Les lobbies au Sénégal ne sont pas qu’étrangères, certains marabouts et une ONG religieuse en constituent aussi.
« La religion sans la conscience morale n’est qu’un culte superstitieux. »
de Emmanuel Kant
Extrait du Réflexions sur l’éducation
Actuellement dans notre pays le Sénégal, il y a tout d’abord, une confusion inextricable dans la définition exacte, de qui est réellement marabout et quel est son véritable rôle social ? Ensuite, quel est le statut qu’occupe le marabout dans la République du Sénégal aujourd’hui, pour se prévaloir de tant de protection et de faveurs, autres que celles dues à tous les citoyens ? Est-il un citoyen comme tout autre, justiciable par nos juridictions en cas d’infraction ou bien, c’est un citoyen hors cadre, intouchable et à qui tout est permis au point de violer les lois de la République, sans n’en courir aucun risque grave à la hauteur de la faute commise ? Par ailleurs, certains marabouts, roulent-ils réellement pour la bonne compréhension, le rayonnement et le développement de l’islam dans son intégralité et sa pureté dans notre pays ou, roulent-ils pour leur bien-être strictement personnel, en cultivant le culte de leur personnalité tout court? La juste et exacte réponse à ces questionnements nous aiderait à y voir clairement, qu’il existe bel et bien en leur sein, de véritables lobbies qui, à y regarder de près, constituent un danger imminent pour l’image de l’islam en général, mais aussi, pour la stabilité du pays et de son unité nationale.
En s’appuyant sur les faits et la pratique sur le terrain de ces marabouts visés, c’est bien une catégorie spécifique de citoyens sénégalais à part, qui tente d’étaler ses tentacules un peu partout dans le pays, aussi bien dans la vie publique, politique, religieuse que sociétale. Elle cherche à tout prix à régenter toute la société sénégalaise, qu’elle prend en otage pour l’orienter dans un ghetto et un obscurantisme sans précédent, qui risque de diviser les Sénégalais en bons et mauvais, de couper aussi le Sénégal en tant que nation et membre à part entière, de la communauté internationale, du reste du monde. Et tout ceci, dans le but unique d’assouvir leurs ambitions et propres intérêts, qui ne tiennent nullement compte de ceux bien compris de l’ensemble du peuple sénégalais. A cet égard, elle défie même l’autorité étatique en s’imposant pour se mettre au-dessus des lois. Si une telle attitude est rendue possible, c’est bien à cause de la faiblesse donc manque de fermeté de l’Etat à sévir conformément aux lois de la République dans toute sa rigueur contre les contrevenants, dans l’application stricte à tous, sans aucune discrimination ni en faveur ni au détriment de personne.
La preuve, ils sont traités, même en cas de flagrants délits très graves, avec des faveurs et une bienveillance qui frisent le parti pris et défient la conscience morale, l’éthique, la droiture et même tout ce que nous dicte comme exigence la religion musulmane, à savoir mettre tout le monde sur le même pied, devant la loi. Comme nous l’enseigne si bien la religion musulmane, point de ségrégation et que Dieu recommande et applique avec ses créatures. Si nous faisions par exemple, l’examen et les statistiques sur les pratiques de certains d’entre eux, nous nous apercevrions incontestablement, que leur utilité pour la société est nulle, et que leurs pratiques, loin d’être un modèle, ne font qu’obstruer ou masquer la voie claire qui doit mener les croyants musulmans vers le Saint Coran de Dieu et la Souna de son Prophète (PSL). Parce que, toute leurs préoccupations ne se résument qu’à leurs profits et ne se ramènent qu’à eux-mêmes, à leurs familles biologiques et jamais à leurs talibés, sauf à quelques exceptions près. En réalité, ces marabouts-là, n’entretiennent avec leurs interlocuteurs et quels qu’ils soient, que des relations à sens unique, à savoir sans contrepartie aucune de quelque nature que ce soit. Ces derniers, sont toujours demandeurs de privilèges ou quémandeurs déraisonnables et loin d’être des nécessiteux.
Et malgré tous ces privilèges illicites dont ils sont bénéficiaires, ils perturbent en plus comme bon leur semble et la plupart du temps, l’ordre public, par l’organisation de manifestations intempestives en tout genre, qui ne s’inscrivent dans aucune règle respectant les normes ou mesures de sécurité publique, de santé publique ou tout simplement du respect des autres citoyens de leur voisinage immédiat en un mot, ils sont totalement dépourvus de civisme. Et là où tout le monde se soumet aux règles de bienséance, en formulant une demande d’autorisation en bonne et due forme pour organiser ceci ou cela, ou pour occuper un espace, ou barrer la voie publique, eux passent allégrement outre, par le simple fait qu’ils sont des marabouts ou plutôt marres à boue. Il leur arrive même parfois d’avoir le culot de proférer des menaces à l’encontre de l’Etat, dans les cas de non satisfaction de leurs demandes, dont la plupart ne reposent sur aucune base légale et ne profitent généralement et strictement, qu’à eux-mêmes. Souvent, cet argent du contribuable qu’on leur donne illégalement au détriment des populations, argent qui pourrait bien servir, pour le développement des infrastructures de base du terroir, est tout simplement et cupidement thésaurisé par ces marabouts, qui sont loin de sentir la grande misère du plus grand nombre des populations de leur entourage immédiat.
