Départ tous azimuts du PDS – Les « fils bannis » font le vide autour du « père »

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En claquant la porte du Parti démocratique sénégalais (Pds) pour mettre sur pied sa propre formation politique, Modou Diagne Fada vient allonger la liste des responsables libéraux qui ont consommé le divorce d’avec Abdoulaye Wade depuis sa chute en 2012. Ces départs tous azimuts ont fini d’affaiblir le parti d’Abdoulaye Wade qui s’enlise, de jour en jour, dans une crise de leadership qui n’est pas près de s’estomper tant que la question de sa succession n’est pas réglée. EnQuête revient ici sur le départ de quelques responsables Libéraux.

Au rythme où vont les choses, le Parti démocratique sénégalais (Pds) risque de se vider de l’essentiel de sa substance. Depuis sa chute du pouvoir le 25 mars 2012, le parti d’Abdoulaye Wade ne cesse d’enregistrer des départs de militants et responsables qui, soit regagnent le parti présidentiel, soit forment leur propre parti ou mouvement politique.

Modou Diagne Fada

Le dernier départ en date, c’est celui de Modou Diagne Fada. Le président du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’ est en effet exclu du Pds après y avoir provoqué et dirigé une fronde pour le renouvellement des instances du parti. Soutenu au départ par ses camarades de parti dont Aïda Mbodj (qui a finalement tourné casaque), Mamadou Lamine Keïta, Habib Sy, Fatou Thiam et une bonne frange des cadres libéraux, Modou Diagne Fada a produit et adressé au Secrétaire général national du Pds un mémorandum de huit pages dans lequel il fait un diagnostic sans complaisance de la situation du parti qui, selon lui, souffre d’une léthargie profonde de ses structures, surtout à la base où elles ne sont pas renouvelées depuis bientôt deux décennies. Mais cet engagement aura coûté au leader des réformateurs sa traduction devant la Commission de discipline du Pds qui a finalement recommandé au Comité directeur de prononcer son exclusion définitive du parti. Une décision d’ailleurs que Modou Diagne Fada a toujours contesté, allant jusqu’à remettre en cause la légitimité même de ladite Commission de discipline. Après près de sept mois de résistance, le président du Conseil départemental de Kébémer a fini par se rendre à l’évidence en mettant sur pied sa propre formation politique : Les démocrates réformateurs (Ldr/Yeesal), lancé samedi dernier à Dakar.

Pape Diop

Avant Modou Diagne Fada, d’autres responsables libéraux ont en effet quitté le navire du Pds. Parmi ces derniers, on peut citer le président de la Convergence libérale démocratique/Bokk Gis Gis (Cld/Bgg). Pape Diop a été l’un des premiers responsables libéraux à quitter le Pds juste après sa chute en 2012. C’est lors des investitures aux élections législatives de 2012 que lui et Abdoulaye Wade sont entrés en clash. Le président déchu a en effet confectionné les listes pour les législatives de 2012 à l’insu de son militant et responsable. ‘’Après notre défaite de la présidentielle du 25 mars 2012, j’ai pris l’initiative d’aller voir Me Wade pour discuter avec lui de la confection de nos listes pour les législatives. Nous avons discuté et je lui ai dit qu’il fallait qu’on arrête une liste avant d’être forclos.

Il m’a répondu que les listes étaient déjà faites. J’étais surpris et je lui ai dit que les listes du Pds ne pouvaient pas être faites sans ma présence. Il m’a dit que c’était déjà fait et que je dirigeais la liste de Dakar’’, a confié Pape Diop. Mais l’ex-président du Sénat n’était pas encore au bout de ses peines. Puisqu’il sera écarté de la liste nationale pour n’être investi que sur la départementale. Mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est la désignation d’Oumar Sarr comme coordonnateur du Pds alors qu’il prétendait déjà à la succession d’Abdoulaye Wade. Une cascade de frustrations qui a fini par l’amener à prendre son destin en main. Très vite, il a mis en place sa propre formation politique, la Convergence démocratique/Bokk Gis Gis (Cd/Bgg) devenue entre-temps la Convergence libérale démocratique/Bokk Gis Gis (Cld/Bgg). Mais en claquant la porte du Pds, il a su rallier à sa cause beaucoup de responsables libéraux dont Thierno Lô, Seynabou Wade, Mamadou Seck et Bécaye Diop, entre autres.

Abdoulaye Baldé

Tout comme Pape Diop, Abdoulaye Baldé a lui aussi quitté le navire libéral à la suite de beaucoup de frustrations. Après moult avertissements sur son probable départ, l’ex-ministre de l’Industrie et des Mines est finalement passé à l’acte. Il a attendu la veille des élections législatives de 2012 pour démissionner du Pds et mettre en place son propre parti, l’Union centriste du Sénégal (Ucs). Il s’est par la suite présenté aux élections législatives de 2012 à l’issue desquelles il a réussi à décrocher trois postes de députés.

