Procès Bara Tall, délestages, compétitivité des entreprises: Mor Talla Kane, le DE du Cnes dit ses vérités à l’Etat

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Le directeur exécutif de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Mor Talla Kane, n’a pas sa langue dans sa poche. Abordant le procès de l’entrepreneur Bara Tall, au cours d’une conférence qu’il animait, il a mis l’Etat devant ses responsabilités. Selon lui, avec cette affaire, les dégâts collatéraux risquent d’être dommageables pour tout le pays, quant à l’attrait des investissements. Sa conviction, c’est que les symboles tels que Bara Tall devraient être préservés.

Le verdict dans l’affaire Bara Tall, Pdg de Jean Lefebvre Sénégal, n’est pas encore tombé ; mais c’est comme si les entrepreneurs locaux étaient assis sur des braises. Pire encore, beaucoup d’entre eux, la peur au ventre, redoutent de passer à la trappe une fois qu’ils auront des déboires avec la puissance publique. Pour le directeur exécutif de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes), Mor Talla Kane, quelle que soit l’issue du procès de Bara Tall contre l’Etat, le mal est déjà fait. Parce qu’avec l’affaire des chantiers de Thiès, c’est comme si l’Etat avait sonné le tocsin contre les entreprises locales. « Cela a affecté le Patronat. On n’a plus des garanties de sécurité dans les investissements que nous faisons. Quel que soit le jugement qui sera rendu, les dégâts collatéraux seront énormes », dit-il, la mort dans l’âme.

« L’Etat aurait dû passer l’éponge »

Dans un pays, il est impératif, selon lui, de préserver les symboles. Et Bara Tall en est un. Mieux encore, le seul fait qu’il ait réussi la prouesse d’être embauché dans une entreprise étrangère pour en devenir le propriétaire par la suite, aurait dû pousser l’Etat à maintenir la pédale douce dans cette affaire. En lieu et place, on a assisté à une liquidation. « Mais ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que les gens se sentent menacés », regrette Mor Talla Kane. L’image à laquelle cette affaire renvoie, poursuit-il, c’est qu’un entrepreneur, quelle que soit sa puissance, peut du jour au lendemain se retrouver sur le carreau.

Avec l’affaire des chantiers de Thiès, le directeur exécutif de la Cnes est d’avis que l’Etat est en train de ruiner ses efforts de ces dernières années. Puisque tout au début de l’alternance, Bara Tall était un peu chouchouté. Mais avec sa mise à mort, on sera obligé de recourir à une expertise étrangère, au détriment de la compétence locale.

« Jean Lefebvre Sénégal aurait pu être notre champion dans la sous-région. Au Burkina, c’est un entrepreneur, fils du pays, qui a fait presque toutes les routes. Idem au Bénin. Ces pays ont créé un champion national, ils ne sont pas allés chercher quelqu’un d’autre », soutient-il. « Cette fragilisation n’est pas bonne. Elle n’est bonne pour personne », insiste-t-il. Avec la valeur du symbole, conseille-t-il, il faut savoir parfois fermer les yeux sur certaines choses. « Dans l’imaginaire des gens, il faut être un étranger pour réussir. Quand on est Sénégalais, on est massacré », se désole le directeur exécutif de la Cnes.

Ce dernier faisait ainsi référence à la Société Eiffage de Gérard Sénac, qui est en train de rafler tous les marchés de construction de routes. Mor Talla Kane s’exprimait au cours d’une conférence qu’il donnait au Siège de la Fondation Konrad Adenauer à Dakar, sur le thème : « La compétitivité des entreprises africaines au troisième millénaire ».

« Les coupures d’électricité, c’est comme certaines blessures ; on en a tellement parlé que… »

Parlant de compétitivité, il estime qu’il est difficile de l’envisager sans électricité, à temps et à suffisance. Et dans un monde de plus en plus concurrentiel, si on ne dispose pas d’électricité, on est déconnecté du monde, on n’est plus visible. « Electricité veut dire développement et progrès. Aujourd’hui, on ne peut rien faire », dit-il, désabusé. Décrivant la situation actuelle caractérisée par un rationnement de l’électricité, Mor Talla Kane fait savoir que les coupures intempestives, c’est comme certaines blessures : on en a tellement parlé qu’on oublie là où l’on a mal. « On est tétanisé avec l’énergie », se désole-t-il.

Papa Ismaila KEITA

lasquotidien.info

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