QUARTIER A LA UNE : TIVAOUANE-DIACK SAO Les femmes vont au puits

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Comme beaucoup de localités du pays, la Commune d’arrondissement de Tivaouane Diack Sao est presque dépourvue de tout : eau potable, l’éclairage public et le ramassage des ordures ménagères font défaut. Le manque de sécurité fait le lot des agressions.

Située entre les communes d’arrondissement de Diameguène Sicap Mbao, Thiaroye sur/mer et Guinaw Rails Sud, la commune d’arrondissement de Tivaouane Diack Sao est dirigée depuis les dernières élections locales de mars 2009 par une équipe issue de « Benno Siggil Senegaal ». Une équipe de cinquante conseillers installés au mois d’avril 2009. La Commune compte une population de trente deux mille (32000) habitants dont la majeure partie est jeune avec une prédominance féminine. « La jeunesse de la population est le fruit d’une fécondité très élevée » relève le vieux Badji, retraité d’une entreprise de la place. Les jeunes s’activent dans le secteur informel. Cette situation s’explique par « le manque de qualification professionnelle de la majorité d’entre eux, le secteur informel exige peu ou moins de qualification » confie cette jeune fille du nom Sophie Sène. « J’ai peut être la chance d’avoir des parents qui peuvent me payer les cours, ce qui n’est qui n’est pas le cas chez d’autres » poursuit la jeune femme.

Les agressions, le mal le mieux partagé

La Commune compte quinze quartiers dont le plus ancien reste celui de Diameguene installé vers les années 1960. L es premiers habitants viennent des Hlm Baye Gainde. C’est par la suite que d’autres sont venus grossir le quartier. Toutes les ethnies du Sénégal se retrouvent dans la localité. La communauté étrangère aussi y a une forte présence. Les infrastructures de la commune sont composées de deux postes de santé et deux maternités, trois écoles primaires écoles et aucune infrastructure sportive. Un « garage clando » jouxte la Mairie. L’adjoint au chef de garage, Moussa Ndiaye indique « notre problème ce sont les nids de poule et l’exiguïté de espace que nous occupons. Nous étions sur un grand espace (il montre un mur) derrière ce mur mais des gens sont venus nous déguerpir sous le prétexte que c’est destiné à des cités. Maintenant que nous avons un garage qui fait à peine cent véhicules nous voulons qu’on nous aide à rénover la route ».

La Commune est dépourvue de marché de quartier. Une situation que déplore le Maire car même « seul un marché avec les taxes municipales peut nous rapporter de l’argent » a souligné Malick Dieng, l’édile de la localité. Quant aux routes, la Commune n’en compte guère à l’exception de celle de « Copé ».

Le manque de réseau d’éclairage public dans certains secteurs contribue à accroître de l’insécurité dont l’une des formes les plus courantes est l’agression. La dame Aminata Sène confie : « puisque le mur de ma maison n’est pas élevé, avec l’obscurité, je suis parfois obligée de faire mes ablutions de l’aube dans ma chambre. L’insécurité est grandissante. Tout dernièrement, une jeune fille a été agressée sous ma fenêtre mais je ne pouvais pas sortir par crainte de ma faire remarquer et repérer comme cible des bandits ». Coura Biteye poursuit sur le même registre « avec les maisons abandonnées, c’est en plein jour que les honnêtes citoyens sont agressés s’ils s’aventurent à emprunter les rues désertes ». Pour venir à bout de cette violence, les jeunes se sont organisés dans des quartiers en comité de vigilance. Leur mission est « de participer à la sécurité des populations souvent confrontées aux nombreuses agressions » note le Maire socialiste Malick Dieng. Ce vieux couple trouvé devant sa maison confie « on nous parle d’agression, mais il y a pire que tout cela. Les jeunes s’adonnent à la vente de drogue s’ils n’en fument aussi ». Ces derniers réfutent tout d’un revers de la main. « Nous ne vendons ni ne fumons du chanvre indien. Il y a peut être qui le font mais pas ici. Certes nous ne fréquentons pas les écoles mais cela ne veut pas dire qu’on se tourne vers le banditisme. Ici nos vendons du « café Touba » pour tuer le temps. Dans notre groupe, il n’ y a aucun qui fume de la cigarette. Si quelqu’un s’aventure à le faire on l’exclut du groupe. C’est ça notre credo » assure l’un d’entre eux.

Quartier loti, inaccessible

La localité est constituée de parcelles régulièrement occupées en somme la réalité des quartiers lotis. En effet les maisons sont bien alignées les unes les autres. Pas de débordement majeur. Le seul talon d’achille de la localité reste « les inondations qui hantent les sommeil des populations. La commune n’a pas assez de moyens pour nous sortir de l’eau. Seul l’Etat peut faire quelque chose. Nous ne voulons pas être déplacés, nous voulons des canalisations qui sont actuellement la seule alternative » fait remarquer Bigué Thiombane. A l’image de Kiné Diaw beaucoup de familles n’ont pas déménagé pour différentes raisons. « Faute de moyens j’ai vécu dans les eaux avec ma famille. J’étais obligée de porter le plus petit sur le dos toute la journée. Je préparais à manger dans l’eau, le gaz posé sur des briques. Quant aux lits et armoires ils sont pris dans l’eau. Les moustiques nous ont envahies durant toute l’année malgré les moustiquaires » confie Kiné Diaw.

