Quelle lecture à faire de l’Adresse à la Nation du Président de la République, Monsieur Macky Sall du 31 Décembre 2020 ? (Par Ibrahima Sène PIT)

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A l’occasion de son Adresse à la Nation du 31 Décembre 2020, le Président de la République, a procédé à une innovation de taille, en l’organisant autour d’un Discours solennel suivi immédiatement d’un Grand entretien avec la Presse nationale.
Dans le Discours solennel, il axé ses propos, comme de tradition, sur le bilan de l’action gouvernementale dans l’année écoulée, et sur les perspectives pour l’année nouvelle, alors que dans le Grand entretien avec la Presse, il a répondu, par le biais de la Presse, aux préoccupations soulevées par les populations durant la période.
C’est cette innovation qui a dérouté les appréciations de cette Adresse en se basant uniquement sur le Discours solennel, pour la considérer incomplète pour uns, comme s’il était possible dans un tel format de prendre en compte tous les aspects de l’état de la Nation, ou, pour les autres, qu’elle est tout simplement aérienne, pour n’avoir pas répondu aux préoccupations des citoyens soulevées durant l’année écoulée, sans prendre en compte le complément inédit à ce discours, que constitue le Rrand entretien avec la Presse.
Ces deux composantes de l’Adresse du 31 Décembre du Chef de l’Etat l’ont rendu, pour la première dans l’Histoire du Sénégal indépendant, plus exhaustive et plus compréhensive aux populations, qui cette fois-ci, après l’avoir suivi, ne sont pas restées sur leur faim.
En effet, dans le Discours solennel, le président de la République a évoqué le principal évènement qui marqué le monde et notre Nation en 2020, , et qui a bouleversé notre mode de vie et de production, la pandémie de la Covid-19, en mentionnant particulièrement ses conséquences économiques, sociales et culturelles dans notre pays, et la politique de résilience qu’il a menée pour y faire face, ainsi que les résultats obtenus .
C’est ainsi qu’en termes de Santé publique, il a relevé l’incroyable résistance de notre système de Santé doté d’un personnel de qualité qui a surpris agréablement, le monde entier, et qui a fait montre d’une abnégation et d’un esprit de haute responsabilité exemplaires.
C’est cela qui a valu à notre peuple d’être cité en exemple en Afrique et dans le reste du monde, en contribuant ainsi à accroître l’estime et la considération qu’il lui voue.
En termes d’Education nationale, la prouesse exceptionnelle des enseignants qui traduit leur professionnalisme et leur attachement à l’Ecole publique, qui ont permis d’engranger des résultats historiques à tous les examens de fin d’année, malgré la fermeture des classes durant le second trimestre, et une reprise partielle des cours en présentielle durant le troisième trimestre, à cause de l’insuffisance des salles de classe.
Dans ce contexte, le recours à l’enseignement à distance et à l’encadrement rapproché des élèves en classes d’examens, ces résultats exceptionnels là où l’on s’attendait à une année scolaire sacrifiée, ont permis au Chef de l’Etat d’en conclure, tout le potentiel, qu’il compte désormais exploiter pour notre Ecole publique que constituent l’introduction du digital avec l’enseignement à distance, et le suivi des élèves des classes d’examens, par un encadrement rapproché.
En outre, sur le plan économique et social, il a noté que notre pays a su éviter une récession qui a permis de limiter les fermetures d’entreprises et les pertes d’emplois, grâce, d’une part, au « Programme de résilience » financé par la « Force Covid-19 », avec une participation citoyenne jamais égalée, des appuis budgétaires de nos partenaires, des réductions fiscales et des reports de créances dues à l’Etat, et d’autre part, aux progrès enregistrés par notre agriculture, dans la production d’arachides et de céréales à des niveaux historiques, résultant de la conjugaison d’une bonne pluviométrie, d’un appui financier substantiel de l’Etat en termes de subventions des semences de qualité, d’engrais et de matériels agricoles, et de l’ardeur à la tâche de nos paysans.
En termes de perspectives pour l’année 2021, le Président Macky Sall a évoqué les grandes lignes du « Programme Sénégal Emergent », déclinées dans le PAP2A, qui concerne tous les secteurs de l’Economie.
Ensuite, c’est dans le Grand entretien avec la Presse nationale qui a suivi ce Discours solennel, que le Chefs de l’Etat a tenu à répondre aux préoccupations soulevées par ses concitoyens rapportées par des journalistes, reconnus par leur professionnalisme, leur courtoisie et leur haut sens de responsabilité vis-à-vis du peuple dans l’exercice de leurs métiers.
C’est ainsi, que le Président Macky Sall a répondu sur l’introduction de l’enseignement à la sexualité à l’Ecole, pour réaffirmer haut et fort, son refus de toutes les tentatives de légaliser les pratiques et les manifestations homosexuelles dans notre pays, puisque contraires à nos valeurs, us et coutumes.
