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Interdiction de manifester au Sénégal : subis et tais toi ! (Par Mouhamed Dia)

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L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s’il se fait des illusions sur la condescendance suspecte d’un maître qui prétend l’affranchir. Seule la lutte libère. Thomas Sankara

Celui qui sème l’injustice moissonne le malheur.

Comment se fait-il que chaque président traverse ce problème identique ? Comment se fait-il que chaque président augmente l’électricité sur le dos des pauvres sénégalais ? Comment se fait-il que chaque président ne puisse pas créer assez d’emplois pour les populations ? Comment se fait-il que chaque président vienne utiliser tous les pouvoirs à sa guise ? Il est plus arrangeant de laisser tomber le combat et de ne s’occuper que de soi et de sa famille, cependant, ne rien faire ou ne rien dire contribuerait à être un complice de ce génocide. Nous pouvons tous dire que les populations n’en valent pas la peine, mais on ne manifeste pas pour les populations, mais on manifeste contre une injustice. Du reste, est-ce qu’on peut blâmer une population qui a été asservie et qui ne cherche qu’à manger à sa faim ?

C’est désolant qu’un président puisse regarder les Sénégalais en face et énumérer des réalisations qui n’affectent les Sénégalais ni de près ni de loin. Pour être président en Afrique et particulièrement au Sénégal, doit-on signer un pacte avec le diable ? Est-ce la raison pour laquelle les dirigeants changent une fois au pouvoir ? S’agirait-il des clauses secrètes dans les accords de défense ? Quoiqu’il en soit, à mes yeux, et il s’agit d’une opinion personnelle, je crois que Thomas Sankara est plus estimable que Blaise Compaoré et je crois que Mamadou Dia est plus estimable que Senghor. Il ne s’agit pas de s’enrichir et de détenir tous les pouvoirs, mais plutôt de l’héritage qu’on va laisser à notre famille. Quand on est un chef de famille, on doit penser à nos enfants et petits-enfants.

Certains chefs de famille ont terni leur image et celle de leur famille pendant des générations à venir, peu importe ce qu’ils détiendront en matière de biens, car nul ne pourra les respecter à cause de ce que leur père et ou mère ont eu à faire. Au Sénégal, les dirigeants ont fait de telle sorte que les jeunes ne savent pas ce qu’est aimer son pays, combien de personnes mortes en manifestant pour la démocratie ont été martyrisées ? On veut faire croire aux populations que mourir en manifestant représente une perte et non une contribution à la démocratie. Invitée à un plateau de télévision, j’ai entendu l’actuel président du Sénégal dire qu’en Tunisie, Ben Ali a été forcé de quitter le pouvoir à cause d’un marchand ambulant qui s’est suicide par immolation. Mohamed Bouazizi ne possédait pas d’autorisation officielle pour vendre ses fruits et à la suite d’un contrôle, on lui a confisqué sa marchandise, sa charrette et sa balance. Il s’est alors rendu à la municipalité pour se plaindre et récupérer sa marchandise, on l’a envoyé se balader. Acculé par la pression de la rue, l’ancien président tunisien avait fini par s’exiler, un règne de 23 ans prit fin en un mois.

Échecs des dirigeants

Ibrahima paye aussi connu sous Jacky, Blondin Diop, Mohamed Diop, Mame Sidy Gueye et Thiemokho aussi connu sous Thié Camara avaient été emprisonnes et ils ont été accusés d’avoir incendié le centre culturel français avant la visite du président Français, Georges Pompidou en 1971 et aussi le fait qu’ils aient incite les étudiants à l’émeute.
Alors que l’économie sénégalaise était agonisante et une baisse généralisée du pouvoir d’achat, le chômage battait son plein. Le 1er mai 1968, l’UNTS qui était affilie à l’UPS, commence à critiquer la politique de Senghor. Le 27 mai, les étudiants de l’université de Dakar, apportent leur soutien aux manifestants français. Le campus est évacué le même jour et le président Senghor déclare l’état d’urgence le 30 mai, il a fallu une réunion le 18 juin 1968 pour augmenter le SMIG de 15 % et la nationalisation des emplois. Malgré tout cela, la grève reprendra en février 1969 et le président Senghor a décrété un second état d’urgence le 11 juin 1969. Cette fois-ci, pour s’assurer que la crise ne se propage, une nouvelle Constitution fut adoptée le 22 février 1970 par referendum et on assiste au retour du poste de Premier ministre.