Fatou Diop habite dans une maison en location. Elle explique « pendant la saison des pluies, les gens sont très fatigués du fait du reflux des eaux de pluie dans le bassin qui se trouve derrière. En effet, cette place est un réceptacle. Toutes les eaux qui viennent de Thiaroye, Yeumbeul et autres quartiers se retrouvent ici. Les vers qui se trouvent dans les eaux du bassin, véritable larvaire envahissent également nos maisons alors que nous avons de petits enfants. Une situation intenable, invivable à la limite pour des gens démunis que nous sommes ». Aminata Sène qui a fait dix sept ans dans le quartier soutient « l’eau hante nos sommeils. Il nous arrive de rester toute une nuit sans dormir parce qu’il faut évacuer l’eau. D’ailleurs, nous revenons d’un déménagement, ma famille et moi, il y a juste quelques semaines. Pour quelqu’un qui manque de moyens j’ai du envoyer tous azimuts les enfants partout chez les parents et voisins pour prendre asile, ma grande fille et moi chez une de mes filles le temps que les intempéries et leurs effets s’apaisent ». S’agissant des aides de la municipalité à l’endroit des populations, Fatou Diop révèle : « il parait qu’il y a des aides venant de la Mairie mais j’avoue que je n’en n’ ai jamais reçu car, à chaque fois que cela se fait ce sont les responsables qui s’accaparent de tout. Nous autres, nous ne recevons rien du tout, sinon des moustiquaires qu’on peut se payer ». A coté d’elle, Natida Bâ poursuit : « nous ne voulons pas de riz, encore moins de sucre tout ce que nous désirons c’est une canalisation pour le drainage des eaux source de maladies ». Les maisons sont envahies par les eaux de pluie, mais dépourvues d’eau potable. Dans les quartiers comme Lansar, les populations ont le choix vers les bornes-fontaines où la bassine d’eau est vendue à 20f CFA ou les puits. Ainsi, les difficultés liées à l’approvisionnement en eau potable participent à la détérioration des conditions d’hygiène et de salubrité. Cette situation ajoutée à l’absence de réseau de collecte et d’évacuation des eaux usées, accentue la prévalence des maladies diarrhéiques, hydriques, dermiques et ophtalmologiques. Les populations déversent leurs eaux dans les rues ou dans des trous qu’elles creusent « ce qui affecte la nappe phréatique qui, dans certaines localités affleure » indique un habitant du quartier sous le couvert de l’anonymat.

La plupart de quinze quartiers de la Commune sont constamment inondés, mal éclairés et le ramassage des ordures ménagères quasi inexistant. Les femmes se plaignent de cette situation à l’image d’Adja Sokhna Diop présidente de groupement de femmes au quartier Ndiassé Dieng de la Cité Millionnaire. « Le camion de ramassage des ordures ne vient que très rarement et ne peut pas accéder à l’intérieur des rues » explique t-elle.

Après une année de gestion la Mairie agit

L’équipe que dirige Malick Dieng vient de faire un an de gestion à la tête de la Commune. Consciente de la mission qui lui est assignée, elle compte faire de son mieux pour répondre aux nombreuses sollicitations des administrés malgré les maigres moyens dont elle dispose. Le budget s’élève à cent vingt millions neuf cent mille (120 900 000) francs CFA. Une des initiatives de la municipalité a été de contribuer dans l’amélioration des conditions de travail des élèves et de ceux qui se rendent chaque matin dans les postes de santé. Ainsi, s’agissant de l’éducation, le Maire avoue : « lorsqu’on est venu on n’avait pas de budget car la moitié du budget a été réalisée à 80%. Nous n’avons pas baissé les bras, nous avons donc travaillé avec les directeurs d’école pour leur offrir de l’argent pour des repas lors de leurs examens. Durant les inondations aussi, la Commune a pompé, remblayé les écoles que l’eau avait envahies ».

Par rapport à la santé, la commune compte deux postes de santé et deux maternités. Au moment de l’installation de la nouvelle équipe, il n’y avait pas de budget les concernant « mais n’empêche nous avons rendu visite aux responsables pour connaitre leur difficultés. Dans le budget de 2010, nous avons promis de faire davantage » a dit Malick Dieng.

Chez les sportifs, le Conseil Municipal dit n’avoir rien trouvé dans les caisses avant d’ajouter : « par la grâce de Dieu nous avons pu aider les associations sportives et culturelles en leur offrant un million de franc CFA ». Avec les douze ASC existantes dans la Commune d’arrondissement de Tivaouane Diack Sao, n’a jusqu’ici encore trouvé à leur offrir mais compte faire mieux dans les années à venir. Dans cette localité se trouvent aussi des champions de lutte comme Ness, Feugueleu, Siteu entre autres et « chacun a reçu une aide de la part de la municipalité » ajoute le Maire.

Quant aux femmes je suis en train de voir avec le Conseil Municipal comment augmenter l’aide qui leur est destinée. D’ailleurs, nous les avons subventionnés à hauteur de un million de francs CFA. Elles ont fait leur assemblée générale, élu leur Présidente et sont en train de faire leur programme.

Selon le Maire « les aides ne s’arrêtent pas seulement aux femmes ou aux jeunes mais visent toute la communauté car durant les fêtes de Pâques, le Maire de la ville nous a envoyé du mil et du pain de singe qu’on a distribué aux chrétiens. La ville nous a également offert à chaque Commune soixante quinze ou cent millions selon les communes ».
http://www.africanglobalnews.com

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