Bonjour Professeur. Je me suis remariée à deux reprises mais je n’ai jamais connu le moindre orgasme. Je me demande bien pourquoi. Du coup, je fais semblant. Faut-il aller consulter ?
Bonjour. Le vrai problème en fait, est de savoir si cela vous fait souffrir psychologiquement.
Je vous pose cette question car vous dites : « Je fais semblant, faut-il aller consulter ? » Il est clair que si « faire semblant » vous suffit, vous pourriez en rester là. En effet, consulter pour des problèmes qui relèvent le plus souvent soit de blocages psychologiques, soit de carences de l’apprentissage, nécessite une certaine dose de souffrance. Car elle seule vous aidera à avoir une motivation suffisante pour entreprendre un travail psycho-sexologique qui prend du temps avant d’obtenir des résultats dans ce type de trouble. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Et les causes peuvent être multiples. Elles sont souvent en rapport avec des difficultés propres à l’histoire du couple parental, la plus fréquente étant une mauvaise image paternelle. Elles peuvent aussi être liées à l’absence d’éducation sexuelle par évitement, d’où une méconnaissance de son corps, ou à un discours négatif sur tout ce qui touche au sexe. Elles peuvent enfin prendre leur source dans des traumatismes comme un abus sexuel ou des débuts de vie amoureuse dans de mauvaises conditions, qui sont autant de facteurs de blocage, ou encore dans une relation affective de mauvaise qualité avec un partenaire maladroit ou trop avide.
Moi Professeur, je voudrais savoir si je ne suis pas une femme fontaine ?
Sambamara : Normalement, ça se ressent et ça se voit… Encore faut-il ne pas confondre le phénomène des femmes fontaines avec la production de liquide liée à l’excitation sexuelle. Sous l’influence du désir, une transsudation liquidienne se produit à travers la muqueuse vaginale. Cette sécrétion concerne toutes les femmes. Plus ou moins importante selon la puissance de l’excitation, elle sert à lubrifier les tissus avant la pénétration afin que celle-ci soit plus confortable.
Les femmes fontaines, elles, expulsent du liquide au moment de l’orgasme. L’origine de cette production demeure controversée. Elle ressemble à une éjaculation. Dans les années 90, en effet, l’anatomiste Milan Zaviacic a montré que diverses glandes débouchant dans l’urètre féminin présentaient la même structure que la prostate masculine. Cependant, ensemble, ces glandes ne pèsent pas plus de 5 grammes, contre 20 grammes environ pour la prostate masculine. Elles ne sauraient donc expliquer à elles seules la quantité de liquide parfois émise par les femmes fontaines : de quelques gouttes à près d’un verre. L’abondance du jet pourrait aussi faire intervenir une part d’urine très diluée, même s’il ne s’agit en aucun cas d’incontinence urinaire. De 6 à 36 % des femmes seraient concernées par ce phénomène, selon qu’il est régulier ou exceptionnel. Sa manifestation dépendrait des conformations anatomiques, des performances musculaires et de l’intensité de la jouissance.
Mon problème est autre Professeur. Je vis avec mon épouse depuis 5 ans. Le problème, c’est qu’elle ne sait pas faire l’amour et, comme il y a un moment que cela dure, l’affaire commence à pas mal me déplaire. Pouvez-vous me donner des conseils ?
Sambamara : Vous savez, faire l’amour n’est pas une « science » ! C’est un savoir tissé individuellement à partir de son éducation mais, surtout, au fil des rencontres, en étant à l’écoute des sensations de son corps et des réactions du partenaire. Il me semble donc que, dans votre couple, il n’y a sans doute pas eu suffisamment de complicité, de tendresse et d’écoute mutuelle pour que ce savoir s’échange et que vos corps s’accordent l’un à l’autre. De plus, à vos âges, il arrive que les habitudes se rigidifient, amenant à considérer sa pratique comme « la » vérité.
