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Recensement général des entreprises : Le Sénégal veut réactualiser ses statistiques

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Le processus de recensement général des entreprises a été officiellement lancé, hier, par le chef de l’Etat. Cette opération permettra de refaire la cartographie des entreprises du Sénégal et d’améliorer le système d’information existant sur les statistiques, en fournissant aux acteurs socioéconomiques des informations actualisées et plus fiables sur les performances du tissu économique.

Combien d’entreprises compte le Sénégal ? Combien sont-elles dans le formel et dans l’informel ? Où sont-elles implantées ? Quel est le niveau de leur performance dans le tissu économique ? Quels sont les emplois créés ? Quelle est leur contribution exacte dans le Pib ? Aujourd’hui, il est quasi impossible de trouver des réponses fiables à ces questions. La base de données permettant de se faire une idée exacte des structures économiques au Sénégal date de 1999. Pourtant, les normes internationales recommandent, en particulier pour les pays en développement, de renouveler la base de référence au moins tous les 10 ans. Le Sénégal est resté 17 ans sans le faire. Or, durant ce temps, bien des mutations sont intervenues, favorisées par le développement des technologies de l’information et de la communication, l’approfondissement du système financier et l’émergence de l’éducation et la santé privée. En conséquence, de nouvelles activités ont vu le jour -transfert d’argent, e-banking, par exemple- et les petites et moyennes entreprises ont fleuri.

Du coup, la rénovation des comptes nationaux, notamment l’année de base, était devenue une urgente nécessité pour l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd). C’est tout le sens de l’opération de Recensement général des entreprises (Rge) qui a été officiellement lancée, hier, par le chef de l’Etat, Macky Sall. Il permettra de redessiner la cartographie des entreprises au Sénégal et de fournir des indicateurs actualisés à même de refléter au mieux la situation économique du pays et servir de base de calcul du Pib dont l’année de référence sera désormais 2014.

Lors de la cérémonie de lancement au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, avant l’arrivée du président Macky Sall, la Troupe théâtrale Kocc Barma Fall de Rufisque, à travers un petit sketch, a bien campé les enjeux et l’intérêt de ce Rge qui entre dans le cadre du Projet national de rénovation des comptes nationaux (Prcn) dont il est l’une des composantes essentielles. Boutiques, salons, restaurants, boulangeries, ateliers de menuiserie, de mécanique, de couture, services de transfert d’argent, exploitations horticoles, agricoles, l’élevage, la pêche sont concernés par ce recensement. De même que toute activité s’exerçant dans un local fixe aménagé en local professionnel. L’opération a nécessité un budget de plus de 5 milliards de FCfa, dont 3 milliards ont été dégagés par l’Etat du Sénégal et le reste par ses partenaires que sont la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne.

Un recensement venu à son heure
Le chef de l’Etat estime que le Recensement général des entreprises vient à son heure, car la situation de 1999 est bien différente de celle de 2016. « J’ai voulu que le Pse puisse disposer d’instruments modernes de mesure de nos progrès et insuffisances dans la marche vers l’émergence. Si la base de calcul est l’année 1999, cela veut dire que nous avons tout faux. En 1999, le budget de l’Etat faisait moins de 600 milliards de FCfa ; aujourd’hui, nous en sommes à presque à 3.300 milliards de FCfa. Il était temps de changer d’année de base de calcul de notre Pib mais également la base de calcul de l’évolution de notre croissance économique », a-t-il déclaré. Le même esprit d’exhaustivité et de fiabilité des données a guidé la conduite du Recensement général de la population, de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que l’Enquête nationale sur l’emploi au Sénégal, a ajouté Macky Sall. Les résultats de cette enquête servent, aujourd’hui, de support d’analyses statistiques pour les programmes et les stratégies de promotion de l’emploi. « Ce sont les entreprises qui créent la richesse dans une économie de marché comme la nôtre. D’où l’importance d’une connaissance plus exacte de la nomenclature de ces entreprises. Voilà la raison d’être de ce Rge », a-t-il renchéri.

Le président de la République considère le Recensement général des entreprises comme une opération structurante, en ce sens qu’un système d’informations statistiques performant constitue, à ses yeux, une base fiable sur laquelle on peut bâtir des politiques publiques dument renseignées. « Aujourd’hui, nous avons une nouvelle dynamique de croissance de notre économique. Il nous faut des instruments de mesure qui soient les plus rapprochées possibles de l’évolution de notre économie, et cela nécessite une réactualisation permanente de l’information et une pondération conséquente de ces évolutions », a-t-il déclaré. Macky Sall a, à cet effet, invité le gouvernement à s’investir pleinement pour la réussite de ce recensement dans l’esprit des conclusions des mesures adoptées lors du dernier Conseil national de la statistique, tenu le 12 mai dernier, sous la présidence du Premier ministre.

