[Opinion]Inadmissible : François Hollande finance le droit au blasphème de Charlie Hebdo Par Tafsir Ndické Ndiaye

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Un millions d’euros, c’est-à-dire six cent cinquante millions de francs CFA, c’est la rondelette somme d’argent que François Hollande et son gouvernement ont donnée à un journal qui se définie lui-même comme étant un Journal irresponsable. Le 10 janvier 2015, l’avocat dudit hebdomadaire revendiquait déjà leur droit au blasphème. Lorsqu’une société souffre autant de l’irresponsabilité individuelle et collective, le socle de sa cohésion sociale en pâtie forcément. Un gouvernement responsable ne finance pas la publication d’un Journal irresponsable (selon sa propre lettre de mission) et qui fait dans la provocation de manière délibérée sans tenue ni retenue.

Nous disons oui à une liberté de presse qui permet l’expression des idées sans insulter impunément et de manière irresponsable autrui ou la croyance d’autrui ! Oui à une liberté de presse qui informe et aide à la formation réelle et utile d’une conscience citoyenne ! Oui à toute liberté d’expression qui permet d’édifier les populations sur les problèmes sociaux-économiques, politiques et militaires de leur pays.

Cependant, Financer le  droit au blasphème de Charlie Hebdo tout en brandissant une loi scélérate et sélective dite loi du 14 novembre 2014 contre l’Apologie du terrorisme remet en cause fondamentalement le statut d’une France qui s’autoproclame pays des droits humains, de la Liberté, de l’Egalité et la Fraternité. Il y a effectivement, ici, deux poids deux mesures ; promouvoir une liberté d’expression qui permet aux uns d’insulter les autres tout en brandissant une loi mesquine et partisane, comme une épée de Damoclès sur la tête des prédicateurs musulmans et des musulmans de son pays visant à leur ôter leur liberté de dire non ou de donner leurs avis sur les dérives de la politique de la France et de certains Etats terroristes contre des communautés musulmanes massacrées tous les jours, est une démarche liberticide.

Là où l’irresponsabilité va jusqu’à financer et promouvoir le droit au blasphème par le truchement de la liberté d’expression, personne ne doit être surprise des dégâts qu’une liberté d’action des victimes d’une telle aberration pourrait créer. Depuis la parution de ce dernier numéro de Charlie Hebdo caricaturant le prophète avec l’aval et le financement de l’Etat français, le mécontentement accouche partout de manifestations hostiles à la France et d’émeutes avec des pertes en vies humaines. Depuis le 14 janvier, date de la parution de ce torchon infeste et inique, l’unique responsable de cette situation présente est l’Etat Français.

Les victimes de cette agression menée par Charlie Hebdo, blasphémant le prophète de l’islam, ont aussi des droits légitimes d’actions et de réactions contres toutes formes d’islamophobie et de discrimination. Ce n’est pas avec des textes de lois scélérates et sélectives que la France pourra les réduire au silence ; la solution réside dans une démarche de respect et de considération vis-à-vis de son prochain.  François Hollande doit demander pardon aux communautés musulmanes de France et du monde entier et raisonner Charlie Hebdo pour que ses journalistes, mercenaires d’un combat perdu d’avance, cessent leurs agissements injustes et injustifiés.

Dans un système laïc,  le président de la république doit veiller à une coexistence pacifique et intelligente entre l’Etat et toutes les croyances. Il doit éviter de s’allier à une obédience religieuse ou idéologique au détriment des autres et cela doit se refléter dans les législations nationales, dans son système éducatif, dans la formation de ses enfants et dans leur insertion dans le tissu productif. La stigmatisation, qu’elle soit théorique ou pratique, crée toujours des difficultés à la bonne cohésion sociale. Aucune entité idéologique ou religieuse ne doit souffrir de problème d’intégration liée à une mauvaise politique de l’Etat.

Cependant, cela ne nous étonne pas venant du président de ce pays au passé esclavagiste et colonialiste.

Dans sa déclaration des droits de 1789-1791, disant que : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » ; la France s’emblait ne s’intéresser, de façon égoïste, qu’à sa propre liberté au détriment de celle des autres car, au même moment, il étalait, par le feu des canons, ses tentacules  colonialistes en terre africaine et sur d’autres continents, plongeant des communautés entières dans les cachots de la colonisation déshumanisante et des travaux forcés.

Nous ouvrons juste une parenthèse pour dire que ce que la colonisation a fait en termes de barbarie, de bâillonnement des libertés et de vol de richesses dans ses colonies reste encore gravé dans les mémoires comme une meurtrissure indélébile. Cette révolution française de 1789 tant glorifiée par la France consacrant la prise de la Bastille et la démolition  de l’oppression subie par le peuple sous la domination tyrannique du roi n’a été possible que par la violence.

Toutefois, cette révolution n’avait pas empêché, plus tard, l’oppression perpétrée par la colonisation française  en terre africaine et sous d’autres cieux; cette révolution n’était pas nôtre.  Il a fallu que la France subisse les affres de la « colonisation allemande » pendant quelques années pour comprendre la nécessité de réviser son option colonialiste en Afrique et dans le reste du monde. Alors, qu’on arrête de nous baratiner avec une France défenseur des droits de l’homme ; c’est de l’escroquerie intellectuelle. « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » Disait un de ses chefs ; même si, notre culture réfute une telle assertion : l’amitié est l’une de nos valeurs cardinales, y compris entre pays.

Nous voyons donc que sa fameuse déclaration sur l’égalité des hommes et leur liberté ne concernait pas ses « sujets » du continent africain colonisé et d’ailleurs.