Et ce n’est pas tout ! Certains parmi eux, dont des ONG comme Jamra vont jusqu’à fomenter des rumeurs graves et malveillantes, inventées de toutes pièces dans leurs laboratoires créés à cet effet, rien que pour nuire et semer le doute dans l’esprit de certains croyants crédules, dont la plupart sont souvent leurs propres talibés, leurs membre ou des musulmans de bonne foi, mais simplement non avertis, donc des victimes de telles pratiques malsaines. Ces balivernes pour ne pas dire mensonges qu’ils arrivent à faire gober ou admettre dans certains milieux non avertis, sont principalement dirigées contre les autorités étatiques quand celles-ci refusent fermement d’accéder à leurs exigences matérielles ou financières inconvenantes, etc. Ou bien alors, contre de simples citoyens ou groupes de citoyens, d’organisations de bienfaisance ou des Droits de l’homme, des partis politiques opposés, des personnalités indépendantes très au fait de telles manigances, etc., qui refusent de se laisser embrigader dans leurs manœuvres, ceux-là sont diabolisés, vilipendés et taxés de toutes sortes de genres indésirables ou décriés.
Le nombre, de gens qui se proclament comme marabouts, logé dans cette catégorie de partisans de moindre efforts, est exponentiel et mérite bien d’être réexaminé au peigne fin, pour être disséqué ou pour séparer les graines vraies des ivraies. Cette prolifération de marabouts en tout genre, par subdivision des principales confréries ou des grandes familles religieuses de notre pays, sans parler des nouvelles créations de sectes, de groupuscules ou des gourous qui se déclarent par-ci et par-là. A cette allure ou vitesse supersonique, nous nous acheminons irrémédiablement vers une floraison de maraboutons ou soi-disant marabouts, par le simple fait de porter un nom de famille synonyme, chipé ou par coïncidence des principales familles religieuses, même si vous n’êtes pas capables de réciter un seul verset de Coran. Imaginez-vous par ailleurs, que chacun de cela veuille dresser sa propre chapelle en vue de recevoir du pouvoir sa part des subsides que l’Etat distribue allégrement, à chaque fois que l’un d’entre eux convoque une assemblée ou organise une manifestation même familiale la plus infime ? C’est ainsi que les Pouvoirs publics, par crainte de ne pas être réélus demain, détournent parfois l’argent destiné au développement économique et social pour satisfaire ces lobbies. C’est inadmissible et absolument, rien n’autorise ou oblige l’Etat à le faire. Je pense que l’aide ou l’assistance aux principales familles religieuses musulmanes comme chrétiennes doit être réglementée par l’Etat, par une loi ou quelque chose de ce genre dans la transparence et pour leur bon fonctionnement. D’abord, ceci permettra d’avoir des interlocuteurs attitrés et désignés par les khalifes généraux officiellement. Tous les autres devraient s’organiser avec les contributions de leurs talibés ou membres, en GIE ou des champs collectifs pour subvenir à leurs besoins dans tous les domaines. Autrement, c’est favoriser l’oisiveté, la paresse et le vivre sur le dos des autres, donc le parasitisme. Mais au nom de quoi, des bras aussi valides et des gens sains d’esprit et de corps, devraient-ils se croiser les bras à ne rien faire et de vivre quand même comme des Pacha ? Surtout dans un pays où les ressources économiques sont très rares, où la pauvreté est galopante, endémique et que c’est seulement, une poignée de personnes, qui travaille pour faire vivre les autres, précisément le plus grand nombre. Ceci est inconcevable et contraire aux principes de l’islam. Ce parasitisme qui se développe à outrance aujourd’hui au Sénégal est tout le contraire d’alors. Du temps où tous nos grands marabouts de l’époque étaient de grands cultivateurs, qui vivaient du fruit de leur travail et entretenaient parfaitement bien leurs talibés, tant sur le plan alimentaire, vestimentaire, familial que, spirituel et j’en passe. Ce qui est totalement loin pour ne pas dire contraire de la situation qui prévaut en ce moment et qui ressemble à tous égards, à une véritable exploitation de l’homme par l’homme, si nous considérons le traitement inhumain de la part de certains marabouts, dont leurs talibés sont les principales victimes.
L’ONG Jamra, est un coutumier des faits à travers ses dirigeants, qui calomnient gratuitement de paisibles citoyens et des personnalités anticonformistes et indépendantes, comme ce fut le cas à l’époque, avec le Pr Saliou Kandji, qui fut taxé publiquement de franc-maçon par Latif Guèye, fondateur de Jamra, sans aucune preuve tangible. Hier encore, à la veille de la présidentielle de 2012, pour faire plaisir et apporter leur soutien indéfectible à l’ancien président de la République sortant, Me Wade, ces politiciens en perte de vitesse sous le manteau de l’islam avaient accusé les dirigeants de Benno Siggil Sénégaal d’être des francs-maçons et que sais-je, sans la moindre preuve matérielle pouvant étayer leurs accusations. A l’occasion, sous la forme d’une campagne électorale déguisée, ils avaient procédé à une tournée chez les Khalifes généraux pour leur apporter soi-disant les preuves de leurs allégations. Mais finalement rien n’y fit. Ils ont récidivé encore avec le prétendu projet de loi à déposer à l’Assemblée nationale pour la dépénalisation de l’homosexualité par des extra-terrestres ou hommes invisibles et sans visage. Alors, sur de simples rumeurs, dont la source ne devrait pas être loin de chez, ils ont encore ameuté par une campagne médiatique à forte dose, l’opinion publique nationale, qui a failli tomber dans le panneau en y croyant encore, toujours sans qu’ils aient pu apporter la moindre preuve matérielle, ne serait que le brouillon du prétendu projet de loi, qui est naturellement sorti de leur imagination fertile comme d’habitude. Et comme d’habitude encore, ils ont abusé à nouveau les khalifes généraux en troublant leur quiétude et leur retraite spirituelle, rien que pour leur raconter des sornettes. Je pense que dorénavant, tous les Sénégalais sauront à quoi à s’en tenir quand il s’agira encore d’accusation venant de Jamra et à propos des lobbies.
Et le plus grave dans tout cela, c’est l’usurpation du rôle de gendarme de la religion musulmane ou de l’islam, comme si, il leur était dévolu, par qui, je ne saurai dire, la charge de régenter la pratique religieuse musulmane chez nous au Sénégal. Et pourtant, le plus inculte dans l’islam sait parfaitement que, hormis Le Prophète Mohamad (PSL), Dieu n’a dévolu ce rôle à personne d’autre ?
Maintenant, il est devenu clair pour tous ou tout au moins pour beaucoup alors, que ces gens-là prennent toujours les devants ou anticipent pour parler de lobbies, mais en fait, ce sont eux-mêmes, véritablement qui sont les lobbies, sous le prétexte fallacieux de défendre une « pratique orthodoxe de l’islam » or, il n’en rien réellement. La vérité que tous les Sénégalais devraient savoir une bonne fois pour toutes sur ces gens-là, c’est que ce sont des politiciens peu courageux, ex-membres de la CAP21 qui s’abritaient sous Wade, avant que ce dernier ne les chasse sans ménagement de son entourage le lendemain de son échec pour n’avoir pas été réélu au premier tour, donc, ils étaient devenus des orphelins frustrés qui ont perdu complètement le Nord. Ils cherchent à présent, faute d’un poids politique consistant, à se cacher derrière l’islam pour tromper encore les incrédules ou se repositionner ailleurs sur un autre terrain, comme d’ailleurs d’autres prétendus marabouts qui n’osent pas se déclarer ouvertement acteurs politiques et se jeter avec courage dans l’arène politique, avec tous les risques à encourir, comme l’a fait, Mansour Sy Jamil. Ou bien, veulent-ils jouer sur les deux registres à la fois, afin de gagner à tous les coups ? Ou autrement dit, veulent-ils avoir le beurre et l’argent du beurre ? Ce n’est pas possible !
Le président de la République doit prendre ses responsabilités et son courage à deux mains contre les lobbies pour assurer l’effectivité de l’Etat de droit en tant que garant de l’applicabilité de la Constitution en ce qui concerne les libertés individuelles des citoyens. Et surtout, à veiller pour que tous les citoyens soient mis à égalité devant la loi et les Biens publics. Les lobbies qui prennent prétexte de la religion se manifestent et constituent un danger pour la stabilité et l’unité nationale si nous n’y prenons pas garde. Le cas du Mali est bien là pour nous servir de leçon, l’extrémisme, l’intolérance, le particularisme outrancier et l’originalité extravagante de ces lobbies devraient retenir l’attention de nous et surtout des autorités.
« Qui n’a pas de courage n’a pas de religion. »
de Hazrat Ali
Mamadou SENE