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Donald Trump: cent jours de zizanie et de volte-face

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Cela fait exactement cent jours ce jeudi 20 février que Donald Trump a pris possession de la Maison Blanche. La Maison Blanche occupée depuis 1800 par les présidents américains n’était pas habituée à une telle zizanie et surtout à de telles guerres de clans. Depuis l’arrivée de l’administration Trump dans ce bâtiment, les affaires s’enchaînent : mise à l’écart, évictions, dérapages verbaux, le quotidien à la Maison Blanche ressemble finalement au style de Donald Trump et à sa gestion des affaires courantes du pays et sa politique étrangère spontané et ponctué d’approximations incroyables.

Il s’y est installé seul, laissant sa femme et Barron, son dernier fils, à New York dans leur luxueux appartement de la Trump Tower. Fini les dossiers et les documents qui s’entassent dans le Bureau ovale, Donald Trump a fait table rase, lui qui accumule pourtant les objets dans son bureau new-yorkais.

C’est une Maison Blanche nouvelle version que l’on découvre depuis le 20 janvier. Première mise en bouche de la zizanie qui y règne, la nomination de Michael Flynn suivi moins d’un mois plus tard par sa démission, lui qui avait été choisi comme conseiller à la sécurité nationale.

S’en suit la mise à l’écart de celui que beaucoup considérait comme l’éminence grise du président, le très polémique Stephen Bannon. Evincé du Conseil national de sécurité, il reste encore conseiller de Donald Trump. Stephen Bannon, dont la disgrâce s’expliquerait par son manque d’atome crochu avec le beau-fils de Donald Trump Jared Kushner, Haut conseiller du président et mari d’Ivanka. La fille, et désormais, assistante du milliardaire, a elle aussi son bureau dans la Maison Blanche.

Autre personnage central dans le quotidien de la résidence du président, son porte-parole, Sean Spicer, qui tente de convaincre les sceptiques du bien fondé de la politique de Donald Trump. Un exercice périlleux, émaillé de nombreux dérapages verbaux très prisés des médias, tout comme ses approximations. Voilà qui résume finalement parfaitement le quotidien à la Maison Blanche.

Une série de revers

Le décret migratoire de Donald Trump, dernière version, a été bloqué fin mars et est toujours bloqué par la décision d’un juge fédéral de Hawaï. Le décret voulait interdire pour trois mois l’entrée aux Etats-Unis des ressortissants de six pays à majorité musulmane, ainsi que l’arrivée des réfugiés (la Libye, la Somalie, le Soudan, le Yémen, la Syrie et l’Iran). Donald Trump avait alors dénoncé une décision « erronée » promettant d’aller « jusqu’à la Cour suprême ». Et l’administration Trump ne pourra pas mettre en œuvre son décret tant qu’il sera contesté en justice.

Par ailleurs, trois parlementaires démocrates ont déposé un projet de loi pour pénaliser les entreprises qui participeraient à la construction du « mur de la honte » anti-clandestins voulu par Donald Trump à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

Après le décret migratoire, un autre décret de Donald Trump est en train de passer son test judiciaire : le visa H-1B, auquel l’administration Trump veut restreindre l’accès. Le décret menace les finances des villesqui ne veulent pas coopérer avec la politique anti-immigration du gouvernement et qui se considèrent comme des « sanctuaires » pour les migrants. En réalité, la notion de « ville sanctuaire » n’existe pas juridiquement, et cela complique les choses pour l’administration Trump. Sur quel critère punir une cité alors qu’aucune loi n’est violée par les édiles ?

Deux municipalités californiennes, Santa Clara et San Francisco, ont porté plainte contre le gouvernement de Donald Trump et espèrent bloquer le décret, à l’instar de celui sur l’immigration.

La Californie contre Trump

Le fossé entre la Californie et Donald Trump se creuse toujours un peu plus depuis quelques semaines. En particulier dans le domaine environnemental. Le président américain a signé le mardi 28 mars un décret revenant sur le Clean Power Plan de Barack Obama. Il a également appelé l’agence de protection de l’environnement (EPA) à revoir la législation fédérale sur les émissions de gaz à effet de serre.

Cara Horowitz, professeure à l’Université de Californie (UCLA), explique que le combat entre l’administration et la Californie ne fait que commencer.

