Tamis « percé » ! Par Madior Fall

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Le souci de trouver financement innovant sans condition, la cupidité et la recherche de l’argent facile en pensant aux montants mirobolants des commissions à tirer sans coup férir de certaines affaires font que trop souvent, le filtre nécessaire de l’Etat est moins opérant. Il est même poreux ces temps qui courent. On entre trop facilement au palais de la République et l’on y évoque trop aisément des marchés ou des investissements qui se révèlent parfois n’être que de simples mirages aux alouettes, s’ils ne sont pas occasions pour des combines douteuses de la part des multiples courtisans qui pullulent à la cour. Tractations et transactions qui n’épargnent ni notre image sur les places financières du monde, ni nos deniers publics. Tout est fait comme si le palais présidentiel était un repère d’affairistes louches de toutes nationalités, un nid d’escrocs de haut vol.

On y entre également comme dans un moulin, au marché Sandaga plutôt. Des « charlots » qui se disent porteurs d’affaires y ont leurs accès et y trustent des commissions vite empochées dans des affaires les unes plus douteuses que les autres. Dans cette affaire qui défraie la chronique depuis que nos confrères de l’Obs l’ont éventée, on a introduit en effet, le sieur Yilmaz, Mehmet de son nom chez le président de la République et on l’a entouré de toutes les attentions de la Nation reconnaissante en lui déroulant tapis rouge dans certaines sphères du pouvoir et du gouvernement. Il n’en espérait certainement pas tant, lui et son équipe qui vivotaient dans des hôtels de seconde zone à Dakar depuis qu’ils ont débarqué au Sénégal à la recherche d’un pigeon à plumer.

Qu’à cela ne tienne, fort du soutien du palais et de la disponibilité de la République, ceux qui se dévoilent comme des truands internationaux au fur et à mesure qu’on en sait un peu plus sur le résultat des enquêtes diligentées par le ministère de l’Economie et des finances parviennent à faire ouvrir un compte dans une banque de la place au nom d’une société en cours de création dénommée « Fontanu-Sau ». Pour se faire et comme pour créditer davantage leur personnage de richissimes investisseurs, ils déposent un billet à ordre d’un milliard cinq cent millions d’euros, tout en indiquant à leur nouveau banquier, que quatre billets à ordre allaient suivre au fur et à mesure de l’avancement de leurs projets dans notre pays. Grands Seigneurs quoi !

Pour prouver aux autorités sénégalaises leur solvabilité et leurs capacités financières sans bornes, Mehmet Yilmaz et ses complices font intervenir un individu répondant au nom de Dr. Zvonko Berdik Albert qui se trouve en vérité être le véritable cerveau du groupe. Celui-ci déclare agir au nom et pour le compte de Bedford international financial group, propriétaire des fonds. Le triste sire se manifeste en janvier dernier au gestionnaire du compte « sénégalais » de M. Yilmaz pour confirmer de vive voix, la régularité du billet à ordre d’un milliard cinq cent millions d’euros déposé dans les livres de la banque.

L’homme est coutumier du fait, apprenait-on par la suite. Son nom est associé, en tant que dirigeant d’une société écran à plusieurs démarches frauduleuses en direction d’établissements bancaires, de sociétés de transfert d’argent et de placement de produits financiers à travers le monde depuis près d’une dizaine d’années maintenant. Escroc de haut vol, truand de la pire espèce qui dîne pourtant à la table de hautes autorités sénégalaises qui ne se donnent même pas la peine de se renseigner sur ces trop disponibles investisseurs qui débarquent sans crier gare dans leur pays. Tous heureux qu’ils sont de « contourner » les bailleurs de fonds classiques qui ne fournissent pas de commissions et qui pompent l’air avec leurs multiples et regardantes conditionnalités, véritables lèse souveraineté.

Il y a cependant toujours ou le plus souvent un grain de sable, fort heureusement, qui vient enrailler les mécanismes les plus huilés dans des arrangements de ce genre. L’intervention du fameux Dr renforce en effet les doutes des banquiers sénégalais qui s’en ouvrent aux services compétents du département des Finances qui avaient déjà ouvert une discrète enquête. Le reste, on le connaît depuis que nos confrères de l’Observateur l’ont porté à la connaissance du plus grand nombre. Si Me Wade a tôt fait cette fois-ci de flairer le coup et d’y mettre le holà aidé en cela par son Argentier, on peut cependant valablement s’interroger sur le nombre d’affaires de ce genre qui ont reçu son onction au grand dam des intérêts du pays et qui sont passées entre les mailles d’un tamis assurément percé depuis 2000 ? Il va falloir pourtant mettre un terme à tout cela. Il y va de la République. Il y va même de la survie du régime en place caractérisé ces temps -ci par une débandade qui semble aller crescendo.

sudonline.sn

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