Les partisans du mot d’ordre du Oui au référendum n’ont pas attendu le démarrage aujourd’hui de la campagne pour prendre possession des murs des villes, des ondes de radios et plateaux de télés pour tenter de convaincre. En toute impunité.
La campagne électorale pour le référendum a commencé à minuit, mais on peut se demander ce qui, en réalité, va vraiment changer. Dans les faits, la campagne électorale avait déjà démarré juste après que le président Macky Sall a fait son adresse à la Nation le mardi 16 février pour expliquer que, pour se soumettre à la décision du Conseil constitutionnel, il ne pouvait plus proposer la réduction de son actuel mandat au référendum.
Les prises de position étaient devenues chaque jour plus tranchées et l’atmosphère dans le pays et dans les salles de rédaction a depuis été au rythme du vote en faveur de l’une ou l’autre position, chaque camp rassemblant ses porte-parole et ses ténors. Et même sur le plan visuel, les murs de la ville de Dakar et de sa banlieue ont déjà commencé à «exprimer leurs vues». Mais sur ce plan, le camp du Oui semble avoir déjà pris une longueur d’avance.
En effet, depuis environ une semaine, des gros panneaux invitent les citoyens de Dakar à aller voter pour le Oui au référendum. Or, la campagne électorale ne démarre qu’aujourd’hui. Cette infraction à la loi, qui de la part d’un délinquant ordinaire aurait été sévèrement sanctionné, n’a suscité aucun commentaire de la part du ministre de l’Intérieur. Abdoulaye Daouda Diallo, interpellé le mercredi dernier à l’École de police sur ce point, a fait le sourd, ne voyant sans doute rien de répréhensible à ce qui s’ajoute aux traitements médiatiques que même le Cnra dans son communiqué d’hier a dénoncé, à savoir un parti-pris prononcé en faveur du camp du Oui qui déséquilibre l’équité de traitement des citoyens face au service public.
Quoi qu’il en soit, pour une semaine encore, Dakar et le Sénégal risquent de retrouver les grands moments de fièvre qui nous animent lors des campagnes. Espérons que cela ne s’accompagnera pas de violence.