Hausse du prix de la farine mais blocage du prix de la baguette par l’Etat, Tva sur la farine et les intrants, hausse du prix de l’électricité…, le secteur boulanger traditionnel à Dakar est en pleine crise. C’est du moins le constat dressé par l’intersyndicale des ouvriers de la boulangerie hier mercredi 20 octobre au siège de l’Unsas lors d’un point de presse. Une grève générale est prévue dans toute la région de Dakar les lundi 25 et mardi 26 octobre prochains, si le gouvernement n’ouvre pas des négociations au plus vite.
L’industrie boulangère traditionnelle de la région de Dakar traverse une grave crise sous les effets conjugués de plusieurs facteurs conjoncturels comme structurels. Et si l’Etat ne trouve pas de solutions en concertation avec le patronat et l’intersyndicale des ouvriers boulangers du Sénégal, ce sont les 523 unités de la région de Dakar qui risquent de fermer boutique. Entraînant avec elles, la suppression d’environ 8 000 emplois directs. Tel a été le message adressé par les ouvriers de la boulangerie en présence du patronat afin de prendre l’opinion à témoin sur les conséquences socio-économiques d’une probable faillite du secteur.
A en croire les ouvriers boulangers, la mesure de trop a été la hausse de 6 mille francs opérée par les meuniers sur le prix du sac de 50 kg de la farine en l’espace d’un mois. Vendu à 14 mille 600 francs à la date du 20 septembre 2010, il est actuellement passé à 20 mille 600. Soit une hausse de 6 mille. Faut-il rappeler que cette hausse s’explique, en partie, par le renchérissement des cours mondiaux du blé dû aux importations massives de blé par la Russie suite aux incendies qui ont ravagé une bonne partie de sa production cet été.
Pour les boulangers, la mesure d’urgence qui s’impose est de procéder à une augmentation de prix afin de répercuter la hausse du prix de la farine sur la baguette. Une proposition à laquelle le gouvernement s’est, jusqu’ici, catégoriquement opposé. Aux yeux des syndicalistes, ce refus est d’autant moins compréhensible que des hausses de 25 francs sur le prix de la baguette ont été observées dans toutes les autres régions du Sénégal (190 à Saint-Louis ; 175 à Thiès…). La seule parade trouvée jusqu’ici, a été une diminution du grammage de la baguette (passant ainsi de 210 à 180 gr). ‘Le gouvernement est plus préoccupé à gérer des intérêts politiciens qu’à s’occuper de la survie du secteur boulanger. Car les pénuries de gaz, les délestages sur fond d’inondations ajoutés à une hausse du prix du pain peuvent faire exploser Dakar et sa banlieue’, analyse un syndicaliste.
Autre raison de l’asphyxie des boulangeries, la hausse du prix de l’électricité en raison du nouveau système de tarification appliqué sur les compteurs de plus de 30 ampères, expliquent les syndicalistes. D’après Amadou Gaye, Président de la Fédération des boulangeries du Sénégal, certains ont vu leurs factures d’électricité passer du simple au double en l’espace d’un mois. Et pour ne rien arranger, les coupures intempestives d’électricité ont induit des dépenses supplémentaires avec l’obligation pour les entreprises de recourir à des groupes électrogènes.
En espérant renouer le dialogue avec le gouvernement, patrons et ouvriers de la boulangerie ont, de concert – le fait est assez rare pour être souligné – proposé au gouvernement des mesures autant structurelles que conjoncturelles afin de sauver le secteur. En substance, elles ont noms : la mise en place d’une nouvelle réglementation ; la suppression de la Tva sur le prix de la farine vendue aux boulangers et sur les autres intrants (levures, améliorants, etc) ; l’audit indépendant de la structure des prix du pain dans un délai raisonnable.
walf.sn
