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Aïssata Tall Sall, député socialiste : «Le Hcct, une sauterelle pour Tanor»

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Aïssata Tall Sall descend des Marches du Quotidien. La suite avec le Hcct, une «sauterelle» pour Tanor, la «prouesse» de Macky Sall qui a «réussi à réunifier une certaine famille socialiste autour de lui», la polémique sur le pétrole dont le chef de l’Etat est «le seul responsable» et non son frère, Aliou. Fin de plaidoiries.

Par rapport à ce congrès de 2014, il s’est dit que vous auriez eu le soutien de Kha­lifa Sall pour battre Ous­mane Tanor Dieng, est-ce vrai ?
Non, je peux vous dire, je m’excuse de ce terme-là, mais ce sont des balivernes. Pourquoi Khalifa Sall m’aurait-il soutenue ? Ces gens lui demandaient d’être candidat non ? Quand j’ai décidé d’être candidate, les seuls avec qui je me suis concertée et qui m’ont donné leur onction, c’étaient les membres de ma coordination à Podor.

Vous avez été remplacée au poste de chargée de communication du parti par Abdoulaye Wilane. Mais Tanor avait dit qu’il vous avait proposé d’autres postes…
Il m’a proposé un poste, j’ai refusé.

Quel poste ?
Je ne me rappelle plus. C’est un truc tellement vague. Il y avait droit de l’Homme, il y avait juriste, il y avait tout dedans. En réalité, il me proposait de continuer à être l’avocate du parti. J’ai dit : «Je le suis naturellement. Je n’ai pas besoin de secrétariat national pour les droits de l’Homme et pour je ne sais quoi.» Et s’il m’avait proposé porte-parole, j’aurais refusé. Attendez, on ne peut pas passer sa vie à être porte-parole ! Ou bien je suis née, estampillée porte-parole sur mon front ? (Rires)

Et comment appréciez-vous aujourd’hui la nomination de Tanor à la tête du Haut conseil des collectivités territoriales ?
(Long silence, puis elle s’éclate). Ecoutez, si sur la forme on doit le féliciter, bon qu’il l’entende ainsi ! Mais honnêtement, je crois que pour l’homme que je connais, il mérite mieux que ça. (Elle insiste).

Il méritait la présidence de la République ?
Ah ! C’est ce qu’on lui a toujours souhaité. Mieux que de le lui souhaiter, on s’est sacrifié pour cela. Bon, le pouvoir c’est de la magie. Il arrive cet instant magique où vous y êtes. Il n’a pas pu l’avoir. Mais pour autant, comme disent les arabes : «Est-ce qu’on peut accepter de jeûner un an pour se contenter d’une sauterelle ?» Non.

Ah oui, c’est une sauterelle ?
Attendez ! C’est quoi ce Haut conseil des collectivités territoriales ? Une sorte de salmigondis. Vous connaissez le salmigondis ?

Expliquez-nous…
C’est un terme italien qui veut dire des restes de tout. Un peu de salade, un peu d’oignon, un peu de choux, un peu de carotte. C’est cela le salmigondis. Personnellement, j’ai rêvé d’autres choses pour lui (Tanor). Même si, peut-être, les circonstances l’amènent à se contenter de cela. Quand on a voulu pour lui président de la République que ce n’était pas possible, on a pensé Premier ministre que ce n’était pas possible, on a pensé président de l’Assemblée nationale que ce n’était pas possible, je disais : «Il n’a qu’à rester le conseiller officieux de Macky et qu’il soit entouré de ce halo de mystère et de pouvoir.» Aujourd’hui, c’est tout cela qui est percé. Alors, c’est quoi ce Haut conseil des… Comment ça s’appelle d’ailleurs ? Je vous assure, je ne blague pas, je ne connais pas la suite…

Haut conseil des collectivités territoriales…
Dans quel cadre institutionnel ça rentre ? Ce n’est pas une chambre.

