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Pr. Ferjani sur le livre de Bakary Sambe : « Avec son courage scientifique, il a toujours pris des risques en dehors de tout formalisme carriériste »

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S’il y a un intellectuel qui connaît si bien, l’itinéraire scientifique et académique de Dr. Bakary Sambe, c’est bien Mohamed-Chérif Ferjani, professeur émérite de Science politique et d’islamologie de l’Université Lumière Lyon 2, ancien directeur du Groupe de recherches et d’études sur le Maghreb et le Moyen-Orient. L’émotion due à sa posture de préfacier de son « ancien étudiant, devenu l’un des plus éminents spécialistes de l’islam de l’Afrique subsaharienne que le New African Magazine a classé en 2016, parmi les 50 intellectuels qui « font bouger » leur continent », comme il rappelle, n’a pas empêché ce chercheur de dimension internationale, de jeter un regard froid sur ce nouvel ouvrage intitulé « Contestations islamisées : le Sénégal entre diplomatie d’influence et islam politique » (Edition Afrikana, Montréal).

« Le courage scientifique de se démarquer des « écoles instituées » et des « paradigmes dominants », comme il aime à le dire, est à l’origine des « risques » que prit très tôt Bakary Sambe, en dehors de tout formalisme carriériste. Il a dû, d’emblée, en payer le prix, en France, surtout lorsqu’il fut soumis à l’appréciation de ceux qui ne pouvaient admettre un tel état d’esprit hors des « grilles », notamment culturalistes, dont ils ont du mal à sortir », écrit le Professeur Ferjani.

Le préfacier du nouveau livre de Bakary Sambe intitulé «  Contestations islamisées : le Sénégal entre diplomatie d’influence et Islam politique », semble bien connaître l’auteur qu’il a vu évoluer depuis bientôt une vingtaine d’années : « Je me souviens encore des discussions houleuses au sujet de l’approche des faits internationaux abordés sous l’angle des exigences de la politique « interne », dans un contexte dominé depuis de longues années par les paradigmes de l’école réaliste ; on était loin d’imaginer l’avènement des diplomaties d’influences à la faveur des théories de Joseph Nyeau sujet du « soft power » et des acteurs non étatiques »

Revenant sur la rigueur scientifique de cet ouvrage, Professeur ferjani soutint qu’il y a un « va-et-vient entre l’approche sociologique et les ressources que fournissent les différentes théories des relations internationales » qui est  « perceptible dans le style de Bakary Sambe »

Pour lui ce style du chercheur sénégalais « devient même structurant dans la formulation de ses idées comme de ses hypothèses »

Il est vrai dans la conclusion de l’ouvrage paru aux Editions Afrikana à Montréal, Bakary Sambe rappelle, à juste titre que : « les mutations internes du champ ne sont pas dissociables des nouveaux défis de la transnationalité qui affecte même les acteurs d’un islam politique en quête de repères, d’espace et de temps. Seule la prise en considération de ces nouveaux faits permettrait de saisir nombre des aspects d’une évolution qu’on a longtemps voulu enfermer dans une opposition entre confréries et mouvements réformistes ».

Une récidive par rapport à sa thèse où à l’époque il était difficile de soutenir de tels développements dans un environnement académique en France dominé par des « africanistes institués » ?

En tout cas, jetant un regard analytique sur ce nouveau livre qui soulèvera, certainment, de nombreux débats scientifiques en Afrique comme en Europe, Pr. Mohamed Chérif Ferjani pense que Dr. Bakary Sambe secoue bien des choses que l’on croyait établies.

« Critiquant la vision binaire du champ islamique sénégalais, « entretenue par certains africanistes », ce livre offre l’opportunité scientifique de réinterroger des paradigmes et des grilles de lectures qui  éprouvent des difficultés à intégrer la capacité des acteurs à se mouvoir dans un champ dynamique qu’on croyait, conceptuellement, figé dans des cadres statiques. Dans cette optique Bakary Sambe s’arrête, entre autres, sur l’usage de catégories, jamais définies, qui ont guidé le choix d’une classification binaire des acteurs entre « confréries » et « mouvements réformistes », écrira Pr. Ferjani dans sa longue préface de l’ouvrage de l’intellectuel sénégalais.

En définitive comme il le dit plus loin, en écrivant cet ouvrage, Bakary Sambe « invite, à travers cette contribution, à revisiter les itinéraires des acteurs et à reconsidérer les schémas d’analyse de leurs parcours et des relations qu’ils entretiennent entre eux et avec leur environnement »

 Xalimasn.com

4 Commentaires

  1. AUTRE TEMPS, AUTRE APPROCHE POLITIQUE !!! Certes, jusqu’a ce jour, toutes nos constitutions ont explicitement mentionné que notre République est laïque (Article premier) et interdisent la formation d’un parti politique s’identifiant à une religion (Article 4) ; mais il faut que nos hommes politiques comprennent que les Sénégalais ont mûri et acquis une meilleure compréhension de leur religion, grâce à la prolifération providentielle des radios et télévisions et l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (internet, essentiellement) ; oui, les musulmans qui sont majoritaires à plus de 95%, savent que l’Islam – à l’instar des religions qui l’ont précédé – a vocation d’expliquer le monde et d’apporter le salut tant dans la vie présente que future ; en vérité, toute la vie du croyant est régentée par la religion ; et selon le Coran, ‘’ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a révélé sont des mécréants, des pervers et des injustes’’ (Cor. 5 : 43-50 – La Table Servie – Al-Mâ’idah). Ainsi, dans un tel contexte, (rapport de forces), comment peut-on autoriser la formation de partis à ceux qui se réclament de Marx (ou d’un autre athée ou agnostique) et l’interdire à ceux qui se réclament de Mouhammad (PSL) qui est notre modèle et maître à penser éternel ; oui, le Coran est très explicite :

    (21) En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle à suivre, pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. (Cor. 33 : 21 – Les Coalisés – Al-Ahzâb)

    (89) … Et Nous (Dieu) avons fait descendre sur toi le Livre (le Coran), comme un exposé explicite de toute chose, ainsi qu’un guide, une grâce et une bonne annonce aux Musulmans. (90) Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux prochains ; Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte, afin que vous vous souveniez. (Cor. 16 : 89-90 – Les Abeilles – An-Nahl)

    … (33) [Ô Prophète] Ils ne t’apporteront aucune parabole [problématique], sans que Nous [Dieu] ne t’apportions la vérité (le Coran) avec la meilleure interprétation (le Hadith). [Garantie d’une solution à toutes les problématiques !!!]. (25. Le Discernement : 33 – Al-Furqâne)

    Et c’est dire que la laïcité qui exclut Dieu de la gestion de la cité doit forcément interpeller les religieux et tous les musulmans, toutes obédiences et toutes générations confondues ; oui, il est fondamental que nos oulémas s’impliquent davantage en politique, afin d’orienter les dirigeants temporels et le peuple sur la voie du salut, tant dans la vie présente que future. Hélas, cette tâche ne sera guère facile, car nos hommes politiques (toutes obédiences et toutes générations confondues) ont malheureusement opté d’ignorer Dieu dans leurs démarches ; ils ne croient qu’à leur expertise (raison), quoique se réclamant croyants (musulmans ou chrétiens) ; oui, ils ont mis ‘’Dieu entre parenthèses’’ et ont délibérément choisi les libres-penseurs (agnostiques et autres incrédules), comme guides, modèles et maîtres à penser. Et comment pourraient-ils donc agencer une cité juste ?

    En vérité, notre pays, musulman à plus de 95%, devrait être une ‘’République Démocratique Islamique’’ ; et cela devrait être mentionné dans notre Constitution ; dès lors, nos lois devraient être conformes avec les principes de l’Islam, dans la mesure du possible, si nous n’étions pas hypocrites – et si la démocratie fonctionnait normalement ; car, en vérité, la démocratie, c’est une affaire de rapports de forces. Il donc temps de corriger cette anomalie constitutionnelle. Et dans cette perspective, le spirituel – dont la légitimité est indéniable – devrait veiller particulièrement au respect de cette exigence dans la gouvernance du pays (vision de l’émergence, législation, programme de l’éducation nationale, lutte contre la débauche, etc.).

    • Comment voulez vous que les choses changent si les porteurs de voix admettent la dichotomie pouvoir temporel /pouvoir spirituel ? Quand ces mêmes porteurs de voix n’osent pas affirmer qu’il n’y a qu’une seule religion, l’Islam prêchée par tous les prophètes de Adam à Muhammad, sallahu alayhi wa sallam, (avec des législations certes différentes )et que celui-ci était porteur d’un message universel? Juifs et Chrétiens sont des communautés et non des religions.
      Lamartine ne disait-il pas :
      « ..Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d’idées, restaurateur de dogmes rationnels, d’un culte sans images, fondateur de vingt empires terrestres et d’un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles où l’on mesure la grandeur humaine, quel homme fut plus grand ?… »

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