De même, sur la lancinante question de la privatisation et de bradage des terres du Domaine National à usage agricole, il a solennellement clos le débat en décidant de mettre fin à tout octroi de titres fonciers sur celles-ci, et en rationalisant les prérogatives des sous- préfets, des Préfets et des gouverneurs en matière d’approbation des délibérations d’affectation de ces terres par les conseils municipaux, qui gardent toujours le droit exclusif d’affectation et de désaffection de celles –ci à travers leurs délibérations.
Pour ce que ce concerne les problèmes liés à la campagne de commercialisation des arachides en cours, le Chef de l’Etat a d’abord annoncé qu’il a levé l’interdiction des exportations après l’augmentation du prix producteur de 250 à 285 frs le Kilo de Coques, et ensuite, a attiré l’attention sur le nécessaire équilibre à garder, entre les intérêts des producteurs, ceux des industriels, pour accompagner l’industrialisation de la filière tout en préservant les emplois acquis et en créant de nouveaux, et ceux des exportateurs, en veillant à ne pas perdre notre opportunité, difficilement acquise, d‘accès au grand marché chinois de l’arachide.
Pour ce faire, le Chef de l’Etat a exhorté la SONACOS à changer de méthode d’approvisionnement de ses usines en arachides, en allant, comme les exportateurs, acheter bord champ chez le producteur ce dont elle a besoin, plutôt que continuer d’attendre qu’on les lui livre carreau-usine !
Dans ce cadre, il a rappelé l’intérêt qu’il attache à la renaissance des coopératives agricoles et au recours à la « contractualisation » qui permet un meilleur approvisionnement d’une part, des producteurs, en semences, tout en les encourageant à recourir aux « réserves semencières » pour une plus grande indépendance dans ce domaine , et en facteurs de production et d’équipements, et, d’autre part, pour les industriels, un meilleur approvisionnement en arachides, tout en proposant des prix attractifs aux producteurs.
Pour les perditions de production de lait et de fruits et légumes, leur transformation industrielle sera effective dans le cadre de l’installation de quatre « Agropoles » en cours, dont un, au Nord, à St Louis, un autre, au Sud, à Ziguinchor, au Centre, à Kaolack , et à l’Ouest, dans les Niayes. Pour l’Est, les études sont en cours.
Sur les « Accords de pêche » avec l’Union Européenne, le Chef de l’Etat a fait savoir que les licences de pêches qui lui ont été octroyées ne concernent qu’une trentaine de bateaux, qui s’acquittent annuelle d’une redevance de plus de 2 milliards de Fr Cfa, contre 129 bateaux battant pavillons sénégalais appartenant à des nationaux alliés à des étrangers, qui ne s’acquittent que de 1 milliard de Fr Cfa de redevance annuelle.
Il en conclu qu’il n’a pas bradage de nos ressources halieutiques, et que la surveillance de celles-ci pour mieux les préserver, va être mieux assurée par l’acquisition d’un aéronef et de patrouilleurs.
Mieux, les bateaux européens pêchent des poissons en non profonde que les Sénégalais ne consomment pas, et qui sont à des distances de nos côtes hors de portée de de notre pêche artisanale ; ce qui exclut toute possibilité de concurrence entre ces pêcheries !
Et, sur le problème de chômage , il a rappelé les efforts fournis pour la formation technique et professionnelle pour mieux assurer leur employabilité, et la rationalisation en cours des Agences chargées de la promotion de l’emploi en milieu jeunes et femmes, sans parler du fort coefficient en emplois des grands travaux d’infrastructures exécutées ou encours d’exécution.
Pour en tirer la conclusion que l‘immigration irrégulière à laquelle des jeunes font un recours avec tous les risques pour leur vie qu’ils encourent, tous les traitements dégradants dont ils sont l’objet une fois arrivés à destination, n’est pas une fatalité dans le Sénégal d’aujourd’hui.
A la limite, le Président Macky considère que c’est du trafic d’êtres humains qu’il va réprimer sans état d’âme, tout en exhortant les familles à cesser d’exercer des pressions morales sur les enfants en les poussant dans cette aventure périlleuse à la recherche de gains rapides au prix de leur vie !
Concernant l’accès à l’eau en milieu urbain et rural en rapport avec sa disponibilité et le pouvoir d’achat des ménages , le Chef de l’Etat a rappelé que Dakar est une presqu’Ile, et l’eau qui y est consommée, arrive du lac de Guiers via les Usines de traitement de Keur Momar Sarr, des forages effectués dans la région de Thiès et du dessalement de l’eau de mer, qui en font un produit très coûteux que l’Etat subventionne fortement pour la rendre accessible à tous. C’est pourquoi, il a insisté sur la nécessité des ménages à veiller sur leur consommation en eau, dont tout gaspillage se répercute forcément sur la facture à payer, la rendant ainsi plus chère.
