L’Union des magistrats du Sénégal (Ums) a demandé hier aux parlementaires de ne pas endosser la responsabilité d’avaliser une réforme ‘’foncièrement injuste’’. Selon Maguette Diop, président de ladite association, cette volonté du gouvernement, prise de manière unilatérale, risque de créer la bipolarisation dans la magistrature et la justice déjà en ‘’crise’’. Il dénonce des velléités de déstabilisation de la part de l’Etat.
Le Bureau exécutif de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) ne décolère pas. Lors de son point de presse tenu hier matin au tribunal, il a lancé, une dernière fois, un nouvel appel aux députés qui devaient siéger dans l’après-midi pour l’examen de la loi sur la réforme de la magistrature. Le président de cette association et ses camarades ont demandé aux parlementaires de ne pas endosser la responsabilité consistant à ‘’avaliser’’ une réforme ‘’foncièrement injuste’’. Elle serait, selon eux, de nature à exacerber le malaise déjà profond dans la justice. Le syndicat les a appelés à rejeter en bloc les projets de réforme initiés dans la magistrature, particulièrement celui portant statut des magistrats dont l’article 65 a été modifié dans le sens d’allonger l’âge de la retraite pour le premier président de la Cour suprême, le procureur général près ladite Cour, les présidents de chambre de ladite Cour et les premiers présidents des Cours d’appel et procureurs généraux près lesdites Cours.
Le magistrat Diop de rappeler que toutes ces modifications ont été insérées dans le texte, à la dernière minute, sans aucune concertation préalable. ‘’C’est ça que nous dénonçons, de même que l’article 65 qui fixe l’âge limite de la retraite pour tous les magistrats. Nous avons, nous-mêmes, pris le soin de rédiger un mémorandum porté à la connaissance de M. le Garde des Sceaux. (…) Curieusement, après sa sortie à la télé, le problème s’est déplacé. Une dérogation a été apportée dans le sens d’allonger l’âge de la retraite pour une catégorie de magistrats’’, a dénoncé le président de l’Ums. Selon lui, dès le début, ils ont signalé le caractère ‘’discriminatoire’’ de cette mesure. Parce que, renseigne Maguette Diop, les magistrats sont soumis à un même statut sans distinction d’âge relative à l’accès à ce corps ou à la retraite. Rappelant qu’ils continuent d’œuvrer pour que le calme, la sérénité et la quiétude soient toujours de mise dans leur secteur, ces magistrats promettent de faire face à toute tentative d’affaiblissement ou de déstabilisation de la justice.
Bipolarisation de la magistrature
D’autant que, poursuit-il, ‘’une telle disposition concerne uniquement 18 magistrats sur 500 environ. Et elle risquerait, si l’on n’y prend garde, de diviser la magistrature en deux blocs’’. ‘’Le Bureau exécutif de l’Ums, soucieux de l’unité des magistrats et du renforcement de l’indépendance de la magistrature, en appelle, si besoin est, au sens élevé des valeurs cardinales auxquelles la République du Sénégal est adossée’’, a ajouté Maguette Diop entouré de ses collègues. Le vote de ce projet de loi organique tel que présenté, a-t-il poursuivi, plongerait à jamais la magistrature dans une situation de bipolarisation. Aussi, constituerait-il un facteur de fragilisation et de domestication de la justice. Le magistrat de faire observer : ‘’Il est curieux, alors que l’Ums est appelée par le gouvernement à dialoguer pour une issue heureuse de cette situation, de constater que ce dernier et les députés veuillent que cette réforme passe vaille que vaille. Pourquoi cette démarche à la va-vite pour des questions aussi sérieuses qui concernent la justice, un autre pouvoir?’’
‘’Les magistrats sont en crise, de même que la justice’’
Le Bureau exécutif de l’Ums, annoncent ses membres, qui avait déjà plaidé la candidature du Sénégal pour organiser la réunion du groupe des magistrats africains, une composante de l’Union internationale des magistrats, a pris la décision de l’annuler. Car, justifient-ils, le contexte n’est pas favorable pour la tenir. ‘’Au sortir de cette salle, nous allons adresser une lettre au secrétaire général de l’Union internationale des magistrats pour lui faire part de cette dernière volonté. Il n’est pas souhaitable qu’une telle rencontre ait lieu ici dans ce contexte. Les magistrats sont en crise, de même que la justice’’, constate Maguette Diop. La date de cette rencontre n’a pas été calée. Par contre, ils travaillaient sur les modalités de l’événement dont, disent-ils, la finalité était de mettre en exergue le rôle de premier plan et de leadership du Sénégal en Afrique.
EnQuête
La meilleure preuve de la manipulation de la justice, la meilleure preuve du terrorisme fait aux magistrats par le pouvoir de Macky est le cas vécu par le procureur de la république, Me Bassirou Gueye.
A la libération d’Aïda Ndiongue, sur décision du juge, une lettre circule au Sénégal et fait les choux gras des médias. Cette lettre est signée du nom du procureur de la république. Et cette lettre conteste la décision du juge de libérer Aïda Ndiongue. Dans tout autre pays du monde cette lettre aurait fait scandale. Mais au Sénégal de Macky Sall, c’est le contraire, le procureur est même pris pour un héros par les partisans du pouvoir. Il est présenté comme un homme de droit qui s’oppose aux décisions insensées du juge. Les partisans du pouvoir l’applaudissent.
Seulement à la réunion des magistrats suivante, devant tous les magistrats, Me Bassirou Gueye, jure qu’il n’a écrit aucune lettre, qu’il n’est pas l’auteur de celle qui lui vaut les applaudissements du pouvoir de Macky, que jamais l’idée de contester une décision de justice ne lui viendrait.
La moindre des choses qui devait suivre aurait été une enquête pour retrouver l’origine de la lettre. Car user de faux et usage de faux pour accuser un procureur de la république de s’opposer à la justice doit quand même être un délit… même dans la république de Macky Sall. Or, nenni, rien n’a été fait dans ce sens. Moi, je pense que les magistrats sont terrorisés par la source de cette lettre. Cette lettre avait pour but de manipulation de l’opinion. Et tout sénégalais sait où se trouve l’intérêt de la manipulation de l’opinion.