Donald Trump s’est une nouvelle fois adressé à ses concitoyens, électeurs ou non, dans une vidéo publiée sur son compte Twitter ce matin. Le futur président des Etats-Unis y a énuméré les principales lignes de son mandat – en utilisant sa marque de fabrique, un langage particulièrement accessible – qu’il a résumées en six mesures à son sens élémentaires pour le bien du pays et des Américains.
Fidèle à lui-même, Donald Trump a délivré un message bref et percutant à la population partiellement fébrile depuis son élection face à Hillary Clinton. Celui qui se voyait déjà reprocher un manque de transparence, signe probable d’une désorganisation manifeste de la constitution de son équipe voire de son incapacité à affronter la tâche à laquelle il s’est attelé, a tenu à remettre les pendules à l’heure. La mine fatiguée, il a toutefois résumé son projet pour ses 100 premiers jours de présidence en une vidéo de deux minutes trente. Le ton est toujours confiant voire étonnamment léger, comme si « il n’y a qu’à » réparer l’Amérique, détonne de l’ampleur et de l’impact des mesures énoncées.
Talents à la Maison Blanche
Au passage, le président élu glisse que les travaux préparatoires de transition se déroulent sans encombre à la Maison Blanche, un travail « en douceur », « efficace et effectif ». « Des hommes et des femmes fantastiques et talentueux, patriotes, feront leur entrée à la Maison Blanche et beaucoup feront bientôt partie de notre gouvernement pour nous aider à rendre à l’Amérique sa grandeur ».
L’Amérique d’abord
Premier point qui l’anime naturellement: son pédigrée, l’économie. Le futur visage des Etats-Unis résume son idée en deux mots: dès ses 100 premiers jours de mandat, le mot d’ordre sera: « l’Amérique d’abord! ». Qu’il s’agisse de combustibles, de la production d’acier, de la construction des voitures ou des soins de santé, Trump veut que tout provienne du sol américain et ce pour selon ses dires, préserver la qualité des services et redonner aux citoyens richesse et pouvoir d’achat, le bien-être qu’ils méritent. « Je veux que la prochaine génération de production et d’innovation ait lieu ici, dans notre chère patrie, l’Amérique », martèle-t-il. « Je demanderai à mon équipe de faire en sorte de récupérer les emplois perdus et d’en créer de nouveaux ».
« Désastre »
La première mesure concrète, déjà pressentie, pour arriver à ses fins: Trump annonce notamment son retrait immédiat du traité commercial transpacifique (TPP) signé par les USA comme 11 autres pays début 2016. Ce traité multilatéral de libre-échange visait à intégrer les économies d’Asie-Pacifique et de l’Amérique, mais pour Trump il n’est qu’une « catastrophe potentielle » pour l’économie américaine. C’est pourquoi il promet que dès le premier jour de son mandat, le 20 janvier prochain, il désengagera son pays de cet accord commercial phare. « A la place, nous réaliserons des traités commerciaux bilatéraux honnêtes », explique l’homme d’affaires.
Nous, l’Amérique
Trump signale également que son administration travaillera immédiatement à redorer le blason de ce qu’il appelle « l’énergie américaine », à savoir organiser la suppression des restrictions de la production d’énergie, y compris en ce qui concerne le charbon et le gaz de schiste. « Cela créera des millions et des millions d’emplois très bien payés », argumente-t-il en rappelant: « C’est ce que nous voulons, c’est ce que nous attendons depuis longtemps », un « nous » qui semble, au-delà de représenter son équipe, se faire la voix de la population appauvrie et désireuse de changement à force de se sentir flouée. A nouveau, le milliardaire prouve qu’il sait parler à la population en lui proposant des solutions soi-disant limpides à effet ultra-rapide. Des mesures de repli et centrées sur soi, énoncées de manière réductrice s’il le faut, pour convaincre l’opinion qu’elle a fait le choix le plus juste, le plus prometteur.
Ceci n’est pas une farce
Il évoque ensuite la nécessité pour la Défense d’adopter des stratégies contre les cyberattaques mais aussi « toutes autres formes d’attaques ». Le tout dans un plan « compréhensible » dont il n’est pas à même de fournir un simple fil rouge. Une annonce aussi floue que concise, mais qui suffira probablement à une grande partie de ses électeurs. Il faudra donc ici aussi croire sur parole le nouveau président, qui cherche à faire croire qu’il est aisé de réussir en 100 jours ce que ses prédécesseurs n’ont jamais pu réaliser.
Ethique, vous avez dit éthique?
Sur l’immigration, il annonce sans fard des enquêtes sur les abus de visas. « Parce que ces arnaques pénalisent le travailleur américain », lance-t-il à toute vitesse avant de, non sans ironie, embrayer sur l’éthique… mais du lobbying.
« Pour tous »
« Voici quelques points de la manière dont nous réformerons Washington et reconstruirons notre classe moyenne. Je vous ferai part des évolutions de notre travail au cours des prochains jours, pendant ce temps nous continuons de faire en sorte de rendre à l’Amérique sa grandeur pour tous. Et j’ai bien dit pour tous. » A la gloire du simplisme et de l’autarcie.
1. Lâcher le TPP? traduisez sans les USA, le traité signé par 12 pays sombre dans l’océan qui les sépare
2. Se libérer des restrictions énergétiques? comprenez que le charbon et le gaz de schiste pourront être extraits à plein régime, sans regard des préoccupations environnementales
3. Une justice plus compréhensible? Plus accessible? Plus sommaire surtout. « Pour chaque nouvelle loi, deux devront être supprimées ». « C’est si important » Une manière fort réductrice d’envisager la délicate réforme de la justice, ce qui ne sera jamais profitable au justiciable
4. Se protéger des attaques (informatiques et humaines)? Des voeux pieux sans aucune piste de réponse
5. Eviter les abus liés aux visas? Entendez réguler l’immigration à la bonne convenance du gouvernement. Moins de solidarité, plus d’exclusion et de refus d’accès au territoire, voire des expulsions
6. Limiter le lobbying? Les fonctionnaires auront interdiction de faire du lobbying pour 5 ans après la fin de leurs fonctions et interdiction à vie de faire du lobbying pour les pays étrangers. Une promesse dont l’application est à voir, surtout dans les domaines soutenus par le président élu. La manoeuvre tendra surtout à couper l’herbe sous le pied à ses détracteurs.