« Sur les questions environnementales, Donald Trump entraîne le pays dans une direction bien différente de celle choisie depuis des années par la Californie. La Californie est l’un des Etats les plus progressistes des Etats-Unis en matière d’environnement. Cela fait des décennies que nous légiférons contre le réchauffement climatique. Et nous avons l’un des programmes environnementaux les plus ambitieux. Donc la Californie est assez déçue de voir le président Donald Trump entraîner le reste du pays dans une direction différente. »

« Il est clair que la Californie devient l’un des contrepoids à l’administration Trump, poursuit l’universitaire. Les responsables californiens, que ce soit le gouverneur Jerry Brown ou nos élus, ont été très clairs : ils ne cèderont rien sur leurs ambitieuses législations environnementales. Et ils sont prêts à aller devant les tribunaux et à se battre pour le droit de continuer à légiférer fermement dans le domaine environnemental. Je crois qu’il est évident qu’il y aura une bataille judiciaire. »

Politique étrangère : Trump brouille les pistes

En quelques jours, le président a effectué des virages incroyables, jetant aux oubliettes certaines de ses plus importantes promesses de campagne. Ces revirements spectaculaires concernent surtout la politique étrangère. Au risque de brouiller les pistes de la diplomatie américaine, le milliardaire semble apprendre très vite les leçons de la realpolitik.

Vladmir Poutine un ami, l’Otan obsolète, et Pékin coupable de manipuler sa monnaie, autant de propos qui sont désormais de l’histoire ancienne. Car Donald Trump a depuis son investiture en janvier dernier révisé certaines de ses déclarations les plus spectaculaires.

Concernant la Syrie, Donald Trump a mis de l’eau dans son vin. Les frappes américaines en réponse à l’attaque chimique de Khan Cheikhoun ont brutalement mis fin à l’isolationnisme prôné durant la campagne.

Oubliée aussi la tentative de rapprochement avec la Russie. Le chef de la Maison Blanche a adopté une ligne dure, plus classique, à l’égard de Moscou. Et il semble en même temps avoir découvert sa passion pour l’Otan, l’Alliance atlantique jugée obsolète il y a quelques mois encore et maintenant à nouveau courtisée par le président américain.

Revirement sur la politique asiatique

Après la Corée du Sud et le Japon, le vice-président américain Mike Pence est arrivé jeudi en Indonésie. Une tournée asiatique en plein regain de tensions avec la Corée du Nord. Et l’occasion pour le vice-président de rassurer les alliés de Washington, après des propos plutôt isolationnistes de Donald Trump pendant sa campagne électorale. Trois mois après son entrée à la Maison Blanche le Président américain semble d’ailleurs avoir ramené sa politique asiatique sur un chemin plus traditionnel,

Le Japon peut être rassuré, il n’aura pas à payer pour la présence militaire américaine sur son territoire comme l’en avait menacé Donald Trump. D’ailleurs l’alliance entre les deux pays est la pierre angulaire de la paix et de la sécurité dans la région, a déclaré Mike Pence pendant sa visite. Même attitude rassurante avec la Corée du Sud, où les Etats-Unis installent un important dispositif antimissile.

Autre changement de ton, vis-à-vis de la Chine: Pékin n’est plus le grand méchant tricheur qui manipule sa monnaie et vole le travail des Américains. Donald Trump, qui a reçu le président Xi Jingping en Floride début avril, a même évoqué « des progrès immenses » entre les deux pays.

Le président américain a également mesuré la complexité du problème nord-coréen. Face à la multiplication des provocations de Pyongyang, il a montré les muscles en évoquant l’option militaire, mais Mike Pence, tout en menaçant d’une réponse écrasante à une agression nord-coréenne, a aussi insisté sur la nécessaire coopération internationale. Coopération qui inclut, bien sûr, la Chine.

La tension est certes montée particulièrement haut entre Pyongyang et Washington ces derniers jours. Mais personne n’a intérêt à un embrasement de la péninsule coréenne, et pour l’instant Donald Trump emprunte dans la région un chemin plutôt conventionnel.

Quoi qu’il en soit, il a déjà commencé à récolter des fonds pour sa campagne électorale de 2020. Son principal atout, pour l’instant, est sans doute la faiblesse des démocrates qui ont perdu les deux chambres du Congrès, et se cherchent toujours un leader.

Source: Rfi.fr

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