À l’approche des élections 1988, les politiques menées depuis les dernières élections ont échoué lamentablement. La dette est de plus de 800 milliards de FCFA, représentant approximativement 70 % du PIB et le service de la dette absorbe près de 50 % des recettes budgétaires. La population souffre, et on sent un risque d’implosion sociale. C’est ainsi qu’en 1987, une grogne estudiantine voit le jour à la suite d’un retard dans le paiement des bourses d’étude. La police rentre dans le campus le 21 janvier 1987 et le bilan est lourd, car on assiste à plus de 27 blessés parmi les étudiants.

Sous l’ère Wade, le kilogramme de riz qui coûtait 140 Francs CFA est monté à 240 Francs CFA en 2008. Le kilogramme de viande de mouton qui coûtait 1200 Francs CFA en 2000 coûtait 2580 Francs CFA en 2007. La bouteille de gaz de 6 kilogrammes qui coûtait 1495 Francs CFA en 2004 coûtait 3 109 en 2007 et celle de 12 kilogrammes qui coûtait 3 615 Francs CFA en 2004 est passée à 7 165 Francs CFA en 2007. Le prix du sac de riz de 50 kilogrammes est passé de 9 500 Francs CFA à 17.000 Francs CFA à Dakar et 20.000 Francs CFA dans les autres régions du pays. Les populations avaient marché pour décrier la cherté de la vie et ça a causé la mort d’un homme par balle et de l’arrestation de 21 personnes condamnées puis graciées.

Il ne faut pas négliger l’augmentation du prix de l’électricité, et les imams de Guédiawaye furent les premiers à organiser une marche de protestation contre la vie dispendieuse et des factures d’électricité trop chères. Non seulement la SENELEC avait révisé à la hausse le tarif de 17 %, mais elle transmettait deux factures pour la même période. Lasse de cette situation, les imams se sont mobilisés, accompagnes d’une foule immense. Ils disaient qu’il s’agissait d’une « volonté délibérée et cynique de résorber son déficit de trésorerie chronique sur le dos des ménages déjà durement éprouvés par l’effritement implacable, et chaque jour plus affirmé, de leur pouvoir d’achat. »

Après un aveu d’échec de son septennat, le président Sall est dans l’obligation de respecter les reformes signées avec le FMI dans le but de crédibiliser son Etat et de pouvoir bénéficier de prêts de cette institution en cas d’urgence. Pour mettre en œuvre ces réformes impopulaires dont certaines ont commencé à voir le jour, le président a besoin d’une atmosphère décrispée pour empêcher les opposants d’encourager leurs sympathisants et militants à marcher pour décrier ces réformes.

C’est ainsi que plusieurs organisations ont vu le jour au Sénégal, des organisations de la société civile sont également parmi les membres de ces mouvements. La cherté de la vie et encore une fois l’augmentation du tarif de l’électricité sont les causes. Comme ses prédécesseurs, le président Sall met en prison les leaders des mouvements pour dissuader les manifestants, mais le danger est que les Sénégalais commencent à ne plus avoir peur des forces de l’ordre et de la prison. Cette bombe sociale, que les forces de l’ordre ne pourront pas contrôler, car usant de différentes tactiques dans le but de se faire entendre, risque de se désamorcer d’un moment à l’autre.

Que chacun prenne ses responsabilités

Vous poussez la population à bout ! Si une partie jouit des deniers publics alors que la majorité souffre, ce pays va droit vers les Printemps des peuples. Pour éviter que notre pays bien-aimé ne sombre dans une révolution, il faut que le Sénégalais lambda sente qu’il y a une justice pour lui dans ce pays. Il faut que le Sénégalais lambda croie qu’il a d’égales chances que les enfants des leaders, il faut que notre société soit une société de droit, de justice, d’équité et surtout de mérite. Pour éviter que notre pays bien-aimé ne sombre dans une révolution, il faut que le Sénégalais lambda sente qu’il y a une justice pour lui dans ce pays. On en a assez que les fils des leaders viennent diriger les fils du Sénégalais lambda, et que les femmes qui accouchent montent sur des charrettes alors que ceux qui détiennent notre argent vont ou envoient leurs épouses accoucher en Europe, aux Etats-Unis ou dans des cliniques privées. On en a assez que des enfants meurent du paludisme par manque de moyens ! Trop c’est trop ! Dirigeants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sachez que quand le peuple se met debout, personne ne peut l’arrêter. Religieux d’hier, d’aujourd’hui et de demain, sachez que, qui ne dit rien ou ne fait rien contre cette injustice consent.

Mohamed Dia

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