Or, en amour, au contraire, on ne sait jamais rien et le langage du corps est sans cesse à réinventer, selon les partenaires et notre propre évolution. C’est pourquoi il est nécessaire de pouvoir en rire, en parler et se montrer ce qui nous plaît. Si vous attendez que votre compagne sache répondre à vos besoins, encore faut-il les avoir exprimés avec tact, douceur, et en montrant autant d’écoute vis-à-vis d’elle et de ses désirs.
Peut-être a-t-elle des inhibitions ? Les connaissez-vous ? Peut-être aussi vous montrez-vous malhabile dans la façon d’exprimer vos attentes et l’avez-vous bloquée sans le vouloir ? Il arrive également que certains répertoires de plaisir soient communs aux deux membres du couple et d’autres étrangers, sans qu’on l’ait repéré. Après six ans de mésentente implicite, tout cela n’est sans doute pas facile à explorer entre vous. En revanche, c’est une excellente indication de sexothérapie ! En effet, ce que fait en général un sexothérapeute, c’est permettre à chacun de découvrir ses propres répertoires érotiques et fournir des moyens pour les échanger en couple, à la fois par le langage et par des consignes corporelles.
Une question Docteur. Depuis quelque temps, mon mari, âgé de 50 ans, n’a plus d’éjaculation, mais il ne veut pas consulter. Ses érections sont normales et nos rapports me satisfont. Je voudrais connaître votre avis. Est-ce un problème psychologique ? Comment puis-je l’aider ?
Sambamara : En tout cas, de manière très schématique, que votre mari ne veuille pas consulter peut être interprété comme le fait que son absence d’éjaculation ne le dérange pas. Dans ce cas, il faudrait savoir en quoi cela vous gêne, vous. Il est possible aussi qu’il n’aime pas parler de sexualité et redoute de consulter. Les causes organiques d’un trouble de l’éjaculation peuvent survenir après une intervention sur la prostate, en cas de diabète et dans certaines atteintes neurologiques. Certains traitements comme les antidépresseurs peuvent aussi bloquer l’éjaculation. Tous ces éléments déclenchant sont facilement repérables.
D’autres causes peuvent être psychologiques : c’est le cas des troubles de l’excitation sexuelle et lors de certains conflits conjugaux, où il y a blocage du plaisir. Mais il semble que vos rapports soient satisfaisants…
Moi Professeur, ma femme ne jouit que dans la position du missionnaire. J’aimerais varier nos ébats, mais cela me freine car, même si mes caresses la mènent à l’orgasme, elle avoue que c’est moins bien pour elle. Avez-vous des suggestions ?
Sambamara. Eh bien, si votre femme n’aimait qu’un seul plat, en mangeriez-vous jusqu’à l’indigestion ? Sans doute essaieriez-vous quand même de varier un minimum vos menus ! Parions que vous tenteriez aussi de lui faire comprendre le plaisir que vous trouvez aux autres mets, dans l’espoir de le partager au moins un peu avec elle ? Plus d’un conjoint s’est ainsi « converti » aux huîtres ou aux asperges parce que, quand on voit quelqu’un se régaler d’une saveur, qu’on l’entend en parler avec enthousiasme, on y devient soi-même plus réceptif, surtout quand s’y mêle aussi le désir d’approcher ainsi une partie de la vie de l’être aimé.
Il n’en va pas différemment en matière de goûts sexuels. Ainsi, si vous continuez à n’appliquer qu’une seule recette de cuisine au lit, vos ébats risquent de tourner à l’ennui et aux regrets. Et quand le discours est chaleureux, ensoleillé, raffiné, toutes ces notions finissent par conquérir l’auditoire qui commence, progressivement, à les ressentir avec son propre corps.
Puisque vous aimez votre compagne, essayez de devenir son « maître œnologue ». La technique pure ne suffit pas dans ces cas-là, c’est tout un langage qu’il faut trouver… Ce sont les mots, les phrases, les gestes, le ton, les caresses suscitées par votre émotion et le désir de partager une même vibration qui feront qu’une étincelle pourra naître chez votre femme, puis grandir peu à peu. Ne renoncez pas. Avec de la patience et de la conviction, vous y parviendrez.
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