INCAPABLE DE RECOUVRER 1 MILLIARD F CFA À ELLE DÛ PAR L’ETAT
Qui l’eût cru ? Chanté sur un air mélodieux à la veille de la Présidentielle de 2007 par Me Abdoulaye Wade, qui disait que l’ouvrage allait révolutionner la vie des populations du Ferlo, le lac artificiel de Dodji est finalement mort de sa belle mort. En effet, de sources sûres, l’entreprise Shyd-Sau qui conduisait le chantier a vu tout son matériel qui se trouvait sur les lieux saisi par une société d’assurance. À l’origine de son malheur, environ 1 milliard de F Cfa que l’Etat doit depuis 2006 à ladite entreprise.
On connaissait l’Etat mauvais payeur, mais jamais on n’aurait cru qu’il serait à même de noyer les derniers espoirs de l’entreprise « Unipersonnelle de l’hydraulique et du bâtiment » dans le lac artificiel de Dodji. En effet, de sources sûres, cette dernière, plus connue sous le nom de Shyd-Sau, a vu tous ses biens saisis, par la faute de l’Etat qui lui doit environ 1 milliard de F Cfa. Et le réveil a été brutal pour l’entreprise en question, car, selon une source proche du dossier, un huissier s’est présenté sur le chantier pour mettre la main sur tout son matériel composé de véhicules, tracteurs, pelles mécaniques, entre autres biens. En réalité, poursuivent les mêmes sources, pour réaliser les travaux, Shyd-Sau a été cautionnée par une société d’assurance auprès d’une banque de la place, afin d’obtenir l’argent nécessaire à la réalisation du lac artificiel. D’autant que l’Etat n’avait procédé qu’à un premier décaissement de près de 300 millions de francs, pour le démarrage des travaux.
Mais plus les jours passaient, plus Shyd-Sau courait vainement derrière les sous à lui dus par l’Etat, et plus la société d’assurance s’impatientait. Ainsi, ce qui devait arriver arriva. Aujourd’hui, l’entreprise maître d’œuvre de l’ouvrage, dont le coût global était d’1 milliard 300 millions francs, n’a ni perçu son dû, ni réussi à conserver son matériel estimé à des centaines de millions de francs. Résultat, le lac artificiel dont les travaux ont démarré en 2006 sur fond de tapage médiatique, n’a jamais été fonctionnel. Et tout laisse croire qu’il ne le sera pas de sitôt. Après que Shyd-Sau a vu ses biens lui filer entre les doigts.
Le moins que l’on puisse dire aussi, c’est que le lac artificiel a la peau dure, très dure même. Car lors d’une visite de chantier effectuée par l’ancien ministre des Infrastructures, de l’Équipement et des Transports terrestres, Habib Sy, le directeur technique de l’entreprise en charge des travaux, Makhary Tall, avait promis que la mise en service du lac allait être effective au plus tard en Août 2006. L’ouvrage devait avoir, à terme, une capacité de 15 millions de m3 d’eau, une longueur de plus de 10 kilomètres et 3 kilomètres de large. C’est un ouvrage qui devait également permettre aux populations de réaliser plusieurs activités dont le maraîchage, la pisciculture et simplement abreuver le bétail dans cette zone assoiffée du fait du déficit criard de points d’eau.
Aussi, les autorités étatiques, à la veille de la Présidentielle de 2007, criaient sous tous les toits que le lac allait avoir un impact certain sur l’écosystème avec la régénération de la nature, la faune et la flore dans cette partie du pays longtemps gagnée par la sécheresse. Mieux, l’ouvrage allait révolutionner la vie des populations du Djolof, par excellence zone d’agriculture et principalement d’élevage. Que nenni !
Daouda THIAM
lasquotidien.info