C’est quand même une chambre consultative, dit-on…
Un instrument consultatif pour le président de la République. C’est quoi ses limites de compétence avec l’autre machin de dialogue des territoires.

Vous parlez de la Commission nationale du dialogue des territoires dirigée par Djibo Kâ…
Il faut un tribunal de conflits parce que va arriver un moment où il va y avoir immanquablement des conflits de compétence. Ensuite, c’est quoi cette façon de prendre 80 qui sont élus, 70 qui sont nommés ? On avait pensé que tout cela était oublié. C’est une institution avec des gens élus, mais qui ne votent pas, qui ne délibèrent pas avec un président lui-même élu à la base, mais nommé par décret et révocable ad nutum. Alors, ce Haut conseil me fait penser à l’histoire institutionnelle de la France dans les années 1800, avec la Chambre introuvable. Tous les juristes l’ont appris. La Chambre introuvable, c’est quand Louis XVIII, rappelé au pouvoir, a eu des gens élus qui lui sont tellement fidèles qu’il les a appelés : «vous êtes plus royalistes que le roi». Tellement qu’ils étaient pressés de satisfaire tous les desiderata de Louis XVIII.

Sur la parité, la loi a été une nouvelle fois piétinée avec le Hcct…
Oui ! J’allais dire comme ça, sur un coup de tête, que ce n’est pas la première fois. Même sur le bureau de l’Assemblée nationale, non seulement la parité a été violée, mais quand la Cour suprême a corrigé, l’Assemblée ne l’a pas suivie. Aujourd’hui, il y a des collectivités territoriales qui sont gérées sans la parité.
Le Président avait les moyens de compenser par les nominations…
Oui, vous vous souvenez que c’est le Président qui avait fait des remontrances à la Cour suprême en demandant au ministre de l’Education nationale de ne pas se soumettre à la décision de justice non.

Comment interprétez-vous que l’Exécutif se passe des décisions du Judiciaire et que rien n’arrive ?
Mais on est au Sénégal. Peut-être que le jour où, dans vos rédactions, vous écrirez beaucoup plus sur ça, sur nos déboires internes dans nos partis, vous attirerez l’attention de plus de Sénégalais sur ce phénomène-là. Parce que c’est vrai qu’on a besoin de plus de justice.

Quelle appréciation faites-vous justement du projet de prolongation de la retraite du premier président et du Pro­cureur général de la Cour suprême ?
Ah, ça c’est une catastrophe ! Si les magistrats pensent que c’est bon, il n’y a pas de problème. Mais le Président Macky Sall a le devoir d’ouvrir des concertations avec eux. Vous savez, la Grande muette, c’est l’Armée ; l’autre muette ce sont les magistrats. C’est vrai, ils ont l’Ums dans laquelle ils s’expriment, mais ils n’ont pas les moyens que nous autres avons de pouvoir parfois taper sur la table. Le ministre de la Justice ne suffit plus à cela ; il faut que lui prenne le taureau par les cornes et qu’il parle à la justice qui a avalé suffisamment de couleuvres pour aujourd’hui en arriver à la situation délétère dans laquelle elle est.

Vous aviez dit lors d’un débat organisé par l’Asso­ciation des étudiants en sciences politiques de l’U­cad : «Le pouvoir législatif n’est qu’un solde résiduel du pouvoir exécutif.» Di­riez-vous la même chose du pouvoir judiciaire ?
Je vais vous dire la vérité. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’on doit couper le cordon ombilical entre le Parquet et le ministère. Je considère que dans cette mission de service public que rend la justice, l’Etat doit être présent tout en garantissant l’indépendance des magistrats. Pour autant, quand on voit les moyens dérisoires qui sont ceux de la justice, on a l’impression aujourd’hui que les magistrats sont mieux traités. Mais je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire pour rendre à la justice toute son indépendance, toute sa dignité. Et croyez-moi, il y a une génération de magistrats qui prend son rôle comme un véritable sacerdoce, qui le fait avec courage dans l’anonymat le plus absolu et qui s’efforce de combattre la corruption, d’être simplement les juges de leur temps. Et ces magistrats-la méritent d’être accompagnés. Donc, de ce point de vue, il y a encore beaucoup d’efforts à faire de la part de l’Etat.

Pour revenir au Parti so­cialiste, qu’allez-vous faire aux prochaines échéances ? continuer à vous battre à l’intérieur ou à l’exté­rieur du parti ?
On va faire les deux, et à l’intérieur du Parti socialiste et en dehors.  Parce que finalement, de quoi est-ce qu’il est question ? Il est question de collecter les suffrages des Sénégalais, puisque vous parlez d’élection, qui ne sont pas seulement à l’intérieur du Parti socialiste. En tout cas aujourd’hui, nous sommes engagés totalement dans ce combat-là, nous avons la claire conscience que ce n’est pas un combat facile, mais croyez-moi, nous sommes déterminés non seulement à l’engager, mais à aller jusqu’au bout, aussi bien à l’intérieur du Parti socialiste qu’auprès de l’opinion des Sénégalais.

Depuis quelque temps, la question de la transparence dans la gestion du pétrole et du gaz fait débat au Sénégal. Quel est votre point de vue sur le sujet ?
Le pétrole vient avec un petit démon, un petit diable dans les barils du pétrole qui fait que chaque fois qu’on en parle, ça explose dans tous les sens. Les gens commencent à en parler, on n’a pas encore vu de pétrole, on n’a  même pas senti son odeur, on ne sait pas quand est-ce que cela va être exploité. On est d’accord sur l’Itie (Ndlr : Initiative pour la transparence des industries extractives), mais cela ne suffit pas. Il faudrait que les Sénégalais soient informés au plus près de comment les choses vont se passer, que ces contrats-là soient non seulement publiés, mais compris par le maximum des Sénégalais. C’est en cela que l’exercice auquel le Premier ministre doit se soumettre- mais en vrai de vrai devant l’As­semblée nationale- est un exercice majeur. Si aujourd’hui on dit que l’investisseur, parce qu’il a mis son argent, parce qu’il a pris un risque énorme de venir prospecter avant même l’exploitation, doit avoir tant de pourcentage, c’est normal. C’est la règle du jeu dans tous les pays au monde où on a prospecté et trouvé du pétrole.
Que l’Etat ait tant de pour cent, qu’est-ce que nous réservons aux générations à venir ? Est-ce qu’on permettra que le régime en place exploite nos ressources ad vitam aeternam, ne rien réserver à nos enfants et à nos petits enfants ? J’ai lu l’autre jour que le Tchad était en train de poursuivre un investisseur, c’est Exxon, en lui réclamant plus de 80 milliards de francs Cfa parce qu’à l’époque de la découverte du pétrole, le Tchad n’avait pas bien négocié pour Exxon. Ce n’est pas parce qu’on a trouvé du pétrole que c’est l’Eldorado. Donc, le gouvernement est interpellé sur tout cela. Alors, transparence oui. Vous vous souvenez de ce que le Président Macky Sall avait dit à l’époque : «La Crei, c’est pour ceux qui partent ; l’Ofnac, c’est pour nous.» Alors, où est l’Ofnac ? On a vu le premier rapport de l’Ofnac, et je voudrais au passage saluer le courage de Mme Nafi Ngom Keïta. Que sont devenus ces rapports-là ? Et je crois que le gouvernement doit rassurer que sur cette question de pétrole, on sera absolument au fait de ce qui se négocie. Parce que si vous voulez parler de Franck Timis, la question fondamentale, ce n’est pas que c’est Wade qui a introduit Timis dans la bergerie, mais qui a fait que Franck Timis reste et passe la nuit dans la bergerie. Mais tout le monde dit : «Non, c’est Wade qui l’a amené.» Oui, Wade l’a amené, il est rentré. Maintenant, pourquoi il reste et qui le fait rester ? Ce n’est pas Wade.

C’est Aliou Sall ? C’est Macky Sall ?
Dans ce que vous dites, ce n’est pas le frère du Président qui me dérange, c’est le Président. S’il n’appose pas sa signature, rien ne se passe et rien ne se fait. En tout cas, quand je parle de l’Etat, je parle de celui qui l’engage en premier et c’est le président de la République et personne d’autre.
Pour en revenir sur votre engagement au Ps…

Encore ! Finalement, le Ps me colle à la peau grave. (Rires)
Khalifa Sall a réussi son coup avec Taxawu Dakar à Dakar pour gagner la mairie contre son parti et contre les alliés. Est-ce que vous voyez une certaine alliance du genre Taxawu Sénégal pour aller aux Législatives à la marge du Ps ?
Je ne sais pas. Je ne peux pas répondre à la place de Khalifa Sall.

Et vous ?
Voilà, si c’est moi, je réponds volontiers. Je peux dire sans forfanterie que je ne suis pas née de la dernière pluie et qu’on sera présent et bien présent à l’occasion de ces rendez-vous électoraux majeurs. Avec qui et comment ? C’est l’alpha et l’oméga de la question. Vous imaginez bien que pour une question de stratégie- j’ai beaucoup de sympathie pour la rédaction du Quotidien-   ce n’est pas ici que je vais le dire.

Votre parti a déjà décidé d’aller avec Benno bokk yaakaar aux Législatives…
Ah, on verra ce qu’il adviendra de cette décision parce que c’est cette décision qui est contestée et attaquée en justice. Qu’est-ce qu’elle deviendra d’ici les Législatives ?

Quelle est votre opinion sur la refonte du fichier électoral et les inscriptions pour l’obtention de la carte biométrique de la Cedeao ?
J’avais dit au ministre de l’Intérieur à l’occasion de son passage devant l’Assemblée nationale que cette question me troublait un peu. D’abord, parce que je ne vois pas la pertinence de refaire le fichier partiellement. On aurait peut-être pu le faire avant. Et si vous lisez l’exposé des motifs de cette loi, vous allez tomber à la renverse. Le ministre de l’Intérieur dit : «On va faire une refonte partielle du fichier pour combattre l’abstention.» C’est ce qui est marqué. C’est hallucinant ! Est-ce qu’on combat l’abstention en faisant une refonte du fichier ? Le vote n’est pas un devoir au Sénégal, mais un droit. Mais je pense que le référendum a tellement traumatisé le pouvoir qu’il a les yeux rivés sur ce fort taux d’abstention. Et d’ailleurs, si les gens vont s’inscrire et qu’ils confirment qu’ils sont électeurs et que, pour autant, le jour-j ils refusent d’aller voter, qui va les obliger à le faire ? Personne. D’où l’inopportunité et la non pertinence de faire cette refonte. Et c’est pour cela qu’une partie de l’opposition pense qu’il y a un jeu caché dans cette refonte.

Avec cette histoire de fichier, est-ce que vous ne craignez pas un croc-en-jambe du pouvoir de façon qu’on se retrouve à reporter les élections ?
Non ! On a reporté la Présidentielle, on va encore reporter les Législatives ? Ce serait d’un ridicule à mettre le Sénégal au pilori. Non, le pouvoir ne peut s’amuser avec ça et je ne veux pas le croire un seul instant.

Lors du meeting du Ps, Bamba Fall a dit qu’il souhaite que Khalifa Sall soit le président de la République et vous, présidente de l’Assemblée nationale…
Un ticket non ? Que voulez-vous ? Ce n’est pas moi qui l’ai dit. Ce n’est pas non plus Khalifa Sall qui l’a dit. Mais parce que ces gens de Dakar étaient en train de l’interpeller. Moi si Podor m’interpelle, je réponds à Podor. Donc, ce sont des propos d’un militant au cours d’un meeting. Pourquoi moi, responsable de Saint-Louis et de Podor, je viens tomber dans un meeting de Dakar ? Vous savez, Bamba Fall est un garçon intelligent. Depuis 2007, il avait décidé que je serai la marraine de sa coordination. La marraine, ça n’existe nulle part dans une instance du parti. Et je suis partie à ce meeting de 2007, mais comme à l’époque on filait le parfait amour partout, personne ne s’en était rendu compte. Il a voulu refaire un autre meeting de sa coordination en 2016, il est venu m’inviter et je lui ai dit, comme vous me posez la question : «A quel titre ?» Il m’a dit : «Rappelez-vous, maître, vous êtes la marraine de ma coordination.» Et il voulait vraiment que je vienne à ce meeting ès qualités. J’ai accepté parce que c’est de la courtoisie entre camarades. Quand même, vous ne pensez pas que dans le Parti socialiste, il a 10 000 femmes qui auraient pu servir de marraine ! Voilà qui explique ma présence. Maintenant, dans ses volées, il a dit ce qu’il pensait d’un schéma idéal, mais ça n’engage que lui.

Serez-vous candidate à la Présidentielle ?
(Long silence) Vous reposerez la question vers 2019. (Elle s’éclate)

Un temps, on vous a surnommée Ségolène Royal. Aujourd’hui, c’est Hillary Clinton qui est candidate. Allez-vous faire comme elle ?
(Rires) Je voudrais avant tout saluer le courage historique de Hillary Clinton. Pour ma part, je suis Aïssata Tall Sall, femme politique et Sénégalaise qui porte une ambition, la plus grande et la plus honorable pour son pays. 2019 est encore loin, mais tout est ouvert et tout est possible. J’ai toujours laissé mon destin à Allah.

Le Secrétariat exécutif national, créé après le congrès, prend des décisions du parti. Cette instance est-elle en conformité avec les textes ?
Je vois que vous connaissez bien les textes du parti parce que pour poser cette question-là, il faut avoir lu les statuts et le règlement intérieur du parti. Quand on veut changer le profil de compétence de l’instance, seul le congrès doit en décider. Donc, si le Secrétariat exécutif national prend des décisions qui ne sont pas de sa compétence, ce sont des décisions annulables en justice. C’est dommage d’en arriver là, mais le parti n’est la propriété de personne.

Que pensez-vous des 10 000 francs requis pour obtenir la carte de la Cedeao après le délai de gratuité ?
C’est une décision très bizarre. Parce que si la carte est payante et doit supporter une partie des frais, elle devrait l’être tout le temps. Est-ce pour sanctionner les retardataires ? Mais il y en aura toujours. C’est une mesure qui n’est même pas rationnelle.

Votre adversaire Racine Sy souhaite que Podor soit érigé en région. Est-ce votre avis ?
Ecoutez, c’est une vieille doléance des Podorois et je l’admets. Du temps du Président Wade, la question était même très avancée. Mais aujourd’hui, nous sommes dans la départementalisation. Le Conseil départemental, c’est pour justement avoir plus de proximité élective et de gestion par les intéressés eux-mêmes. Alors, la région ne correspondra qu’à une circonscription administrative avec un gouverneur et sa casquette. Encore que dans cet Acte 3, j’attendais le Président Macky Sall sur les Pôles territoires qui constituent la deuxième phase de la réforme. Je ne dis pas que je suis contre la région.
A Podor, vous commencez à perdre votre suprématie électorale…

(Elle coupe) Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
Vous avez perdu le référendum…

Mais qui n’a pas perdu le référendum ? Même Macky Sall l’a perdu. Avec son implication personnelle dans la campagne électorale, la mobilisation de tous ses moyens et la cohorte de Benno bokk yaakaar, Macky Sall s’est retrouvé avec ce taux d’abstention et ce petit «oui». Lui sait qu’il n’a pas gagné parce que c’est à la suite du référendum que ce projet de loi est venu pour soi-disant lutter contre l’abstention et refondre le fichier électoral. Maintenant, c’est vrai, à Podor c’est le «oui» qui a gagné parce que nous sommes restés dans une logique de référendum et non d’une compétition électorale.

