Ce qui fait courir Me Wade

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TANOR SUR LE RETRAIT DES BASES MILITAIRES FRANÇAISES DU SENEGAL
Ce qui fait courir Me Wade

Ousmane Tanor Dieng, Secrétaire général du Parti socialiste (Ps), donne les « vraies » raisons qui ont poussé le président de la République, Me Abdoulaye Wade, à demander la fermeture des bases militaires françaises. Dans un texte intitulé « Retrait des bases militaires françaises du Sénégal : Faux débat, vraies questions », le patron des socialistes soutient que le maintien des bases miliaires sur le sol africain est « indéfendable et inacceptable ». C’est pourquoi il avance l’argument de renégociation des accords de défense avec la France. Dans le même texte, il a aussi montré les véritables raisons, pour la France, de la restructuration de la présence militaire française au Sénégal.

Dans un texte intitulé « Retrait des bases militaires françaises du Sénégal : Faux débat, vraies questions », dont nous avons reçu copie, le Secrétaire général du Parti socialiste (Ps), donne les vraies raisons de fermeture, par le président de la République, Me Abdoulaye, des bases militaires françaises. La première raison, selon lui, est à chercher dans « la frustration qu’il éprouve dans la manière dont le Président Sarkozy a traité la question au Cap et à Libreville sans l’y associer et sans l’avoir, au préalable, informé ». Et d’ajouter : « Il s’est senti blessé dans son égo surdimensionné. C’est ainsi qu’il a ruminé sa vengeance qui s’est traduite par cette déclaration du 3 avril 2010 ».

La deuxième raison, « c’est la boulimie foncière du Président sénégalais. Il a mis la main sur toutes les réserves foncières de la région de Dakar : CICES, Corniche, Aéroport, etc. Il lui reste les emprises des bases françaises » La troisième, « c’est sa démagogie et son populisme qui le poussent à récupérer cette situation et la faire apparaître, aux yeux de l’opinion, comme le « libérateur » du Sénégal, celui qui « parachève » notre indépendance ». La dernière raison « est à trouver dans le caractère anachronique de la présence de ces bases militaires et de ces accords secrets de défense conclus il y a aujourd’hui plus de 50 ans ».

Ousmane Tanor Dieng soutient que le maintien de bases militaires des pays anciennement colonisateurs dans des pays anciennement colonisés est indéfendable et inacceptable. « Il renvoie à des forces d’occupation, charrie des fantasmes en raison de leur caractère secret et est mal compris par les générations nées après l’indépendance en Afrique », note la source, avant d’ajouter : « Les accords militaires entre la France et le Sénégal doivent reposer sur le principe de transparence, refléter l’Afrique d’aujourd’hui, et non l’Afrique d’hier. Ils devraient surtout reposer sur les intérêts stratégiques mutuels de la France et du Sénégal ».

Renégocier les accords de défense avec la France

Le Secrétaire général du Ps est donc pour la renégociation des accords de défense avec la France. Il estime que la question « soulève des enjeux considérables qui sont malheureusement enveloppés dans la brume d’une propagande inopportune ». Pour le socialiste en chef, cette renégociation permet de donner un nouvel élan à la coopération en matière de défense et de sécurité. Et il y voit une double opportunité pour le continent africain.

D’abord, « il s’agit pour les Etats africains de dépasser les systèmes de défense à l’échelle des pays pour bâtir notre propre dispositif de sécurité collective. Il s’agit de définir une stratégie militaire globale et commune à tous les pays africains et travailler à créer une force de défense africaine ou, à tout le moins, de maintien de la paix ». Ousmane Tanor Dieng souligne que « la sécurité de l’Afrique, c’est d’abord l’affaire des Africains et elle dépend, en partie, de notre capacité à mettre en place une sécurité collective à travers des mécanismes de collaboration entre nos différentes armées, voire plus tard par l’intégration de nos forces militaires dans un ensemble capable de répondre aux défis en matière de sécurité et de paix. Les Forces en attente à l’horizon 2010-2012 préconisées par l’Union Africaine vont dans ce sens. C’est cela aussi l’unité africaine que nous appelons de tous nos vœux », note la source.

La seconde opportunité, toujours selon le patron du Ps, est à mettre en relation avec une mondialisation « dans laquelle les défis en matière de sécurité (terrorisme, banditisme et trafic transfrontaliers, dissémination des armes légères, prolifération nucléaire, etc.) sont globaux et exigent la mise en cohérence des politiques de défense et de sécurité dans le monde ». Pour lui, il importe, dit-il, pour « l’Afrique, engagée dans un système de défense commune, de se mettre en relation avec les autres parties du globe et de mettre en place une plateforme de coopération en matière de sécurité avec elles et, en particulier, avec l’Europe. Les prémices de ce partenariat ont été lancées à Lisbonne en décembre 2007. C’est dans notre intérêt à tous, Africains comme Européens, de poursuivre dans cette voie, car pour que le monde soit plus sûr, l’Europe a besoin d’une Afrique sûre et l’Afrique a besoin d’une Europe sûre ».

Ce que Wade semble oublier

En définitive, la restructuration de la présence militaire française en Afrique est une opportunité à saisir pour faire de l’Europe un partenaire de l’Afrique en matière de paix et de sécurité, soutient Ousmane Tanor Dieng. Et d’ajouter : « il faut relever un paradoxe dans les propos d’Abdoulaye Wade lorsqu’il reproche à la France de se désintéresser de l’Afrique. Il semble oublier que sans l’aide de la France, notre économie, malmenée par la gouvernance toxique de son régime, serait dans la banqueroute. Souvenez vous qu’en 2008 au bord de la cessation de paiement, il a fallu, à la requête des autorités sénégalaises, que la France vînt au secours de l’Etat pour éviter le pire à une économie plombée par une gigantesque dette intérieure. Faut-il rappeler également qu’il a été fait appel à l’Armée française pour la lutte contre les inondations et tous les plans ORSEC ! »

Incantation pour esquiver les vraies questions….

Le secrétaire général du Ps dit ne pas comprendre « ce souverainisme à la carte sauf s’il ne s’agit que d’une incantation pour esquiver les vraies questions sur la destination des assiettes foncières qui abritent les bases françaises ». Et il reste convaincu que cette « diversion grotesque ne fera pas disparaître, par enchantement, les gros nuages qui enveloppent cette question. En effet, le risque n’est pas vain que, sous le brouillard d’une légalité douteuse et sous-tendue par une boulimie foncière arrogante, Abdoulaye Wade et son régime n’engagent une entreprise d’aliénation spoliatrice et spéculative de cette partie du patrimoine foncier national pour satisfaire leurs intérêts particuliers ». Mais ce serait, souligne le premier des socialistes, « en pure perte pour tous ceux qui seraient associés à ces opérations parce que le jour n’est plus lointain où un Gouvernement responsable se chargera de corriger en bonne règle ces pratiques et de rendre à la Nation tous ses biens ».

Pour Ousmane Tanor Dieng, « toutes les forces vives de la Nation devront s’opposer à tout changement de destination de ces emprises qui doivent rester patrimoine de notre armée nationale pour des raisons stratégiques. Ce sont ces raisons qui avaient dicté leur choix pour abriter les bases françaises. Tout changement pour une autre destination devrait faire l’objet d’une large concertation », fait-il remarquer.

Ce qui motive la France

Par ailleurs, le secrétaire général du Ps, a cherché les véritables raisons, pour la France, de la restructuration de la présence militaire française au Sénégal. La première, tient à la volonté du Gouvernement français de réformer son Armée. La deuxième repose sur des intérêts stratégiques et géopolitiques. « Pour les Etats occidentaux, les vrais enjeux se situent aujourd’hui au Moyen et Proche Orient, dans le Golfe d’où provient une grande partie du pétrole mondial et où se déroulent le conflit israélo-palestinien, les guerres en Afghanistan et en Irak, le risque de prolifération nucléaire avec l’Iran, la menace terroriste », dit-il.

La troisième raison s’explique, souligne Ousmane Tanor Dieng, « par le fait que le coût élevé de ces bases, qui est supporté par le contribuable français, est de plus en plus dénoncé par la Gauche et l’opinion publique française en général qui réclament leur fermeture et l’utilisation des ressources ainsi mobilisées à d’autres fins ».

sudonline.sn

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