant le dépassement et le retour à Dieu, face à l’adversité, elle aura ému, en ce mois sacré de ramadan, plus d’un croyant et n’aura certainement pas manqué de «désarmer» plus d’un parmi les doctes. Elle aura simplement témoigné, sans fioriture, d’un bon ancrage dans la foi, et pas factice pour un sou, si l’on en croit un récent témoignage livré sur votre compte par Maître Mame Adama Guèye, votre promotionnaire au Lycée Van Vollenhoven.
Alors que nous finissions de griffonner ces quelques lignes, un de vos «collègues» (imam Massamba Diop, président exécutif de l’Organisation islamique Jamra), comme par «hasard», nous exprima, lui-aussi, son positif ébahissement en parcourant votre «sermon», sur recommandation, dit-il, d’un de ses amis imams (lesquels ne manqueront certainement pas de vous accueillir à bras ouverts, lorsqu’à l’orée de votre retraite administrative vous daignerez (re)prendre votre place dans leur Ordre !). D’autant qu’après avoir réaffirmé votre attachement à l’accomplissement des prières canoniques quotidiennes, et au 4e pilier de l’islam, le jeûne, vous les avez gratifiés d’une recette nutritive d’une sobriété digne d’un ascète Mufti, alors que Dieu sait que les moyens d’un empiffrage incontinent sont loin de vous faire défaut !
Cela dit, nous avons tout de même la prétention de percevoir un début d’explication à votre «mue» salutaire. Vous le révélez du reste dans votre «prêche» : vous ne faites pas de politique. C’est tout dire !
Enfin, se démarquant de tout orgueil mal placé, votre coreligionnaire vous prie de recevoir son baalou akh ramadanesque, pour s’être, pendant longtemps, fourvoyé sur votre compte ! Il n’empêche que par ailleurs, en sa qualité de membre de la nouvelle opposition politique, il continuera de s’acquitter stoïquement de son rôle républicain : tirer à boulets rouges sur votre auguste personne. Pas sur l’ «imam», rassurez-vous, mais sur le Pm !
Bonne fin de ramadan, et joyeuse fête d’Aïd-el-Fitr, «imam» !

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