Pour ce qui est de l’hydraulique rurale, il a informé que les problèmes de gestion qui secouent les populations, sont l’objet d’un audit qui est en cours, et qui permettra une plus grande lisibilité et visibilité, pour la prise de décisions appropriées afin de les solutionner.
Sur un autre plan, en ce qui concerne les préoccupations soulevées propos de la réforme des Villes envisagées dans le cadre de l’évaluation de « l’Acte 3 de la Décentralisation », le Président Sall a tenu à lever toute équivoque sur la question, en précisant qu’il ne s’agissait pas de supprimer les Villes, mais d’en modifier les Statuts pour les mettre en conformité avec les objectifs de rapprochement des administrateurs aux administrés, tout en redistribuant les moyens détenus par la Villes aux Communes de plein exercice qui les composent, et de doter les Villes dont les limites coïncident avec elles Départements de même nom, du Statut de « collectivité territoriale départementale », en mettant ainsi fin à l’exception dont elles jouissaient dans le « Code Général des Collectivités Territoriales » pour finaliser l’option de « l’Acte3 de la Décentralisation » pour « la Communalisation intégrale et la généralisation de la Départementalisation ».
C’est ainsi que les Villes Dakar, Pikine et Guédiawaye continueront d’exister, mais auront un nouveau Statut de « Collectivité départementale », tandis que les Villes de Rufisque et de Thiès trouveront leur « Statut » dans des « Inter- communanalités » à définir avec les communes de plein exercice qui les composent.
Enfin, sur les préoccupations du milieu des Artistes et de la Presse, le Chef de l’Etat a rappelé les mesures prises en leur faveur des premiers, dans le cadre du « Programme de résilience » pour 3,5 milliards, et dans le « Programme de relance » pour 2 autres milliards, et pour ce qui concerne la Presse, il a indiqué que le Décret d’application du « Code de la Presse » sera signé dès le premier Conseil des Ministres de l’année nouvelle.
Au plan macro- économique et budgétaire, en ce qui concerne la dette et la réforme du CFA, le Président de la République n’a pas manqué de recadrer le débat, en annonçant son refus d’accepter le plafonnement artificiel du taux de notre endettement fixé à 70% du PIB, alors qu’il est de plus de 100% dans les pays les plus développés du monde occidental. Dans ce cadre, il trouve injuste que l’on impose au pays le respect du déficit budgétaire à 3% du PIB, même dans la crise économique déclenchée par la Covid-19, alors que les grandes puissances se payent le luxe de ne pas le respecter en allant jusqu’à plus de 10% de déficit de leur PIB, pour la plus part.
En outre, il a estimé que les « Agences de Notations » placent nos pays dans la « zone à risque élevé », contribuant indûment à rendre chers nos emprunts qui gonflent artificiellement notre Service de la dette. C’est cela qui justifie sa bataille pour l’annulation de la dette africaine qu’il trouve injuste.
En outre, il a renseigné que, malgré tout, le Sénégal a toujours honoré le payement du Service de la dette sans porter, pour autant, préjudice à ses objectifs de développement économique et social, d’équité et d‘inclusion sociale et territoriale, et qu’il dispose d’ une bonne signature lui permettant d’accéder à des financements longs à des taux d’intérêt entre 4 et 6%, dans un contexte où les crédits à taux concessessionels deviennent de plus en plus rares.
C’est dans ce cadre qu’il a abordé la réforme du CFA en perspective de la création de l’Eco CEDEAO, qui a rencontré des difficultés de la part de certains Etats hors UEMOA, qui ont retardé sa finalisation, et que le contexte de la Covid-19 a accentué ces difficultés.
Mais, il a assuré que pour bientôt, les Chefs d’Etat de l’UEMOA vont se retrouver en présentiel, pour donner suite à cette situation.
Ainsi, en conclusion, dans cette stratégie rénovée de communication, le Président Macky Sall est parvenu à éclairer, à la fois, sur ses réalisations durant l’année écoulée et sur ses projets pour l’année nouvelle, tout en répondant à l’essentiel des préoccupations soulevées, dans la période, par ses concitoyens.
C’est cette prouesse dans la Communication de fin d’année du Président de la République Macky Sall, qui a amené nos adversaires à accuser notre Presse nationale de « complicité » avec le Chef de l’Etat, pour avoir accepté son invitation à ce Grand entretien qui leur a coupé le souffle, et a dépouillé toute pertinence à leurs réactions, suite à cette forme d’Adresse à la Nation, qu’il faudrait institutionnaliser pour en faire de même, chaque année, les 3 Avril à l’occasion de la fête de l’Indépendance, et le 30 Avril, à la veille de la Fête du Travail du 1er Mai.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 3 Janvier 2021

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