Depuis les indépendances, elle cherche toujours à continuer l’exploitation de ses anciennes colonies et de certains pays riches en pétroles et en diverses ressources naturelles sous différentes formes ; il revient à nos dirigeants d’être des patriotes sérieux et déterminés pour barrer la route à toute forme de néo colonisation et d’exploitation frauduleuse de nos ressources. Il revient aussi aux dirigeants des pays arabes de savoir défendre leurs richesses pétrolières (et autres) de manière intelligente, solidaire et ferme quand c’est nécessaire car leurs peuples en ont besoin. La mainmise organisée, subtile et souvent meurtrière des superpuissances sur les ressources du continent africain et de certains pays arabes doit cesser ; c’est une injustice qui n’est pas conforme aux droits humains qu’elles prétendent faussement défendre.

Pendant la récente crise liée aux tueries regrettables de Charlie Hebdo, quelqu’un disait que la France sans ses juifs n’est pas la France ; toutefois la France sans les ressources minières, agricoles et énergétiques de ses anciennes colonies n’est pas la France. Elle doit son développement, en grande partie, à ses anciennes colonies. Son existence est liée aux ressources économiques des autres communautés qu’elle exploite de manière nébuleuse avec la complicité de certains dirigeants locaux véreux. Alors, il doit savoir que cela ne peut plus durer.

Pour revenir à cette fameuse loi contre l’apologie du terrorisme, nous pensons que c’est juste une manière d’empêcher l’expression de voix contraires aux décisions excessives et incisives d’une France qui cherche coûte que coûte à justifier son interventionnisme débordant, sanguinaire et malhonnête dans certains pays africains et arabes d’où la nécessité, pour tout esprit critique, de bien revoir la notion de terrorisme : qui l’a créée… quelle est sa véritable signification ; qui est terroriste et qui ne l’est pas ? Qui fabrique toutes ces armes qui tuent ; sont-ils prêts à ce qu’il n y ai plus de guerre, plus de conflit armé ? Quelle serait la conséquence de l’absence totale de conflit armé dans les pays détenteurs d’industries d’armes ? Cette agitation autour du terrorisme n’est-t-elle pas qu’un simple prétexte ?

Disons le : qu’il s’agisse d’un terrorisme d’Etat ou d’organisation privée, nous les récusons pour une bonne et unique raison liée à la sacralité de la vie humaine.

Il est certain que pour lutter contre toutes ces formes du terrorisme observées ça et là, un dialogue sincère des cultures et des cultes est nécessaire autant qu’un bannissement de l’exploitation d’un pays par un autre par la ruse ou la force. Ce dialogue permet, entre autre, d’éviter que des peuples croient pouvoir transformer, par la force, les croyances des autres peuples ou communautés, leurs mécanismes de gestion socioculturelle, économique, politique et militaire. Dans ces domaines, chaque peuple est libre de choisir son processus lié à son passé historique, ses références socioculturelles et religieuses, et ses objectifs politiques dans le court, moyen et long terme.

Néanmoins, ce dialogue, si nécessaire, exigera toujours le respect mutuel, bannira toujours l’arrogance sous tous les cieux ; autrement, il ne pourra jamais exister. Nous demandons au président français de dire à Charlie Hebdo d’arrêter de narguer les musulmans. Nous saluons la déclaration du Pape. Il a raison : la liberté d’expression ne donne à personne le droit d’insulter la croyance d’autrui et certaines déclarations de Hollande et de certains membres de son gouvernement ressemblent à des encouragements faits aux journalistes de Charlie Hebdo. Nous suggérons donc, au président français, François Hollande, de demander pardon aux musulmans pour avoir financé le dernier numéro de ce Journal irresponsable.

Tafsir Ndické DIEYE

Auteur de polars et de poésie

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2 Commentaires

  1. CI AL XEMES 08/01/2014

    Askano Senegaal

    goor jikeen mak ak daw

    mbok yi xarrit yi amdi jammo yi

    lii seen bataaxal la

    Sababbi ; folli Machy Sall njiito rew mi tay

    Li dalle 1960 ba 2000 ,?een fuk la ci ay at.

    ?u am joppite gomag ci wallo doxaliino reew.

    Fuki at ak naar kinaw bi .

    ?u am baneen joppite.

    Kinaaw bunko sakkoo, xeex ko, ci diirub fanwerri at ak jorroom ?aar. Am ci ?u ?ak seen bakan, am ci ?u gaa?o, ak ?u ?ak seen allal.

    ?i ?ak seen bakan ; ?oo gi leen di ?aanal yalla ak jeggël.

    ?i ci des ?o gi leen di baalo ax. Waye! mbok yi; sono demokaraasi bodoon lunuy jëndd mane waxaalenan ba jobbo.

    Fay, bandello no sono weccet, modes marsadiis mi. Xam keen ne marsadiis modiis do jaar ci kontowaar. Kon fawwo no doxaat ay jeego gir jot sono marsadiis.

    Ana jeego yooyo mooy yan ; ganeen joppite 2017 baa 2019 rek. Gir ?o? politik yi xam ne leeki man nanoo fal mana folli. bataxna komana fallo ci ?aari app yii baaxna. bamodes Macky Sall njiito reew mi.

    Jërëkeen jëf jammo ak xeewël ci Senegaal

    Abdurëmaan Joob

  2. Vous nous pompez vraiment l’air, toutes ces personnes en manque de visibilité qui passent leur temps sur cette affaire. François Hollande est le chef d’un Etat souverain, il fait ce qu’il veut et ce qu’il croit bien pour son pays. Bou lén niou daam way!

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