71% des unités économiques cartographiées sont situées dans l’axe Dakar-Thiès-Diourbel
Le Recensement général des entreprises comporte trois volets : Entreprises non agricoles ; Ménages et unités de production informelle et Entreprises agricoles. Le premier volet a été déjà exécuté à près de 70 %, selon le Directeur général de l’Ansd.

ependant, a fait savoir Aboubacar Sédikh Bèye, il a enregistré de faibles taux de réponses pour l’enquête de structures et un timide démarrage dans les régions. « Nous avons bouclé la région de Dakar, et les recensements dans les 13 autres régions viennent de démarrer. Nous avons aussi, pour l’enquête de structures, commencé à recevoir les données des entreprises. Il a été constaté que 71 % des unités économiques cartographiées sont situées dans l’axe Dakar-Thiès-Diourbel. On a dénombré 40.000 ateliers de couture, dont 51 % sont situés à Dakar », a indiqué M. Bèye. Les deux autres volets démarrent ce mois d’août. Appelant les chefs d’entreprises à coopérer, le directeur général de l’Ansd a précisé que, contrairement à la perception qu’en ont certaines personnes, ce recensement n’est pas une initiative de recouvrement fiscal. « Cela permet d’orienter les décisions d’investissements, de politiques publiques et permet aux banques et aux assurances de créer des produits financiers pour le monde de l’entreprise », a-t-il dit. A l’en croire, le recensement pour l’agriculture durera trois à quatre mois et celui sur le secteur informel prendra un mois.

Concernant ce dernier recensement, Aboubacar Sédikh Bèye a précisé que c’est une enquête très ciblée qui a déjà identifié les unités de production informelles à partir des ménages.

Les acteurs engagés à accompagner le recensement
Sans l’engagement des chefs d’entreprise et des différentes personnes ciblées par le Rge, celui-ci ne peut avoir les résultats escomptés. C’est pourquoi le chef de l’Etat n’a pas manqué d’appeler tous les acteurs à jouer le jeu. Son appel n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque aussi bien les organisations paysannes, les artisans, les commerçants que le patronat, tous ont affirmé qu’ils vont pleinement s’impliquer. « Ce recensement est à saluer, car montrant que les paysans sont désormais considérés comme des partenaires de premier plan dans les initiatives de politiques publiques », a déclaré Aliou Dia. Idy Thiam, président de l’Unacois, a salué les nombreuses actions posées par le président Macky Sall pour le développement du tissu économique. Il en veut pour preuve l’implication du secteur informel dans toutes les initiatives de l’Etat. « C’est une occasion unique pour les Pme et Pmi de valider leur existence. Cela va permettre de lutter contre le chômage en créant des emplois », a affirmé Moussa Niang, représentant des artisans et président des bijoutiers du Sénégal. Il a plaidé pour un accompagnement fiscal des Pme pendant trois à cinq ans afin de les aider à grandir. L’ambassadeur d’Espagne au Sénégal, Alberto Gomez, également chef de file des partenaires techniques et financiers, s’est félicité de l’ambition du Sénégal de s’aligner sur les meilleurs standards internationaux en réactualisant ses données statistiques sur les entreprises, outils indispensables, selon lui, pour l’efficacité économique. Et c’est Baïdy Agne, président du Conseil national du patronat, au nom des différentes organisations patronales, qui résume bien les enjeux du Rge dans cette phrase : « Avec ce recensement, nous franchissons une nouvelle étape dans la construction de notre futur ».

Près de 1.500 agents mobilisés
Pour mener à bien cette opération qui est une première au Sénégal, l’Ansd a mobilisé 1.200 enquêteurs, 188 contrôleurs, 26 superviseurs et 102 agents de saisie. Cette opération est accompagnée d’une vaste campagne de sensibilisation qui sillonne tout le pays. « Non seulement le Recensement général englobe l’enquête de structures pour la nouvelle base de référence de calcul du Pib, mais il permet, pour la première fois au Sénégal, de disposer d’un dénombrement exhaustif des unités économiques, formelles comme informelles, agricoles comme non agricoles, exerçant sur le territoire national. C’est une mine d’informations pour le « data mining » qui servira, entre autres, de base d’échantillonnage pour des études plus fines sur certains secteurs d’activités (tailleurs, mécaniciens, menuisiers, femmes transformatrices, transferts d’argent, Pme, Tpme, etc.) », a expliqué le directeur général de l’Ansd, Aboubacar Sédikh Bèye.

Macky Sall veut que le Sénégal se passe de l’aide publique
Dans son discours en wolof, le chef de l’Etat a déclaré que son ambition, c’est de faire en sorte que le Sénégal puisse se passer de l’aide publique au développement dans quelques années, en devenant autonome sur le plan économique. « On ne peut pas indéfiniment continuer à tendre la main. On doit dépasser ce stade. On a les moyens, mais à condition qu’on y mette de la volonté et de la détermination. Quand on n’est pas autonome financièrement, on n’est pas libre », a-t-il dit. Macky Sall est persuadé que cet objectif peut être atteint dans un horizon de cinq ans. Tout en appelant à adapter l’économie sénégalaise à nos réalités, le président de la République a demandé à engager des discussions inclusives avec tous les acteurs de l’économie, notamment ceux du secteur informel.

Hommage à feu Amadou Lamine Niang
A la suite de la minute de silence observée à la mémoire du président du Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie de Dakar (Cciad), Amadou Lamine Niang, décédé lundi passé, le chef de l’Etat a, au début de son discours, rendu un hommage à cette « éminente personnalité sénégalaise ». Il a salué en lui « un homme pétri de valeurs, pleinement engagé pour l’entreprise nationale par son rôle d’entrepreneur mais aussi par son implication dans l’organisation patronale ». Macky Sall a ajouté que le « Sénégal a perdu un homme d’une très grande dimension ».

Elhadji Ibrahima THIAM

– lesoleil.sn

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