Bécaye Diop

Il avait poursuivi Pape Diop dans son aventure. Mais leur compagnonnage n’a duré que le temps d’une rose. Puisqu’au bout de quelques mois, ils ont fini par se séparer. Cloué au lit par une longue maladie, déclaré même mort en un moment donné, Bécaye Diop s’est pendant longtemps absenté de la scène politique sénégalaise pour des soins médicaux en France. Il marquera son retour non pas en tant que militant du Pds ou encore de la Cd/Bgg mais de l’Alliance pour la République (Apr). L’ex-ministre des Forces Armées a en effet rallié le camp présidentiel après avoir été démarché par le président de la République. En tournée économique dans la partie Sud du pays, Macky Sall a rendu visite à l’ex-maire de Kolda pour lui présenter ses condoléances suite au rappel à Dieu de sa sœur. Il en a profité pour l’inviter à venir le soutenir au sein de son parti.

Souleymane Ndéné Ndiaye

Au Parti démocratique sénégalais, les départs se succèdent et s’expliquent tous par une série de frustrations liées au management du parti. Presque tous ceux qui sont partis, l’ont fait dans les mêmes conditions. La plupart commence d’abord par geler leurs activités avant de claquer définitivement la porte. C’est le cas de Souleymane Ndéné Ndiaye. Le dernier Premier ministre d’Abdoulaye Wade, prétextant au départ des cours d’anglais à suivre à l’étranger, a tout d’abord commencé par démissionner de son poste de maire de Guinguénéo élu sous la bannière du Pds. Il gèlera ensuite ses activités du Pds avant de lancer son propre parti, l’Union nationale pour le peuple.

Aliou Sow

Après la défaite du régime libéral, Aliou Sow s’est très tôt démarqué de ses ‘’frères’’ libéraux. L’ancien ministre des Collectivités locales qui a toujours contesté le leadership d’Oumar Sarr a choisi de mettre sur pied son propre mouvement. Celui-ci sera plus tard transformé en parti politique dénommé : Mouvement des patriotes pour le développement (Mpd/Liggey). Après la démission d’Ousmane Ngom de son poste de député, il a été désigné comme son remplaçant après le renoncement de Mamour Cissé. Un choix qui soulève des grincements de dents dans les rangs du Pds pour qui le poste doit revenir à Mamadou Lamine Keïta dès lors qu’Aliou Sow est démissionnaire du parti. Malgré tout, l’actuel président du Mpd/Liggey se dit plus que jamais déterminé à occuper le poste et de le garder tant que la loi l’y autorise.

Serigne Mbacké Ndiaye

Dans le lot des ‘’fils bannis’’ d’Abdoulaye Wade, figure en bonne place Serigne Mbacké Ndiaye. Même si l’ancien ministre-porte-parole de la Présidence de la République n’a pas jusqu’ici saisi officiellement la direction du Pds d’une démission, Serigne Mbacké Ndiaye a mis en place son propre mouvement, la Convergence libérale et patriotique (Clp). Pas du tout d’accord sur la ligne de conduite du Pds, il est souvent aligné sur la position du chef de l’Etat, Macky Sall. Lors du dernier référendum, il a appelé l’ensemble de ses frères libéraux à voter OUI alors que son parti avait opté pour le NON.

Abdou Khafor Touré

Il est le dernier à quitter le navire libéral. Abdou Khafor Touré a définitivement rendu le tablier la semaine dernière. L’ex-membre du Comité directeur avait déjà annoncé la couleur en intégrant le groupe des réformateurs dirigé par Modou Diagne Fada pour la restructuration du Pds. Un mouvement qu’il a fini par quitter pour retourner au Pds. Mais ce retour ne sera que de courte durée car, malgré son désir de rester et de continuer le combat à l’intérieur du Parti de Me Abdoulaye Wade, l’ancien directeur général de l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes (Anej) finira par quitter définitivement la maison du père. Et sur les raisons de son départ, l’ex porte-parole de la Fédération nationale des cadres libéraux (Fncl) a confié tout récemment : ‘’C’est après une réflexion et des échanges approfondis avec des amis, proches et militants, que j’ai pris la décision de mettre fin à mon engagement dans le Pds (…), pour retrouver mes valeurs propres, ma liberté d’action et mon indépendance.’’

EnQuête

4 Commentaires

  1. De tout ce que vous pouvez dire sur gens là ce sont traîtres des lâches tout simplement sauf Pape Diop à qui je considère que c’est wade qui a tort sur son cas et s’il était bien entouré au début de leur pb pape diop n’aurait du pas quitté. Ce sont de sales types, la décence aurait accepté d’attendre la sortie du fils de de Wade avant de partir. Mais quitter celui qui t’a tout donné fait de vous un homme honorable en le lâchant au milieu de ses problèmes affairou diam la.

  2. `Une crise de leadership qui n’est pas près de s’estomper tant que la question de succession n’est pas réglée`La dévolution du parti et de ses acquis à son fils n’en serait il pas la cause principale?Une erreur dont il n’a pas fini de subir les affres tandis qu’il semble persister et signer.La succession en politique n’est pas affaire de sang surtout pas au Senegal

  3. C’est avec les impôts que nous construisons notre pays (Les écoles, les routes, les hôpitaux etc …). Il faudra le rappeler aux parlementaires du premier mandat de Wade jusqu’à maintenant avec la horde qui fait semblant de soutenir Macky Sall (Ils n’ont aucune valeur). EXIGEONS LE PAIEMENT DES ARRIERES D’IMPÔTS A TOUS LES PARLEMENTAIRES sous Wade et Macky. Ce pays se construit sans votre participation. Et vous prétendez nous représenter ;;;; BAND DE DELINQUANTS!

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