Racine Sy n’est-il pas une menace pour vous ?
J’ai quand même gagné les Locales à Podor en 2014.

De 6 voix seulement…
Ah, c’est important ! Même aux Etats-Unis, on gagne d’une voix et ce sont les victoires les plus dures. Pourquoi l’autre n’a pas eu les 6 voix ?

Il les avait pourtant à un moment donné…
Il ne les a jamais eues. (Rires)

Racine Sy et ses amis ont vivement exprimé leur opposition à la délocalisation de l’aérodrome de Podor vers Tarédji. Quelle est votre position en tant que maire ?
J’ai entendu cela, mais je suis un élu, un officiel investi de pouvoir. Par conséquent, je ne parle que sur des sujets que je maîtrise et non sur la base de rumeurs. Des gens sont même venus me voir et je leur ai dit que je vais voir si cela est avéré. Le cas échéant, on m’entendra et on me verra agir.

Etes-vous maire résident ?
(Rires) Je suis plus que maire résident ; je suis maire permanent. Résider, c’est l’acte physique d’habiter là où il y a la mairie. Permanent, c’est être tous les jours aux côtés des populations. Dieu merci, les nouvelles technologies de l’information et de la communication n’ont été créées que pour ça.

Racine Sy est une menace pour vous. Peut-on s’attendre à un troisième mandat de Aïssata Tall Sall à la mairie de Podor ?
Alors, la menace elle est pour vous ou pour moi ?

Pour vous ?
Non. Je ne subis aucune menace à Podor de qui que ce soit. La menace, c’est quand on a peur de quelque chose ou de quelqu’un. A Podor, je n’ai peur de rien ; je n’ai peur de personne. Je n’ai peur que des Podorois et du Bon Dieu. Et Dieu merci, jusqu’à présent, les Podorois sont avec moi. Maintenant, le troisième mandat… (Rires)

C’est important puisque c’est la limitation des mandats…
Disons, nous sommes en discussion.

Avec qui ?
Avec les Podorois.

Maître, qu’est-ce qui vous pousse à continuer à faire la politique ?
Pour répondre à cette question, il faut d’abord demander ce qui m’a amenée en politique.

C’est Tanor.
(Silence, puis rires) Non. Même s’il m’a amenée, il n’a pas pu faire que je reste. Si je reste, c’est de mon fait personnel. Encore que j’ai choisi de faire la politique parce que j’ai une idée claire. Mais j’ai considéré que dans la vie, il y a deux options : la première, c’est de se lever le matin et de se dire qu’on peut être utile à quelqu’un ou à quelque chose. Que dans la vie, il ne suffit pas de manger, de boire, de s’amuser et de pleurer. L’animal mange, boit, s’amuse et pleure. Il faut savoir distinguer les choses et c’est ce qu’on appelle le libre arbitre. Et quand on l’a, on doit avoir la volonté et la générosité de vouloir transformer le monde. Vous voyez que c’est un gros mot, mais le monde s’est toujours transformé parce que quelque part, un jour, il y a eu un seul homme qui s’est levé et qui a aperçu une petite lumière au fond et qui s’est dit : «Ça, c’est peut-être la direction du monde et cela a changé le monde.» Mao Tse Toung l’a fait, d’autres l’ont fait. Pourquoi les Sénégalais ne le feront pas ? Voilà pourquoi je fais la politique.

Tanor, Niasse, Djibo aux côtés de Macky Sall. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Super ! Félicitation à Macky Sall qui a réussi la prouesse de réunifier la famille socialiste autour de lui. Mais c’est une certaine famille socialiste. (Rires)

Fin

Interview réalisée par Le Quotidien

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