QUELLE CREDIBILITE PEUT- ON ACCORDER A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, AU VU DE SA GESTION DE LA CRISE LYBIENNE ?
Certes, le Conseil de Sécurité de l’ONU a la noble vocation de régler les conflits dans le monde ; et personne ne doute de la justesse de sa cause, car le fait d’un consensus universel ratifié par tous les pays ; dès lors, ses résolutions ont une légitimité indiscutable et doivent être appliquées par tout le monde ; il lui incombe donc de se donner tous les moyens nécessaires et suffisants pour atteindre cet objectif – Je dis bien suffisant ! En clair, combattre tout belligérant récalcitrant par la riposte la plus appropriée, pouvant aller généralement de l’embargo diplomatique à l’embargo économique ; ce n’est qu’exceptionnellement qu’une intervention armée est nécessaire ; en vérité, si l’embargo est respecté par tous, il n’est point nécessaire d’user de la force pour contraindre un belligérant récalcitrant à se conformer au droit. Certes, une résolution du Conseil de Sécurité est toujours légitime, mais elle n’est pas forcément équitable ; malheureusement, c’est ce qui s’observe de plus en plus dans la gestion de la plupart des dossiers gérés par l’ONU, du fait de la composition inique du Conseil de Sécurité, des deals ignobles entre les grandes puissances détentrices du droit de véto et de leurs pressions insoutenables sur les pays pauvres (ou faibles) ; ainsi, les résolutions ne sont plus déterminées par les principes de justice et d’équité, mais par des intérêts économiques ou stratégiques et des états d’âmes. Comment peut-on comprendre que la France qui auparavant avait rompu ses relations diplomatiques avec Tripoli et reconnu les insurgés ‘’armés’’ comme ses seuls interlocuteurs légitimes puisse avoir la neutralité requise pour initier la résolution visant à installer la zone d’exclusion aérienne et à ‘’diriger’’ les opérations ? A l’évidence, cette affaire qui a été très mal engagée dès le départ ne peut déboucher que sur une impasse (enlisement, déstabilisation de tout le continent – et au-delà, de tout le pourtour méditerranéen) ; en outre, cette intervention militaire inopportune et disproportionnée créera un précédent dangereux ; c’est dire, encore une fois, que le remède administré par la communauté internationale est pire que le mal et augure un nouveau printemps, celui des rébellions !!! Au vu de tout cela, il est devenu évident que le mode de fonctionnement du Conseil de Sécurité a atteint ses limites ; il est donc grand temps qu’il se réforme et se démocratise, conformément à l’exigence de justice et d’équité réclamée par tous les peuples.
Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE
Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar
Pédiatre à Thiès
Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès).