Mokhtar Belmokhtar se dit prêt à négocier
* Le bilan des otages tués en Algérie devrait s’alourdir
* Vingt-cinq corps découverts dimanche
* Obama propose l’aide américaine à l’Algérie
par Laurent Prieur et Lamine Chikhi et Abdelaziz Boumzar
NOUAKCHOTT/ALGER/IN AMENAS, Algérie, 20 janvier (Reuters) – U n chef djihadiste algérien, Mokhtar Belmokhtar, a revendiqué au nom d’Al Qaïda la responsabilité de la prise d’otages sur le site gazier de Tiguentourine, dans le Sahara algérien, et s’est dit prêt à négocier si la France met fin à ses raids aériens au Mali.
« Nous, Al Qaïda, annonçons cette opération bénie » de Tiguentourine, déclare-t-il dans une vidéo dont fait état dimanche le site internet d’information mauritanien Sahara Media.
« Nous sommes prêts à négocier avec les Occidentaux et le gouvernement algérien à condition qu’ils cessent de bombarder les musulmans du Mali », ajoute le chef islamiste, surnommé « Le Borgne ».
Dans la vidéo, il précise que l’attaque et l’occupation du site de Tiguentourine, qui a duré de mercredi à samedi, ont été menées par une quarantaine de djihadistes, « issus pour la plupart de pays musulmans et pour d’autres de pays occidentaux ».
La brigade Moulathamine (« Ceux qui signent avec leur sang ») de Mokhtar Belmokhtar a affirmé avoir mené cette prise d’otages en représailles aux raids aériens français contre les rebelles islamistes dans le nord du Mali, a rapporté l’Agence Nouakchott d’Information (Ani), un site électronique mauritanien.
Le ministre algérien de la Communication, Mohamed Saïd, a déclaré dimanche que le premier chiffre de 23 otages tués à Tiguentourine, avancé samedi soir, serait très probablement dépassé.
« Je dois malheureusement dire que le nombre de morts va augmenter », a-t-il dit à l’agence de presse officielle APS, précisant que le bilan définitif serait communiqué dans les prochaines heures.
UNE QUARANTAINE DE DJIHADISTES
Il a précisé que les 32 activistes tués par les forces spéciales de l’armée étaient de six nationalités différentes, « originaires de pays arabes et africains et de pays non africains ».
Le ministère de l’Intérieur a précisé que 107 otages expatriés et 685 otages de nationalité algérienne avaient été libérés par les forces de sécurité. (voir )
Selon la chaîne de télévision privée algérienne Ennahar, 25 autres corps ont été découverts dimanche par l’armée à l’intérieur du complexe gazier. Selon Ennahar, ces corps sont sans doute ceux des otages exécutés par les djihadistes. (voir )
Plusieurs pays ayant des ressortissants parmi les otages, notamment le Japon, se sont plaints de ne pas avoir informés par Alger des opérations menées pour reprendre le contrôle du site.
Mais, en France, le président François Hollande a estimé dès samedi que l’Algérie avait eu « les réponses adaptées » à la situation. Dimanche, son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, a prôné une fermeté implacable face au terrorisme et a également jugé qu’il ne fallait pas mettre en cause les décisions d’Alger.
François Hollande a reçu à l’Elysée les familles des sept otages français encore retenus au Sahel, pour certains depuis plus de deux ans et demi. (voir )
PARIS ET LONDRES MÉNAGENT ALGER
A Londres, le Premier ministre, David Cameron, a confirmé la mort de trois otages britanniques. Il a ajouté que trois autres Britanniques et un résident britannique étaient sans doute également décédés.
Evoquant les interrogations sur l’attitude des autorités d’Alger, David Cameron a tenu à souligner que la responsabilité des morts de Tiguentourine « repose totalement sur les terroristes qui ont lancé cette attaque lâche et brutale » et il a remercié les autorités algériennes.
Parmi les 32 djihadistes tués figure probablement le chef du commando, le Nigérien Abdoul Rahman al Nigeri, un proche de Mokhtar Belmokhtar qui aurait été, lui, le commanditaire de l’opération.
Washington a confirmé la mort d’un otage américain, Frederick Buttaccio. La compagnie Statoil a dit être sans nouvelles de cinq de ses employés norvégiens. Des Japonais et des Américains sont également portés manquants.
Le président américain Barack Obama a offert samedi de fournir toute l’assistance nécessaire au gouvernement algérien et imputé la responsabilité du dénouement sanglant de la prise d’otages aux « terroristes qui l’ont menée ».
Réagissant pour la première fois à l’événement, Barack Obama a ajouté qu’il resterait dans les prochains jours en contact étroit avec Alger pour « mieux comprendre ce qui s’est passé afin que nous puissons travailler ensemble pour prévenir de telles tragédies à l’avenir ». (voir ) (Avec Laurent Prieur à Nouakchott, Balazs Koranyi à Oslo, Estelle Shirbon et David Alexander à Londres, Brian Love à Paris, Daniel Flynn à Dakar; Hélène Duvigneau, Jean-Loup Fiévet et Guy Kerivel pour le service français)
reuters