Des voix s’élèvent de plus en plus au sein de l’Alliance pour la République pour demander que le mandat de Macky Sall soit maintenu à sept ans. Mais Macky Sall est condamné à ne pas suivre cette voie politiquement suicidaire.
La réaction de Me Alioune Badara Cissé, second de l’Alliance pour la République, sur le débat de la réduction du mandat présidentiel de sept (7) à cinq (5) ans n’est qu’une illustration d’un point de vue largement partagé dans l’entourage du président de la République, Macky Sall. Avant lui, d’autres s’étaient déjà prononcés. C’est le cas du secrétaire général du Bloc des centristes Gaïndés, allié «sûr» de Macky Sall qui avait soutenu que les conclusions des Assises n’engagent aucunement l’actuel chef de l’Etat. Si l’on sait que les conclusions Assises nationales prônent un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois, il est évident que la substance des propos de Dias est que c’est le mandat de sept ans qui est de mise. Aucune structure de l’Alliance pour la République n’a émis d’objection contre ceux-là qui rament à contre-courant des promesses électorales de l’ancien maire de Fatick. Il y a tout au plus des voix, à peine audibles, qui se sont faites entendre. Ce qui est significatif.
L’appétit venant en mangeant, ces «théoriciens» du mandat de sept ans veulent certainement perpétuer leur règne et rêvent de s’éterniser au Pouvoir. Le Parti démocratique sénégalais (Pds) voulait encore diriger le pays pendant cinquante (50) ans. Sa «fille», l’Apr, n’a pas encore donné de durée exacte. Mais il est clair qu’elle est dans une dynamique de conservation du Pouvoir. Ce qui est, naturellement, acceptable. Toutefois, le contexte actuel ne milite pas en faveur des reniements. Macky Sall avait donné sa parole entre les deux tours de la présidentielle dernière. Il l’a réaffirmé le 3 avril, de façon solennelle, devant tous les Sénégalais. Il ne peut, dès lors, revenir sur cet engagement en dépit des circonstances et de la conjoncture politicienne. D’ailleurs, ses alliés au niveau de la coalition Benno Bokk Yaakaar ne peuvent pas accepter un tel état des choses. Certains d’entre eux, comme Idrissa Seck, ont déjà donné leur position de principe en demandant à Macky Sall de respecter son engagement de réduire le mandant à cinq ans pour «une bonne respiration» de la démocratie. D’autres personnalités vont se signaler dans les prochains jours si l’idée du «wax waxeet» se précise. Il est clair que des hommes de la trempe de Amath Dansokho, qui ont longtemps lutté pour le triomphe des idéaux de la démocratie, ne vont pas accepter une énième blessure de la Constitution. Abdoulaye Wade a été, en grande partie, chassé du pouvoir à cause de sa propension à tripatouiller la Charte fondamentale qui constitue l’âme de la Nation. Même s’il ne s’agit pas ici de révision constitutionnelle «déconsolidante», l’esprit des lois et l’élégance républicaine, dans toutes les grandes démocraties, voudraient que le mandat soit fixé à cinq ans, renouvelable une fois. En plus, l’esprit du 23 juin qui sera fêté dans deux jours s’oppose radicalement aux tenants de la thèse du maintien du mandat à sept ans. Aller à contre-courant de cette forte volonté populaire serait synonyme de suicide politique et relèverait d’un aveuglement certain. Les temps ont bien changé. Les Sénégalais ne peuvent plus continuer à soutenir de petites querelles qui ne mènent à rien. Macky Sall l’a peut-être compris.
Source : La Tribune
