Référendum de 2016 : L’improbable Intangibilité

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Référendum de 2016 : L’improbable Intangibilité
Le débat est intense.
Réduire ou non le mandat. Respecter ou non sa parole. Suivre ou non l’avis / la décision du constitutionnel. Tenir ou non le référendum.
Les événements se sont déroulés à une vitesse vertigineuse. La polémique enfle.
Le pragmatisme juridique tant chanté n’empêche en rien les diverses interprétations qui alimentent même le droit.
Alors que les agitateurs politiques s’adonnent à merveille à leur distraction préférée, les puristes constitutionnalistes doivent déchanter à l’heure actuelle.
L’ambiguïté du droit est un mal pour un bien. Si le droit était vraiment figé, on interrogerait à coup sûr l’intérêt de théoriser et d’influencer la pratique.
S’il s’agit d’un avis, il n’est pas contraignant ; la personne concernée (requérante) peut décider ou non de le suivre.
S’il s’agit d’une décision, elle lie la personne concernée.
Sans s’interroger sur le lieu d’être, cette polémique est presque inutile. Pour couper court à tout autre débat, il faut dire que c’est la manière qui interpelle.
Il se pourrait que la république soit en train de créer un précédent qui affecterait négativement la souveraineté du peuple et favoriserait une façon de gouverner qui ne dit pas son nom.
Le référendum s’est retrouvé dénué de toute sa substance qui était la question de la réduction du mandat en cours.
On pourrait s’interroger sur l’opportunité de tenir le référendum.
Ce sera certainement l’occasion pour le peuple, le camp du OUI comme du NON, de juger l’institution sans statuer réellement sur le référendum dont le contenu a été quelque peu dénaturé. Une idée qui rejoint la célèbre pensée de F. GIROUD lors du célèbre référendum législatif sous la 5éme république française :
« Dans un référendum les gens ne répondent jamais à la question qu’on leur pose. Ils donnent leur adhésion ou la refuse à celui qui la pose ».
Très loin de ce débat qui, naturellement, se dénature pour les besoins d’une campagne, et dépassant largement l’appartenance partisane, c’est une question purement juridique qui interpelle.
Son Excellence a émis le vœu d’instaurer un système de verrouillage, dénommé ici « intangibilité », au niveau de certaines dispositions.
Rendre intangible la forme républicaine de l’Etat ne souffre pratiquement d’aucune discussion. Par contre, rendre intangibles des dispositions comme le nombre de mandats consécutifs (article 26), la durée du mandat (article 27), sans pour autant abuser dans l’emploi du terme, c’est faire preuve d’un égoïsme.
Serait-il judicieux de décider pour les générations futures sur des dispositions qui seront peut-être dans trois ou quatre décennies en déphasage avec le mode de fonctionnement des Etats ?
Devrions-nous conditionner les générations futures en leur imposant des formes figées de gouvernance ?
Ces interrogations sont légitimes. Il se peut que dans quelques décennies les principes de deux mandats et la durée de cinq années ne seront qu’une vieille pratique restée dans l’oubli ou dépassée par le temps.
Il est généralement préconisé la prise en compte des réalités de la société dans la production du droit.
Les règles intangibles étant ce qu’elles sont et liant le constituant, une initiative de révision devrait naturellement être déclarée inconstitutionnelle en face d’une intangibilité absolue. L’intangibilité relative n’offre que la possibilité de ‘‘toucher’’ une disposition intangible dans l’unique but de rendre une autre intangible.
Quoi qu’il en soit, l’intangibilité comme l’admet la doctrine, est indéboulonnable juridiquement.
Manœuvres politiques ou réelle volonté ‘‘de renforcer la démocratie et l’état de droit ’’, réformer des dispositions de la loi fondamentale influencera le processus de gouvernance. En bien ou en mal seul l’avenir nous le dira. La grande énigme sera comment y remédier. Il ne serait donc pas faux de dire que le passé ne prédit pas forcément l’avenir.

Par AMATH KOUNDOUL
Contact : [email protected]

1 COMMENTAIRE

  1. Tout sera fait par le pouvoir, pour que personne ne sache ce qu’il aura à voter jusqu’après le vote. La raison en est que deux raisons inavouables motivent ce référendum: masquer le parjure de Macky et faire passer les désirs des pourvoyeurs de légions en matière de modifications de nos sociétés.

    Il y a une tromperie de la communication de Macky qui a réussi sur beaucoup. Ce qui est présenté sous le nom de « 15 points », que la communication de Macky explique dans les médias, que le PM explique aux guides religieux, que Macky expliquera prochainement aux mêmes guides (s’il fait cette tournée), qu’IsmaIla Madior explique aux différents groupes, n’est pas ce que Macky propose aux sénégalais pour le voter. Ce qu’ils expliquent aux sénégalais n’est pas ce que les sénégalais voteront. Je m’explique.

    La meilleure preuve de cela est que les 15 points entraîneront 26 modifications dans la constitution (18 modifications; 2 nouvelles lois, 4 modifications de titres, 2 suppressions). Faut-il expliquer ce qui sera fait ou ce qu’on en attend ?

    Il y a les objectifs et il y a les lois. Les lois que Macky veut faire voter sont dites avoir pour objectifs d’obtenir ce résultat en « 15 points ». Dans la campagne de communication de Macky la liste qui est distribuée est la liste des résultats attendus des réformes, mais ce n’est pas la liste des réformes. La listes des réformes serait une listes de 26 points

    Ce qui est important c’est comment les lois qui sont sensées mener à ces « 15 points » attendus sont formulées. Parce que je pense que personne ne sera assez malhonnête pour dire qu’il n’est pas possible de les formuler de sorte à obtenir l’exacte contraire de l’objectif chanté.
    Il est préférable de traduire aux sénégalais les lois qu’ils auront à voter (modifiées, nouvelles, supprimées, 26 au total), et non les slogans de la communication de Macky.

    J’aime souvent rappeler que Satan n’a pas sorti Adama du Paradis en lui disant qu’il veut son mal. Il lui a promis l’éternité. Et ce qu’il fallait faire pour, c’est de violer l’interdit divin en mangeant le fruit de l’arbre interdit.
    Imaginons s’il devait y avoir un référendum pour Adama, pour un choix de OUI pour manger ou NON pour ne pas le faire. Et Satan, lui expliquant le point du référendum,dit juste qu’il aura l’éternité s’il vote OUI. Vous admettrez que Satan aurait biaisé le jeu. Il n’a pas dit ce qu’il y a à faire, mais il a fait miroiter le résultat attendu.

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