Présidentielle malienne : leçons non sues pour l’opposition sénégalaise ?

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Au Mali un président sociologiquement et politiquement minoritaire, a pu se faire réélire au second tour. L’opposition sénégalaise doit en tirer des leçons. Quand je dis opposition, je veux parler de ceux qui seront candidats ou soutiendront un autre candidat que Macky Sall et qui voteront pour le candidat de l’opposition qui sera présent au second tour.
Pour moi il y a principalement deux leçons que l’opposition sénégalaise doit tirer de cette élection malienne.
1) La pluralité des candidats n’est pas forcément gagnante dans une élection présidentielle. Depuis les deux alternances au Sénégal, il semble admis que les candidatures plurielles permettent d’amener le président sortant au second tour et de le battre. L’élection malienne vient de montrer que le président peut se maintenir malgré le second tour. Un scénario à la malienne serait-il possible au Sénégal ? D’abord nous devons identifier dans l’élection malienne les facteurs ayant permis cette réélection de IBK au second tour. Le principal facteur est la dispersion des forces : en ne regroupant leur forces l’opposition malienne n’a pas été capable de sécuriser sur l’ensemble du territoire le vote, permettant ainsi le bourrage des urnes dans certaines zones où elle aurait bien été représentée en cas de regroupement. Cela s’est traduit par un écart conséquent de IBK sur son second, écart difficilement surmontable au deuxième tour et accentué par la neutralité des principaux candidats du premier tour. En dispersant ses forces l’opposition malienne n’a pas pu faire face aux gros moyens déployés par le pouvoir. Leçon 1 pour l’opposition sénégalaise : il nous faut regrouper nos forces autour de 2 ou 3 pôles solides (le pôle des politiciens traditionnels, le pôle des nouveaux politiciens et le pôle des politiciens à base religieuse) qui auront les moyens financiers et la logistique nécessaire pour être bien représentés partout et sécuriser le vote des sénégalais.
2) Le discours anti système de nouveaux politiciens maliens a permis la réélection de IBK. En diabolisant tous les politiciens classiques et en demandant aux maliens de dégager toute la classe politique traditionnelle, les néo politiciens se sont placés dans une posture où tout soutien au second tour à un politicien estampillé membre du système allait apparaitre comme un reniement aux yeux des populations. Ainsi au second tour les principaux candidats placés troisième et quatrième ont été obligés de ne pas donner de consigne de vote. Il devenait alors évident que pour le second tour la réélection de IBK serait une formalité.

Leçon 2 : il nous faut un gentlemen agreement entre membres de l’opposition pour éviter qu’à la place d’un face à face opposition vs BBY qu’une partie de l’opposition tienne un discours nouveaux contre anciens. Il faut aussi qu’il y ait un engagement clair de toute l’opposition pour voter au second tour contre Macky Sall, peu importe celui qui est en face. Le discours anti système risque d’avoir deux effets au second tour. Si un nouveau politicien arrive au second tour il aura du mal à rassembler autour de sa personne les militants de ceux qu’il avait diabolisés. Si un politicien traditionnel est au second tour avec Macky, ceux qui les avaient diabolisés ne seraient pas en posture de leur donner leur soutien.

A la veille des législatives j’avais alerté ici sur la nécessité de faire une liste commune. Des calculs égoistes ont fait que nous sommes allés en rang dispersés aux élections. Finalement nous avons été tous perdants. L’heure est grave, et il ne faut pas se tromper d’adversaire. Il ne faut surtout pas se tromper de stratégie.

Matar Seye
Coordonnateur Rewmi Commune de Biscuiterie
Secrétaire national chargé de la Formation

2 Commentaires

  1. Bravo pour votre excellente analyse concrète des faits saillants politique au mali au Mali
    On apprend davantage dans la défaite que dans la victoire. Pourvu en tirer pleinement les leçons pertinentes

  2. S’il vous plait, cesser de comparaitre le Mali au Senegal… les Maliens, moins politiquement evolues que les Senegalais, sont plutot coinces entre une guerre civile larvee et une crise identitaire. Qui ne se souvient pas masses criant: Papa Hollande, la quintessence de l’infantilisme Malien?

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