Ibrahima Sène du PIT : «Sans pression populaire, le Pds pourrait refuser la suppression du Sénat»

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Ibrahima Sène, le secrétaire chargé des questions économiques au Parti de l’indépendance et du travail, estime que «sans une véritable pression populaire sur le Pds, le Sénat ne sera pas supprimé dans l’immédiat».

La suppression du Sénat, une épine tirée du pied de Benno ?

Les Sénégalais sont allés vite en besogne en criant que le président de la République, Macky Sall, a supprimé le Sénat. Or, il a annoncé sa volonté de saisir en procédure d’urgence le Parlement d’une loi institutionnelle pour supprimer le Sénat. Incontestablement, Macky Sall vient, par cette décision, de faire sienne publiquement la résolution des Assises nationales. Mais cela ne veut pas dire que la saisine du Parlement est synonyme de suppression du Sénat.

Pourquoi ?

En effet, pour ce faire, ce projet doit être adopté d’abord par l’Assemblée nationale ensuite par le Sénat avant de passer par le Parlement pour une majorité des 3/5. Si pour l’Assemblée nationale l’adoption ne fait aucun doute, il en est autrement pour le Sénat, totalement contrôlé par les différentes factions. Et dans le Parlement, les factions du Pds totalisent 116 membres sur les 250. Donc, il est évident que sans leur volonté, le Sénat ne pourra pas être supprimé par voie législative. C’est pourquoi il est fort probable que sans une véritable pression populaire sur les différentes factions du Pds, celles-ci vont contraindre le pouvoir à aller aux élections sénatoriales ou à prolonger le mandat du Sénat jusqu’à à la tenue d’un référendum en mi 2013. Donc la suppression du Sénat, dans le court terme, par la voie législative, dépend des factions du Pds et non de Benno. Ainsi, en prenant la décision de supprimer le Sénat dans le court, comme l’a fortement exigé l’opinion publique, Macky Sall est parvenu à faire migrer la contradiction entre le peuple et le nouveau régime vers une contradiction entre le peuple et les factions du Pds.

C’est une décision stratégique ?

C’est une véritable prouesse stratégique que Macky Sall vient d’accomplir. Désormais, tous ceux qui veulent la suppression, dans le court terme, doivent se mobiliser encore plus puissamment pour imposer la volonté du peuple aux différentes factions du Pds qui peuvent refuser d’approuver ce projet de suppression du Sénat sur l’unique injonction du nouveau pouvoir.

Vous êtes conscient que l’absence de concertation peut être un prétexte pour le Pds de voter contre cette loi ?
Macky Sall, dans le contexte de l’ampleur de la détresse de la population liée aux tracas des inondations, a pris une décision courageuse, sans concertation préalable ni avec son propre parti ni avec l’opposition, dans l’espoir que cette décision serait acceptée pour les mêmes raisons. Donc, cette décision peut effectivement créer des réticences au sein de l’Apr qui compte sur le maintien du Sénat et peut susciter l’opposition du Pds qui se voit éjecter des institutions de la République et réduit à une portion congrue à l’Assemblée nationale. C’est la raison pour laquelle la bataille pour la suppression du Sénat dans le court terme n’est pas encore gagnée.

Apparemment, le pouvoir semble profiter de cette situation pour sortir la tête de l’eau à propos de cette question de l’inopportunité du Sénat.

Il est vrai que contrairement à l’Apr, les différentes composantes de Benno ne se sont pas publiquement exprimées sur la question. Mais il est clair chez elles que la suppression de cette institution dans le court terme allait se heurter au contrôle du Sénat par le Pds. En conséquence, elles étaient convaincues que dans le court terme, le Sénat ne pouvait qu’être maintenu et que les sénatoriales allaient se produire. Benno Bokk Yaakaar a espéré parvenir à la suppression dans le cadre des concertations ultérieures qui seront menées pour la réforme de la Constitution en 2013. Malheureusement, la coalition au pouvoir n’a pas beaucoup communiqué sur la question pour éviter d’être accusée de traîtrise par rapport aux conclusions des Assises nationales. Mais leur attitude et les échanges avec Macky Sall ont facilité l’évolution de son point de vue sur la question. Surtout que Macky, dans son programme Yoonu Yokkuté (la voie de l’émergence), a prévu de poser le maintien ou non du Sénat dans le cadre de la réforme constitutionnelle qu’il a prévue. Source : La Tribune

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